Les spinosauridés étaient de redoutables prédateurs en milieu terrestre mais étaient-ils capables de poursuivre une proie sous l'eau ? Une étude comparant la densité des os de nombreux dinosaures et d'espèces actuelles montre que le milieu aquatique n'échappait pas à ce groupe de grands prédateurs...
[EN VIDÉO] Interview : trois dinosaures exceptionnels Les dinosaures sont des créatures étonnantes de par leur nature, leurs capacités ou encore leur taille. Ils ne connaissent pas d’équivalent dans le monde animal actuel. Futura-Sciences a interviewé Éric Buffetaut, paléontologue, afin qu’il nous parle des dinosaures les plus surprenants.
Les dinosaures étaient-ils de bons nageurs ? L'adaptation, partielle ou complète, à la vie en milieu aquatique a longtemps été considérée comme ne concernant pas les dinosaures non aviens. L'une des raisons pour lesquelles ces dinosaures aujourd'hui disparus auraient eu des difficultés à conquérir les milieux aquatiques aurait été l'anatomie musculo-squelettque de leur pelvis, de leurs membres postérieurs et de leur queue. Cependant, l'étude de l'anatomie de Spinosaurus aegyptiacus au cours de la dernière décennie a réellement lancé l'hypothèse selon laquelle un dinosaure aurait pu être inféodé au milieu aquatique.
Les éléments en faveur de cette hypothèse consistaient par exemple en des dents coniques, de petites narines, des membres postérieurs courts, des pattes palmées et une queue en forme de nageoire, ainsi qu'en un régime alimentaire constitué de poissons.
Toutefois, si certains éléments pointaient vers une écologie aquatique de S. aegyptiacus, celle-ci, ainsi que celle des spinosauridés en général, demeurait débattue. Les spinosauridés ont été décrits, suivant les espèces et les auteurs, comme des prédateurs capables de poursuivre leurs proies en immersion ou en revanche comme des carnassiers ayant un mode de chasse similaire à celui des hérons actuels.
Une structure osseuse qui ne trompe pas
Afin de déterminer quelles étaient les écologies de divers spinosauridés, des chercheurs ont analysé la structure osseuse de différentes espèces fossiles de ce groupe ainsi que celles d'espèces actuelles, aux modes de vie très différents. L'étude inclut des écologies allant de l'aptitude au vol à la recherche de nourriture sous l'eau, ainsi que des organismes variés parmi lesquels des pinnipèdes, des mosasaures, un tyrannosaure, des manchots et des cormorans.
Les auteurs expliquent dans un article publié dans Nature que l'ostéosclérose caractérise de nombreuses espèces d'amniotes à l'écologie aquatique tels que les crocodyliformes et les cétacés. L'ostéosclérose est définie par l'ajout de masse osseuse supplémentaire au niveau de la partie la plus externe, ou corticale, d'un élément osseux. La cavité interne de l'élément osseux comprend également des réseaux de tissus osseux très denses, ce qui confère à un animal aquatique une densité squelettique supérieure à celle d'un individu au mode de vie terrestre. Cette densité accrue permet au spécimen de s'immerger pour chasser ou se cacher.
L'analyse de la densité osseuse du fémur et de côtes chez trois spinosauridés révèle diverses écologies. Les importantes densités osseuses de Spinosaurus et de Baryonyx sont similaires à celles des crocodyliformes et des oiseaux aquatiques actuels. Ces données suggèrent donc que ces deux spinosauridés avaient un mode de chasse subaquatique, contrairement à Suchomimus dont la structure osseuse était plus similaire à celle des amniotes terrestres.
Les auteurs soulignent que certains spinosauridés sont, à ce jour, les seuls dinosaures non aviens à être adaptés à la vie aquatique. Les auteurs expliquent également que l'analyse phylogénétique qu'ils ont effectuée montre que le mode de chasse subaquatique est l'écologie ancestrale chez les spinosauridés. Ils rappellent, par ailleurs, que si la densité des os prouve que certaines espèces étaient adaptées à la chasse sous l'eau, cela ne signifie pas que les autres espèces n'étaient pas particulièrement dépendantes des milieux aquatiques. L'anatomie de Suchomimus indique en effet une adaptation à un régime alimentaire piscivore et ce grand prédateur rôdait donc probablement, sinon dans les cours d'eau, sur les berges des rivières.
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