Le colmatage provisoire du puits de pétrole à l'aide d'une boue très épaisse a réussi. Le forage ne fuit plus. Reste maintenant à le sceller définitivement au ciment, ce qui devrait être fait dans les prochains jours.

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    Après la réussite d'un colmatage provisoire, les opérations ne sont pas terminées pour mettre fin à la marée noire en cours dans le golfe du Mexique. BP, sur son site, détaille les travaux en cours, alors que le groupe britannique fait l'objet de critiques très vives aux Etats-Unis. © BP

    Après la réussite d'un colmatage provisoire, les opérations ne sont pas terminées pour mettre fin à la marée noire en cours dans le golfe du Mexique. BP, sur son site, détaille les travaux en cours, alors que le groupe britannique fait l'objet de critiques très vives aux Etats-Unis. © BP

    L'opération Top kill a réussi. Depuis un navire, les équipes financées par BP ont injecté dans deux conduits s'enfonçant dans le forage un cocktail boueux, fait d'un mélange d'eau, de matièrematière solidesolide et même de balles de golf et ou de morceaux de caoutchouccaoutchouc.

    Hier jeudi, les images sous-marines ont montré que ce flot visqueux avait eu raison de la fuite de pétrolepétrole. Ce succès intervient alors que, depuis quelques jours, les estimations de la fuite ont été largement revues à la hausse. Hier, Ken Salazar, le secrétaire aux Affaires intérieures a rendu un rapport sur cette catastrophe. Alors que l'on a longtemps parlé de 800.000 litres par jour, les experts consultés parlent désormais de « 2 à 3 millions de litres par jour ».

    Au total, la catastrophe de la plate-forme Deepwater Horizons aurait largué dans la mer 527.000 barils, soit près de 84 millions de litres, ou encore 75.000 tonnes. C'est près de deux fois la quantité perdue par l'Exxon Valdez, échoué en 1989 sur les côtes de l'Alaska, mais beaucoup moins que les 470.000 à 1.500.000 tonnes injectées dans le même golfe du Mexique par le forage de la plate-forme Ixtoc I (littéralement soufflée par une éruption de pétrole) entre juin 1979 et mars 1980.

    Le bouchon de boue installé hier n'est toutefois qu'une solution provisoire. BP prépare déjà la phase finale qui consiste à injecter du cimentciment pour sceller définitivement le puits béant depuis l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizons, qui a fait onze morts le 22 avril dernier. L'opération va coûter cher au pétrolier, qui aurait déjà dépensé 930 millions de dollars depuis la catastrophe (soit environ 750 millions d'euros).

    Les forages en mer dans le collimateur

    La marée noire aura également un coût pour les Etats riverains, à commencer par la Louisiane, où le Président Barack Obama est très attendu aujourd'hui. Selon l'amiral Thad Allen, une solution envisagée actuellement est la constructionconstruction d'un véritable archipel artificiel qui serait constitué de six îlots sur 72 kilomètres de longueur, protégeant la côte, avec ses plages, ses mangroves, ses marais et ses bayous.

    Du côté de la marée noire, elle est toujours combattue avec des déluges de produits dispersants. Mais BP a décidé de ralentir l'allure. Sept personnes travaillant sur la zone ont dû être hospitalisées et, selon Taslin Alfonzo, porteporte-parole du centre médical West Jefferson, leurs malaises pourraient avoir été provoqués par ces produits chimiques.

    Le groupe pétrolier, toujours suspecté par les autorités américaines, d'avoir caché des informations, fait l'objet de vives critiques. Cette semaine, les équipes de BP présentes sur la plate-forme au moment de l'accidentaccident ont été accusées de ne pas avoir tenu compte de trois signes avant-coureurs. Le premier serait apparu 51 minutes avant l'explosion. La quantité de liquideliquide sortant du puits a alors dépassé celle amenée à bord de la plate-forme. Il y avait donc une fuite. Dix minutes plus tard, alors que le puits était fermé pour un test, le pétrole aurait continué à s'écouler tandis que la pressionpression augmentait anormalement. Enfin, 18 minutes avant le drame, la pression dans le puits aurait atteint une valeur trop élevée. La première réaction a eu lieu à ce moment avec l'arrêt de la pompe. L'explosion est survenue quelques minutes plus tard.

    Après la publication du rapport Salazar, Barack Obama a annoncé la prolongation pour six mois du moratoire sur l'autorisation de nouveaux forages sous-marins. Effet immédiat : une trentaine de prospection actuellement en cours dans le golfe du Mexique sont suspendues.