Les voyages et les locations de tourisme ne sont pas les seuls responsables des infestations exponentielles par les punaises de lit. La recrudescence de ce fléau est bien plus sournois et complexe. Selon les experts, cette problématique, qui affecte aussi la santé des personnes touchées par ces insectes nuisibles, trouverait aussi son explication dans un contexte pour le moins inattendu…


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    Alors que de nombreux internautes ont souligné la présence de punaises de lit dans certains trains de la SNCF ainsi que dans le métro parisien, on a coutume de pointer du doigt l'industrie du tourisme comme responsable de la présence de ces nuisibles qui peuvent transformer les nuits en véritables cauchemars. Si les bagages sont bien des sources de prolifération, le succès de la seconde main est aussi à prendre en considération.

    C'est l'un des rares avantages constatés lorsque la pandémiepandémie avait drastiquement freiné les voyages et limité les déplacements. Mais avec le tourisme qui a repris, elles sont bel et bien de retour : les punaises de lit. Un phénomène qui refait parler de lui depuis qu'une horde d'insectes a été repérée sur certaines lignes du métro parisiens et dans le train, incitant le ministère du Transport a organisé une stratégie contre-offensive avec les opérateurs de transport.

    Fin juillet dernier, l'Agence nationale de sécurité de l'alimentation, de l'environnement et du travail (AnsesAnses) avait souligné la problématique dans un rapport estimant que plus d'un foyer français sur dix (11 %) avait été infesté entre 2017 et 2022. « Si tous les foyers peuvent être touchés par les punaises de litpunaises de lit, nous avons néanmoins pu identifier quelques facteurs qui favorisent les infestationsinfestations : le fait de voyager ou de résider dans un logement partagé par exemple », avait expliqué Karine Fiore, directrice adjointe de la Direction des sciences sociales, économie et société de l'Anses. Dans ce contexte, le succès des plateformes d'hébergement Airbnb n'était pas à sous-estimer. Elles avaient été indiquées comme un vecteur de propagation de ces insectes qui se cachent dans les valises pour ensuite infester les matelas et sommiers pour piquer la nuit.

    La seconde main, les brocantes sont aussi des sources potentielles d'invasion. © dblight, Getty Images
    La seconde main, les brocantes sont aussi des sources potentielles d'invasion. © dblight, Getty Images

    Un mauvais « souvenir » qu'on ramène dans ses bagages

    L'Anses avait rappelé que le problème des punaises de lit n'existait plus dans les années 50 mais que l'essor des voyages internationaux avait stimulé leur réapparition tandis que la résistancerésistance des petites bêtes aux insecticides rendait le phénomène complexe. La reprise du trafic aérien et des voyages après plus de deux années au ralenti relance logiquement la crainte de ramener dans ses bagages ce souvenir peu enviable. Avec la réouverture des frontières de la Chine, les compagnies aériennes estiment en effet que 4,35 milliards de passagers seront transportés dans le monde cette année, soit un niveau tout proche de celui de 2019, année de référence puisque dernier millésime avant que le secteur du tourisme ne soit mis à l'arrêt à cause de la Covid-19Covid-19. Une tendance confirmée au début de la saison estivale par l'Association du transport aérien international (Iata), qui a annoncé en juin dernier une hausse du trafic de 31 % par rapport au même mois un mois plus tôt. Désormais, le va-et-vient des avions dans le ciel de la planète est à 94,2 % du niveau avant la crise sanitairecrise sanitaire.

    Une autre explication à l'infestation… inattendue 

    Conformément à l'analyse du rapport de l'Anses, le Telegraph avait avancé une autre explication pour démontrer combien le retour des punaises de lit est une réalité d'autant qu'au Royaume-Uni les infestations de punaises de lit sont en augmentation de 65 % en une année, d'après les estimations de Rentokil, le géant de la désinfection.

    Au Royaume-Uni, les infestations de punaises de lit sont en augmentation de 65 % en une année

    Si la seconde main est une vraie solution pour amoindrir le gaspillage et l'impact de notre consommation sur la Terre, elle se révèle aussi comme un nid pouvant initier le début d'un envahissement. « Lors d'infestations graves, les insectes peuvent également s'infiltrer dans les appareils électroniques conservés près du lit, y compris les téléviseurs et les prises, préférant les cachettes toujours chaudes », expliquait également le journal britannique. Bref, on peut ramener chez soi les fameuses petites bêtes quand on déniche dans une brocante ou sur Le Bon Coin ce joli meuble vintage qui apportera du cachet à son salon, de la même manière quand on revient d'un séjour long-courrier.

    Les punaises de lit constituent aussi un problème économique. Selon l'Anses, s'attaquer à la désinfestation d'un lieu sinon à lutter contre la présence des insectes coûte en moyenne 230 millions d'euros par an, si l'on prend en compte la période de 2017 à 2022, et ce rien qu'en France.

    Face à cette problématique, le service public a publié des recommandations afin de prévenir tout risque d'infestation. Il recommande notamment de ne pas ouvrir immédiatement ses bagages sur le lieu de vacances et de vérifier la présence éventuelle des punaises sur place. Et dans le cas où l'on est victime de ces insectes, les traitements non chimiques, à base de chaleurchaleur sèche, sinon la congélation, sont des solutions à privilégier.