La glace du Groenland fond. Toujours, au cours de l’été. Mais, de mémoire de scientifiques qui la gardent à l’œil depuis la fin des années 1970, elle n’avait jamais fondu autant aussi tard dans l’année.
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Chaque été, la glace du Groenland fond. Il n'y a rien d'anormal à ça. Et en la matièrematière, cet été 2022 se positionnait jusqu'alors presque dans la moyenne. « Jusqu'alors » parce que, pour la première fois en près de 45 ans de surveillance satellite, les chercheurs ont observé un épisode de fonte massif en ce début de mois de septembre. Au plus fort, ce 3 septembre 2022, plus d'un tiers de la calotte glaciairecalotte glaciaire -- 36 % très exactement alors que la fontefonte se limite classiquement à 10 % à cette période de l'année --, soit environ 600.000 kilomètres carrés, a fondu en surface !
Du côté de Summit Camp, une station de recherche située au centre sud du Groenland, à une altitude de plus de 3.200 mètres, on a enregistré, pour la première fois pour un mois de septembre, des températures supérieures à 0 °C. Avec un pic à 0,4 °C. Le record local se fixant à 2,2 °C. C'était aux mois de juillet 2012 et 2017.
Une mauvaise nouvelle pour le niveau de la mer
Les chercheurs rapportent que la calotte glaciaire a commencé à ruisseler le 2 septembre. Le maximum a été atteint le lendemain avec 12 milliards de tonnes de glace perdues. Le total le plus élevé de toute la saison de fonte 2022. Et l'un des dix jours de ruissellement les plus élevés depuis 1950.
Cet événement de fonte est remarquable. Car, à cette période de l'année, le rayonnement solaire n'est généralement plus assez fort pour donner naissance à de tels ruissellements. Mais, cette année, une forte région de haute pression atmosphérique s'est installée à la limite sud-est du Groenland. Elle a attiré de l'airair plus chaud -- avec des températures qui ont parfois dépassé de 15 °C celles plus classiques de 2020, par exemple -- vers le nord le long de la côte ouest et de la baie de Baffin. Une façon, pour le réchauffement climatique, de montrer comment il est capable d'augmenter non seulement l'intensité de la saison de fonte, mais aussi sa duréedurée.
Ce que les chercheurs craignent, c'est surtout les impacts de cette fonte tardive sur le niveau de la mer car de tels événements pourraient bien accélérer la fonte au printemps prochain d'une part et ralentir l'infiltration de l'eau de fonte dans le manteaumanteau neigeux d'autre part. Avec pour conséquence : une élévation inattendue du niveau de la mer.