Des observations de la sonde Sentinel-3A publiées par le programme européen Copernicus démontrent une perte rapide de masse glaciaire au sommet du mont Kebnekaise, en Suède. Le glacier a perdu deux mètres de glace en un an.


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    Les mauvaises nouvelles concernant le réchauffement climatique continuent à affluer. Le programme européen d'observation de la Terreobservation de la Terre, Copernicus, a publié le 18 août un communiqué faisant suite aux observations menées par le satellite Sentinel-3A sur le glacier Kebnekaise, situé à 150 kilomètres du cercle polaire en Suède. Le constat est alarmant : le pic sud aurait perdu deux mètres de glace depuis les photos prises par Sentinel en août 2020.

    Photo du glacier Kebnekaise, prise par la sonde Sentinel-3A. © Copernicus
    Photo du glacier Kebnekaise, prise par la sonde Sentinel-3A. © Copernicus

    L'impact du réchauffement climatique

    Les chercheurs de l'université de Stockholm sont formels. L'année dernière, le Kebnekaise atteignait une hauteur de 2.096,5 mètres. En août 2021, le sommet est descendu à 2.094,6 mètres. C'est la mesure la plus basse atteinte par le glacier depuis le début des études menées annuellement par les scientifiques suédois.

    Ces derniers possèdent une station permanente installée dans la vallée du Tarfala depuis les années 1940. Depuis le début des années 2000, la fontefonte connaît un accroissement, allant de pair avec la montée des températures enregistrée dans la région scandinave. En 1990, le Kebnekaise mesurait 2.118 mètres de hauteur. Trente ans plus tard, le glacier a perdu un tiers de sa massemasse glaciaire. Une perte de 0,5 centimètre est anticipée d'ici à mi-septembre.

    Station de recherche de la vallée du Tarfala. © Nokkoken, WikiCommons
    Station de recherche de la vallée du Tarfala. © Nokkoken, WikiCommons

    Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC) avait publié un rapport le 9 août 2021, statuant de la gravitégravité du réchauffement climatique, expliquant que l'accélération de la fonte du Kebnekaise était sans précédent au cours des 2.000 dernières années. Nul ne sait ce qu'il adviendra du dernier glacier du Suède, mais les chercheurs sont pessimistes : cette tendance risque de continuer dans les années à venir.

    La sentinelle terrestre

    Les équipes de la station de Tarfala sont aidées depuis l'orbiteorbite terrestre par le satellite Sentinel-3A, qui avait déjà réalisé les observations et photos depuis le ciel en 2020. 

    Représentation de Sentinel-3A en orbite. © ESA, Pierre Carril
    Représentation de Sentinel-3A en orbite. © ESA, Pierre Carril

    La sonde a été lancée en février 2016 par l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA). Elle est équipée de plusieurs instruments scientifiques : un spectromètrespectromètre imageur utile à la surveillance des zones marines et côtières, un radiomètreradiomètre imageur destiné à l'analyse des températures et à l'interaction entre les océans et l'atmosphère ou encore un radar altimètre. Ce dernier, appelé SRAL (pour Sea Radar Altimeter), permet de calculer précisément la distance entre le satellite et une zone visée afin d'en calculer les variations topographiques d'une zone. On peut trouver un instrument similaire sur le satellite CryoSatCryoSat-2.

    Avant les relevés concernant le Kebnekaise, Sentinel-3A avait déjà réalisé plusieurs observations prépondérantes dans l'étude du réchauffement climatique. En juin, 3A et 3B avaient enregistré la plus forte température au sol en Sibérie, dans le cercle arctique, culminant à 39 °C. De façon similaire, les Sentinel surveillent d'autres points d'intérêt majeurs tels le glacier de l'île du Pin en Antarctique, ou encore la montée des océans induite par la fonte des glaces.

    Avec une duréedurée de vie estimée à environ sept ans, les satellites Sentinel devraient nous apporter des informations sur l'évolution due au réchauffement climatique jusqu'à l'horizon 2023-2024.