L'analyse de données génétiques humaines depuis aujourd'hui jusqu'à environ -45.000 ans permet de comprendre quelle a été l'influence de la sélection naturelle sur Homo sapiens. Cette force évolutive a fortement influencé l'évolution de la pigmentation de la peau et des traits alimentaires. 


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    La sélection naturellesélection naturelle façonne les formes de vie qui peuplent la planète depuis plus de trois milliards d'années. Les individus les mieux adaptés à un environnement sont ainsi favorisés alors que ceux moins compétitifs ont moins de chances de transmettre leurs caractéristiques génétiquesgénétiques à une descendance.

    Exemple permettant d'expliquer la sélection naturelle : dans une population initiale donnée, il existe plus de souris blanches que de souris grises. Or, les souris blanches sont facilement repérées par leurs prédateurs et sont donc plus souvent consommées par ces derniers que les souris grises. La génération de souris suivante comprend donc majoritairement des souris grises car ce sont les parents de celles-ci qui se sont le plus reproduits. © VectorMine, Adobe Stock
    Exemple permettant d'expliquer la sélection naturelle : dans une population initiale donnée, il existe plus de souris blanches que de souris grises. Or, les souris blanches sont facilement repérées par leurs prédateurs et sont donc plus souvent consommées par ces derniers que les souris grises. La génération de souris suivante comprend donc majoritairement des souris grises car ce sont les parents de celles-ci qui se sont le plus reproduits. © VectorMine, Adobe Stock

    L'influence de la sélection naturelle sur le génomegénome permet de comprendre ou du moins d'estimer quelles ont pu être les caractéristiques morphologiques et psychologiques de l'espèce Homo sapiensHomo sapiens. Son étude peut également fournir des indices quant à la fragilité de certains individus face à des maladies. Un article paru dans le journal Nature Human Behavior a récemment présenté les résultats de l'évolution de 870 traits polygéniques chez l'Homme au cours des différentes périodes de temps qui sont réparties entre aujourd'hui, il y a 2.000 à 3.000 ans, il y a 10.000 (autour du Néolithique) ans et il y a 45.000 ans (Paléolithique). Des traits polygéniques sont des caractères qui sont contrôlés par plusieurs gènesgènes. Dans l'étude en question, les auteurs ont étudié ces 870 traits regroupés en 15 catégories telles que la dermatologie (couleurcouleur de la peau, calvitiecalvitie), la reproduction (poids à la naissance du premier enfant, âge lors de la ménopause) ou encore l'alimentation (consommation de fruits et légumes, de viande et de thé).

    Une peau très foncée dans l'Europe du Néolithique

    Les auteurs expliquent que la pigmentationpigmentation de la peau, la taille du corps et les traits alimentaires ont été soumis à une forte pressionpression de sélection et ce à toutes les échelles de temps considérées dans l'étude. La pigmentation de la peau résulte par exemple d'un compromis entre la protection contre les rayons ultravioletsultraviolets (plus la peau est sombre, mieux elle est protégée contre ce rayonnement), la régulation de la chaleurchaleur interne du corps, ainsi que les besoins en vitamine D (une peau plus sombre ralentit la production de cette vitamine). Les auteurs expliquent qu'en Europe, les peaux foncées étaient sélectionnées avant le Néolithique (l'Homme de Cheddar, ou Cheddar man en anglais, avait par exemple une peau très foncée) ainsi qu'il y a 2.000 à 3.000 ans.

    Reconstitution de l'Homme de Cheddar (qui vécut en Grande-Bretagne il y a environ 10.000 ans) par Adrie and Alfons Kennis. © Channel 4
    Reconstitution de l'Homme de Cheddar (qui vécut en Grande-Bretagne il y a environ 10.000 ans) par Adrie and Alfons Kennis. © Channel 4

    Les auteurs indiquent par ailleurs que les changements majeurs de mode de vie entraînés par la mise en place de l'agriculture au Néolithique et la révolution industrielle ont permis de moduler les effets de la sélection naturelle seule sur l'Homme. Ces changements culturels et sociétaux ont en effet engendré des restructurations génétiques liées au comportement reproducteur, à la vulnérabilité aux maladies et à l'alimentation.