Un fossile d'une espèce de girafe encore inconnue jusque-là a été découvert en Chine. Cet ancêtre de nos girafes actuelles montre des particularités morphologiques étonnantes avec des articulations tête-cou les plus compliquées connues à ce jour chez les mammifères. Cette découverte apporte de nouvelles informations sur l'évolution du long cou des girafes.


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    Il y a près de 200 ans, deux visions de l'évolution s'opposaient avec comme exemple le classique long cou des girafes. Lamarck justifiait leur long cou en pensant qu'ils s'étaient étirés de plus en plus pour accéder aux feuilles en hauteur, alors que DarwinDarwin soutenait dans son célèbre livre Théorie de l'évolution que c'était le résultat direct d'une sélection naturellesélection naturelle favorisant l’accès à la nourriture en étant moins soumis à la concurrence. 

    Selon la théorie de Lamarck, le cou des girafes s'est allongé à cause de la nécessité d'attraper leur nourriture en haut des arbres. Darwin propose que la sélection naturelle ait avantagé les girafes au long cou car elles pouvaient se nourrir facilement loin de la concurrence, et que un caractère dont hérité leur descendance. © Ecololo, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
    Selon la théorie de Lamarck, le cou des girafes s'est allongé à cause de la nécessité d'attraper leur nourriture en haut des arbres. Darwin propose que la sélection naturelle ait avantagé les girafes au long cou car elles pouvaient se nourrir facilement loin de la concurrence, et que un caractère dont hérité leur descendance. © Ecololo, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    On sait maintenant que l'évolution n'est pas un long fleuve tranquille et qu'elle fonctionne davantage par poussées avec des phases d'impasse et des phases de stabilité ; donc Lamarck se trompait mais Darwin n'avait pas non plus complètement raison. Et on continue encore d'en apprendre !

    Les nouvelles informations du XXIe siècle

    L'analyse d'un fossile unique de la tête et du cou d'un ancêtre des girafes apporte une nouveauté sur le mode de sélection auquel elles faisaient face. Ce fossile provient d'une espèce jusque-là inconnue, il a été trouvé au nord de la Chine et date du début du Miocène, il y a environ 16,9 millions d'années. Wang et ses collègues de l'Académie chinoise des sciences (IPVP) l'ont analysé et ont partagé leurs résultats sur Science. Le fossile possède des os du crânecrâne très épais avec un grand couvre-chef en forme de disque, une série de vertèbres cervicalesvertèbres cervicales extrêmement épaisses et des articulationsarticulations tête-cou les plus compliquées connues à ce jour chez les mammifèresmammifères.

    Reconstitution du paysage de la communauté Halamagai et estimations de la masse corporelle des ruminants. Les lettres minuscules correspondent à : a, <em>Discokeryx xiezhi gen. </em>et <em>sp. nov.;</em> b, <em>Gobicyon zhegalloi</em> ; c, <em>Climacoceratidae indet.</em> ; d, <em>Platybelodon sp</em>.; e, <em>Oriensmilus sp</em>.; f, Anchitherium gobiensis ; g, <em>Diaceratherium sp.</em> ; h, <em>Giraffidae indet. 1</em>; i, <em>Triceromeryx sp</em>. ; j, <em>Eotragus halamagaiensis </em>; k, <em>Micromeryx sp.</em>; l, <em>Elomeryx sp.; </em>m<em>, Alopecocyon cf. goeriachensis; </em>n<em>, Ligeromeryx sp.; </em>o<em>, Gomphotherium sp. ; p, Pliopithecus bii ;</em> q<em>, Kubanocherus sp.; </em>et r<em>, Steneofiber depereti</em>. © Wang et., <em>Science</em> (2022)
    Reconstitution du paysage de la communauté Halamagai et estimations de la masse corporelle des ruminants. Les lettres minuscules correspondent à : a, Discokeryx xiezhi gen. et sp. nov.; b, Gobicyon zhegalloi ; c, Climacoceratidae indet. ; d, Platybelodon sp.; e, Oriensmilus sp.; f, Anchitherium gobiensis ; g, Diaceratherium sp. ; h, Giraffidae indet. 1; i, Triceromeryx sp. ; j, Eotragus halamagaiensis ; k, Micromeryx sp.; l, Elomeryx sp.; m, Alopecocyon cf. goeriachensis; n, Ligeromeryx sp.; o, Gomphotherium sp. ; p, Pliopithecus bii ; q, Kubanocherus sp.; et r, Steneofiber depereti. © Wang et., Science (2022)

    Selon Wang, chercheur à l'Institut de paléontologiepaléontologie des vertébrésvertébrés et de paléoanthropologiepaléoanthropologie (IPVP) et premier auteur de l'étude, cette morphologiemorphologie particulièrement renforcée de la tête et du cou pouvait très probablement être adaptée pour des bagarres à grand coup de tête féroce entre les mâles, suggérant que la sélection sexuellesélection sexuelle par la compétition inter-mâle pourrait avoir fortement contribué à l'évolution de la configuration tête-cou que nous connaissons aujourd'hui. 

    Avec ces nouvelles données, l'évolution et la morphologie des girafes est plus complexe que ce que l'on pensait. En plus de la compétition pour la nourriture, le combat sexuel aurait donc probablement joué dans la forme des cous longs et uniques des girafes.