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Chargé d'étudier les variations de la gravitégravité terrestre et la circulation océanique à une relative faible altitude (250 km), feufeu le satellite Goce (Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer)) s'est consacré durant quatre ans, de 2009 à 2013, à collecter des données avec une résolutionrésolution inégalée. La mission de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) a livré des mesures beaucoup plus précises que son prédécesseur, lancé en 2002, et coordonné par la NasaNasa et l'agence spatiale allemandeagence spatiale allemande, Grace (Gravity Recovery and Climate Experiment).
Très appréciées des géologuesgéologues, sismologuessismologues et océanographes qui peuvent ainsi étudier les changements dans la croûte terrestre, le manteaumanteau supérieur ou le niveau des océans (...), les informations reproduites dans le géoïde sont également très précieuses pour les climatologuesclimatologues et les glaciologues. En effet, à l'instar des massifs montagneux ou des grandes fosses océaniques, les modifications de nos deux calottes glaciairescalottes glaciaires ont une influence non négligeable sur la gravité terrestre. Et elle devient de plus en plus lisible.
La fonte des glaciers se lit dans le champ de gravité local
C'est en passant au crible des données sur l'Antarctique, acquises par Goce entre novembre 2009 et juin 2012, qu'une équipe internationale et interdisciplinaire de chercheurs (venus de l'Institut de recherche allemand de géodésie à l'université de technologie de Delft, du Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory, ou JPL, et de l'université technique de Munich) ont pu mettre en évidence des variations locales liées à la diminution des glaces dues au changement climatiquechangement climatique. Intéressés par la dynamique qui anime les différents bassins versants identifiés sur le grand continent blanc, les scientifiques ont recoupé les données du satellite européen avec celles, certes moins précises, acquises dix ans durant par Grace.
Évolution de la diminution de la calotte glaciaire en Antarctique occidental à travers les données recueillies par Goce (2009 à 2012) et Grace auparavant. © Esa
Il apparaît que, durant cette période, l'amenuisement de la couverture de glace en Antarctique occidental a occasionné un creux significatif du champ de gravité de la région. Pourvu d'un radar altimétrique (radioaltimètre), le satellite CryoSatCryoSat ne dit pas autre chose en révélant que depuis 2009, la vitessevitesse à laquelle la glace a été perdue chaque année a augmenté d'un facteur trois. Entre 2011 et 2014, le volumevolume global de la calotte glaciaire australe a diminué en moyenne de quelque 125 kilomètres cubes par an.
À dessein d'améliorer le profil de « l'évolution de la massemasse de glace » sur tout le continent, les chercheurs vont « étendre l'analyse des données de GoceGoce à l'ensemble de l'Antarctique » et « les comparer avec les résultats de CryoSat » déclarait Johannes Bouman de l'Institut allemand de recherche géodésique.
Existe-t-il un lien entre fonte des glaces et volcanisme ?
Cette fontefonte massive -- environ 40 milliards de tonnes chaque année pour l'Antarctique -- aurait des effets sur l'activité volcanique et sismique de notre globe terrestre. À la recherche d'éventuelles corrélations entre les deux phénomènes, des chercheurs avaient relevé en 2009 (une relation exprimée déjà au cours des années 1970) que, dans notre histoire récente, il y a entre 12.000 et 7.000 ans, le volcanisme était six fois plus important et même, en Islande, au minimum 30 fois supérieur à ce qu'il est aujourd'hui.
La pressionpression étant moins forte, le magmamagma pourrait en effet remonter plus facilement vers la surface et déboucher sur des épisodes volcaniques plus fréquents. Le jeune volcanologuevolcanologue Robin Wylie va jusqu'à parler de « saisons pour les volcans », rappelant toutefois que les interactions sont complexes et encore mal comprises. Le phénomène peut se manifester sur plusieurs siècles ou millénaires après la fonte des calottes polaires vers laquelle nous nous acheminons. Rien de menaçant dans l'immédiat, rassure le chercheur à l'Université collège de Londres, concluant que « contrairement à leur réputation de brutes, les volcansvolcans aident les scientifiques à comprendre à quel point peut être sensible notre planète ».