Les vagues de chaleur ne sont pas un phénomène nouveau en France, mais la canicule de juillet 2022 a été marquée par une pluie de records de températures. En comparaison avec les grandes canicules du passé, comme celles de 2003, 1976 ou 1947, l'événement de cette semaine est-il vraiment exceptionnel ?


au sommaire


    Les archives de la météorologie montrent que la France a connu de nombreux épisodes caniculaires, de duréesdurées et d'intensités différentes selon les années. La canicule de mi-juin 2022 a été marquée par sa précocité, jamais de fortes chaleurschaleurs aussi intenses n'avaient concerné notre pays avant le 18 juin, depuis le début des relevés météo. La canicule de ce mois de juillet 2022 est, quant à elle, plus violente à l'ouest et plus durable. Juillet est le mois par excellence des canicules et marque souvent l'apogéeapogée de la chaleur en France, mais, pour autant, jamais des températures aussi élevées n'avaient encore été atteintes à l'ouest et au nord-ouest de notre pays : 39,3 °C à  Brest sur la pointe du Finistère lundi 18 juillet, et chez nos voisins britanniques, plus de 40 °C à Londres ce mardi 19 juillet.

    Juillet est le mois par excellence des canicules et marque souvent l'apogée de la chaleur en France

    Une vingtaine de records absolus en France a été battue ce lundi 18 juillet : cela signifie qu'il n'avait jamais fait aussi chaud tous mois confondus depuis le début des relevés météo, vieux de 50 à 70 ans pour la plupart. Environ 13 % des stations météo officielles françaises ont été concernées par des records absolus ce lundi 18 juillet, soit plus d'une sur dix !

    Dans le Sud, la chaleur est classique tout au long de l'été, mais pas à des niveaux aussi élevés, et de manière aussi répétitive que ces dernières semaines, comme le précise l'organisme Météo Languedoc : « Dans l'arrière-pays du Languedoc, la moyenne des températures maximales dépasse 36 °C sur certaines stations depuis le 1er juillet. La norme, ce n'est pas 40 °C l'été. Elle n'est que de 31 °C à Nîmes ou de 29,3 °C à Montpellier-Fréjorgues. On explose les normes, tellement souvent ».

    La canicule d'août 2003 reste malgré tout la plus intense jamais observée en France : du 1er au 15 août 2003, de fortes chaleurs constantes ont concerné l'ensemble de la France, faisant 15.000 à 20.000 victimes dans notre pays. Sa durée a été inégalée à ce jour (16 jours), mais des températures encore plus extrêmes ont été enregistrées en juin 2019, durant une canicule beaucoup plus courte, mais plus intense encore : c'est justement le 28 juin 2019 que le record absolu de chaleur en France a été enregistré : 46 °C à Vérargues dans l'Hérault, une valeur bien plus élevée que les températures maximales enregistrées lors de juin et juillet 2022.

    La canicule de 2003 reste inégalée en durée et étendue, mais des valeurs plus extrêmes ont été enregistrées en 2019. © Leo Lintang, Adobe Stock
    La canicule de 2003 reste inégalée en durée et étendue, mais des valeurs plus extrêmes ont été enregistrées en 2019. © Leo Lintang, Adobe Stock

    En juillet 2006, une canicule particulièrement longue (18 jours), mais moins intense et plus restreinte, a concerné la Vallée du Rhône. Comparée aux canicules de ces vingt dernières années, la canicule de juillet 2022 est donc particulièrement durable (10 à 14 jours), généralisée et intense. Il s'agit de l'une des plus longues canicules que la France a connue, avec de nombreux records absolus, sans pour autant battre celui de 2019.

    Prendre en compte les relevés météo, et non pas les souvenirs ni le ressenti

    Mais qu'en est-il des grandes vagues de chaleur du passé ? L'année 1976 est restée dans les mémoires de beaucoup de Français. Cette année-là, des anticyclones persistants ont fait blocage aux précipitations quasiment en permanence d'avril à juillet 1976 : un beau temps sec et durable s'est imposé sur la France, avec de fortes chaleurs. Mais l'année 1976 reste remarquable pour sa sécheressesécheresse avant tout, et non pas pour ses températures : 40 °C à Arcachon, 38 °C à Bordeaux et 34 °C à Londres. Des valeurs remarquables, mais qui n'atteignent pas les 46 °C dans l'Hérault enregistrés en 2019, ni les 42 °C enregistrés à Nantes ou encore les 39,3 °C à Brest de ce 18 juillet 2022.   

    L'été 1947 s'est inscrit dans une série d'étés caniculaires qui ont touché l'ouest de l'Europe de l'Ouest entre 1945 et 1952. Juin, juillet et août 1947 ont été marqués par une chaleur excessive, avec 40 °C en région parisienne et 34 °C à Londres. Beaucoup de températures extrêmes enregistrées en 1947 n'ont finalement été battues que plus de 50 ans plus tard, lors de la canicule de 2003, lesquels ont ensuite parfois été battus en 2019, puis en 2022.

    Autre grande canicule, celle de 1911, dont la durée n'est pas bien définie, faute de relevés météo officiels : de juillet à septembre, les températures auraient souvent atteint les 35 à 40 °C sur de nombreuses régions de France, faisant 46.000 morts. Plus loin encore, les archives historiques font état de canicules dévastatrices en 1718 et 1719, faisant des centaines de milliers de morts. Cependant, il n'est pas possible de comparer les événements météo d'avant 1947 à ceux de notre époque moderne, puisqu'il n'y avait, avant cette année-là, aucun relevé météo fiable et officiel !

    Les écrits historiques sont donc à prendre avec beaucoup de prudence car ils retranscrivent bien souvent des ressentis personnels : de la chaleur avec certitude, mais il n'est pas vraiment possible de savoir à quel niveau. Il faut également prendre en compte le fait que la moindre vague de chaleur était dans le passé, avant les années 1950, dévastatrice et mortelle en raison de la majorité de la population qui travaillait dehors, ou dans les usines.  

    Finalement, si les souvenirs sont souvent biaisés, les mesures officielles de Météo France sont les uniques valeurs fiables à prendre en compte. La canicule n'est pas un phénomène nouveau dans notre pays, mais les relevés météo de juillet 2022 sont clairement exceptionnels d'une manière générale, et inédits pour certains. Le réchauffement climatiqueréchauffement climatique a indéniablement pour conséquence des canicules plus fréquentes, avec des valeurs plus extrêmes de manière répétitive, si l'on en croit les relevés météo officiels... et non pas la mémoire ni le ressenti personnel.