Grâce à des données recueillies par un site de surveillance des séismes accolé au mont Zugspitze, des géologues ont trouvé une corrélation entre la fonte du pergélisol et les ondes sismiques. Ces dernières se propageraient moins rapidement lorsque le permafrost connaît des périodes de fonte, notamment durant la saison estivale.
au sommaire
Dans une étude prépubliée le 25 août 2021 et acceptée sur le site de l'Union américaine de géophysique, une équipe de chercheurs menée par le sismologuesismologue Fabian Lindner aurait constaté la fontefonte de pergélisol grâce... à des séismes. Les géologuesgéologues ont concentré leurs recherches sur le mont Zugspitze, plus haut sommet d'Allemagne. Des variations de la vélocitévélocité sismique pourraient être corrélées à la dégradation sur le long terme du permafrost, principalement située sur le flanc nord du Zugspitze. Si les mesures ont été effectuées grâce à une station installée à même le sommet, les scientifiques indiquent que de plus grands appareils pourraient permettre d'étudier en détail l'évolution du permafrost, menacé à travers le monde par le réchauffement climatique.
Surveiller les séismes pour étudier le permafrost
Le mont Zugspitze est une cible de choix pour les géologues et sismologues européens. Le pic culmine à 2.962 mètres et abrite plusieurs structures dont un centre de sismologie principalement utilisé par les chercheurs de l'Université Louis-et-Maximilien de Münich. En couplant observations récentes et analyses de données recueillies par la station au cours des 15 dernières années, le docteur Lindner et son équipe ont décelé de subtils changements de vélocité dans les signaux émis lors de mouvementsmouvements de roches provoquant des ondes sismiques.
Avec une variabilité de 0,1 % à l'année et de 3 % entre l'hiverhiver et l'été, ces caractéristiques des ondes sismiques ont attiré l'œilœil des géologues qui ont finalement fait le lien avec la fonte du permafrost. Ce dernier se situe exclusivement sur la partie nord du pic, et reste soumis aux fluctuations météorologiques des saisonssaisons. Les données acquises au fil des années ainsi que des études tomographiques (modélisationmodélisation du volumevolume d'un objet à partir de mesures extérieures à cet objet) ont permis d'isoler une régularité dans la dégradation du permafrost. Les ondes sismiques se propagent plus rapidement à partir de septembre, mois durant lequel la température au sommet de la montagne retombe sous le point de givrage, en dessous de 0 °C. La fonte du permafrost provoque un ralentissement des ondes sismiques entre les mois d'avril et août, durant lesquels la température dépasse 0 °C.
Vers une disparition du permafrost ?
Une expérience utilisant des données sismiques pour analyser l'évolution du permafrost avait ainsi été réalisée en Alaska. Et les géologues sont formels : le permafrost fond et se dégrade à travers le monde, soulevant une véritable problématique écologique. Le pergélisol est notablement considéré comme une « bombe à retardement », car ces couches glacées de la surface terrestre emprisonnent environ 1.400 gigatonnes de carbone, dû à la décomposition de matièresmatières organiques, d'animaux ou plantes. Avec le dégel progressif du permafrost, ces gazgaz pourraient accentuer l'impact du réchauffement climatiqueréchauffement climatique.
Comme pour la dégradation de la condition des glaciers, rien ne peut réellement empêcher la fonte du pergélisol à l'heure du réchauffement climatique. Des scientifiques ont tout de même réfléchi à des alternatives pour le préserver, tel que rapporté dans une étude publiée en 2020, qui expliquait que les déplacements et le pâturage d'animaux dans les régions gelées par le permafrost pourraient atténuer sa fonte.