Le loup gris est réapparu naturellement en France en 1992 après près de cinquante ans d'absence. Si sa présence en meutes installées se limite à des zones bien connues et restreintes géographiquement, des individus disperseurs en quête de partenaires peuvent aujourd'hui être observés dans toute la France.
[EN VIDÉO] Découvrez le lynx, ce prédateur secret du Jura et des Vosges Le lynx boréal est sans doute le plus discret des chasseurs. Ce gros chat de 1,35 m de longueur a été protégé et parfois réintroduit dans plusieurs pays d'Europe. En France, il est présent dans le Jura et les Vosges. Il s'attaque à toutes sortes de proies, avec une préférence pour le lapin mais peut aussi s'en prendre à des animaux d'élevage. © Muséum national d'histoire naturelle
Les grands prédateurs se situent au sommet des réseaux trophiques et ont donc une influence sur l'ensemble des maillons des niveaux inférieurs. Il est possible d'illustrer leur rôle dans les cascades trophiques grâce à l'exemple qui suit. Le loup a été réintroduit dans le parc américain de Yellowstone en 1995. Une évaluation en 2013 a permis de déterminer que cette introduction avait induit une diminution du nombre de cervidés et de l'herbivorie.
Elle a également induit la désertion des cervidés des zones dans lesquelles ils étaient les plus vulnérables, telles que les vallées. La reconquête massive par la végétation a ainsi modifié le paysage ; elle a accru la résistance de la zone à l'érosion et a également favorisé l'augmentation du nombre de castors. Les niches créées par cette espèce ingénieure de l'environnement ont induit un accroissement de la biodiversité.
Une population difficile à estimer
Le loup gris (Canis lupus) est présent sous plusieurs dizaines de sous-espèces en Europe et en Asie. En France, les loups appartiennent à la sous-espèce italienne chez laquelle les femelles adultes pèsent entre 18 et 30 kg, les mâles adultes entre 20 et 40 kg et les louveteaux 500 g à la naissance. Les loups gris adultes ont une hauteur au garrot d'environ 60-70 centimètres et mesurent entre 1,1 et 1,5 mètre de long, sans la queue. Selon la Liste rouge de l'Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le loup gris est une « préoccupation mineure » en Europe et dans le monde mais « vulnérable » en France. Au terme du bilan hivernal de 2020-2021, l'Office français de la Biodiversité a estimé que la population de loups gris en France comprenait 624 individus.
Cette estimation repose néanmoins sur plusieurs types d'observations hétérogènes, dont il est difficile de dire si elles sont redondantes ou non. Ces indices comprennent des observations visuelles, des empreintes, des fèces, des poils, des hurlements et des traces de morsure sur des animaux domestiques et sauvages. La difficulté à croiser ces données pour identifier différents spécimens de ce prédateur discret permet plus largement d'estimer que sa population en France était comprise entre 414 et 834 individus en 2020-2021.
Disperseurs versus meutes
Le loup gris a disparu du territoire français dans la première moitié du XXe siècle en raison de la chasse dont il a été victime ainsi que de la disparition de son habitat naturel, notamment car ce dernier a été transformé par l'urbanisation et les activités agricoles. Le loup gris a néanmoins officiellement refait surface en France en 1992. Il a naturellement recolonisé le territoire depuis les Alpes du Sud en Italie et sa population croît chaque année d'un peu moins de 10 %. Lorsqu'il n'appartient pas à une meute installée sur un territoire, le loup gris se disperse et peut parcourir 80 km chaque jour jusqu'à trouver un partenaire sexuel et fonder une nouvelle meute. Certains individus peuvent ainsi parcourir plus de 1.500 km depuis leur territoire initial avant de s'installer.
Les meutes de loup gris installées en France se situent principalement dans les Alpes, l'est de la France, l'Isère, les Vosges et le sud des Pyrénées. Des individus disperseurs peuvent néanmoins être observés dans toute la France, ce qui a été le cas notamment en Charente-Maritime et en Ile-de-France, parfois très près des villes.
Une cohabitation inévitable
Si la législation française autorise à tuer environ une centaine de loups par an ces dernières années, l'espèce demeure protégée. Ce prélèvement est notamment autorisé pour compenser les pertes qu'engendre ce prédateur dans les élevages. Toutefois, le loup gris n'est pas chassé dans les autres pays d'Europe, ce qui explique qu'il prospère dans les pays adjacents à la France et recolonise ce territoire depuis trois décennies. Il est par ailleurs important de rappeler que ce prédateur se nourrit à 76 % de grands et moyens animaux sauvages (chevreuils, chamois, mouflons, cerfs, lièvres, marmottes) et que les ovins et caprins constituent une minorité de son régime alimentaire (16 %).
De plus, la mise en place de clôtures, de chiens de protection et la surveillance par des bergers limite considérablement le nombre des attaques sur les troupeaux. Le loup recolonise donc peu à peu le territoire naturel duquel l'Homme l'avait éradiqué mais sa présence soulève des débats houleux quant aux mesures à mettre en place pour accompagner cette cohabitation.
Le loup gris commun, maître d'Europe et d'Asie Le loup gris commun (Canis lupus lupus) est une sous-espèce de loup gris (Canis lupus). Aussi appelé loup eurasien, c'est le loup le plus commun en Europe et en Asie. Il imprègne, en bien ou en mal, les cultures indo-européennes : associé au dieu grec Apollon, représenté par Fenrir dans la mythologie nordique, etc.Autrefois largement répandu à travers tout le continent, depuis l'Atlantique jusqu'à la Chine, il a aujourd'hui quasiment disparu d'Europe de l'Ouest, suite à des persécutions débutées durant le Moyen Âge. II survit principalement en Asie Centrale. Bien qu'il ait été exterminé dans certains pays d'Europe, sa population est stable et l'UICN le considère dans un état de préoccupation mineure.© Cloudtail fotolia
Le loup de Sibérie, un rôdeur dans la toundra Le loup de Sibérie (Canis lupus albus) est une sous-espèce de loup gris (Canis lupus) vivant dans la toundra et les forêts d'Eurasie. On l'appelle à juste titre en anglais « loup de toundra ». Son aire de répartition couvre toute la Sibérie, s'étire entre la Scandinavie et la péninsule de Kamtchatka située à l'extrémité orientale de la Russie. Il se nourrit principalement de renne. Son équivalent sur le continent nord-Américain est le loup arctique (Canis lupus arctos).Historiquement réputé pour sa fourrure plus riche que celle de ses congénères originaires de régions plus clémentes, le loup de Sibérie n'est toutefois pas en danger. L'UICN considère que son état est peu préoccupant.© Bert de Tilly CC by-sa 4.0 + freyer CC0
Le loup d'Arabie, taillé pour le désert Le loup d'Arabie ou loup arabe (Canis lupus arabs) est une sous-espèce de loup gris (Canis lupus) originaire de la péninsule arabique. Ce loup est de petit gabarit et possède un petit crâne. Il est considéré comme le plus petit loup connu.Ce loup-là est proche du loup gris commun (Canis lupus lupus), sauf qu'il est taillé pour la vie dans le désert. Il se serait hybridé avec d'autres canidés – chiens domestiques, chacals, autres loups gris – ce qui risque de compromettre sa survie car ces espèces ne sont pas aussi bien adaptées que lui à son environnement.© Ahmad Qarmish12 CC by-sa 4.0 + skeeze CCO
Le loup des steppes ou loup de la mer Caspienne Le loup des steppes (Canis lupus campestris) est une sous-espèce de loup gris (Canis lupus) résidant dans les steppes et les déserts de Russie, du Caucase et d'Asie centrale. Aussi appelé loup de la mer Caspienne, il est relativement plus petit que son congénère le loup gris commun (Canis lupus lupus), ou loup eurasiatique, et sa fourrure est plus drue, plus clairsemée et plus courte.On considère qu'il ne forme qu'une seule et même sous-espèce avec le loup du Caucase (Canis lupus cubanensis) et le loup du désert (Canis lupus desertorum).© Tatiana Morozova, fotolia
Le loup mongol, un animal totem Le loup mongol (Canis lupus chanco) est une sous-espèce de loup gris (Canis lupus). Il vit en Mongolie, dans le nord et le centre de la Chine, et en Corée. On le rencontre également dans la région de l'Oussouri en Russie, qu'il aurait conquis depuis la Chine, fuyant les humains et profitant de la disparition de l'autre grand prédateur de la région, le tigre.En Mongolie, le loup imprègne les légendes et est considéré comme un animal totem. Pour loup, les Mongols disent « chono ». Une sous-espèce distincte du loup mongol a été proposée puis rejetée pour les individus vivant en Corée (Canis lupus coreanus), dont le museau est plus fin.© Albinfo CC by-sa 3.0
Le dingo, un superprédateur d'Australie Le dingo (Canis lupus dingo ou Canis dingo), aussi appelé warrigal, est un chien sauvage originaire d'Australie. Sa classification est encore disputée : sous-espèce du loup gris (Canis lupus), espèce de canidés distincte (Canis dingo) ou encore espèce férale issue de chiens domestiques retournés à l'état sauvage (Canis familiaris dingo). Le nom dingo vient de la langue Eora ou Dharuq parlée autrefois par un peuple aborigène du même nom, vivant dans la région de Sydney.Le dingo est le plus grand prédateur terrestre d'Australie, où il occupe le sommet de la chaîne alimentaire. Aujourd'hui menacé par l'hybridation avec les chiens domestiques, il est considéré comme une espèce vulnérable par l'UICN.© Newretreads CC by-sa 4.0
Deux loups du Canada pour le prix d'un On appelle loup du Canada à la fois le loup de l'Est (Canis lycaon) et le loup de l'Alberta, ou « loup du Nord-Ouest » pour les anglophones (Canis lupus occidentalis). Le premier est considéré soit comme une sous-espèce du loup gris commun (Canis lupus lycaon), soit comme une espèce à part entière (Canis lycaon). Il vit dans l'est du Canada, dans la région des Grands Lacs et dans le parc provincial d'Algonquin (Ontario).Le second, aussi appelé loup du Canada et de l'Alaska, est une sous-espèce du loup gris commun. Il vit en Alaska, dans l'ouest du Canada et dans le nord-ouest des États-Unis. Il descend de plusieurs vagues de migration de loups gris eurasiens arrivés en Amérique du Nord par le détroit de Béring autrefois émergé (Béringie).© Dennis Matheson CC by-sa 2.0
Le loup du Livre de la jungle en Inde Le loup des Indes (Canis lupus pallipes) est une sous-espèce de loup gris vivant en Inde. On le retrouve aussi à travers le Moyen-Orient et l'Asie centrale, entre le Pakistan et la Turquie, et en Israël. Il a été proposé que le loup indien en particulier appartienne à une espèce (Canus indica) distincte du loup gris (Canis lupus).Persécuté parce qu'il s'attaque aux troupeaux, le loup des Indes a vu sa population diminuer considérablement. En Inde, il a la fâcheuse tendance d'attaquer les humains et est accusé de kidnapper les enfants, ce que reflète le Livre de la jungle, dans lequel Mowgli est recueilli par une meute de loups.© Punithsureshgowda CC by-sa 3.0 + Paramjeet, Free-Photos CCO
Le loup rouge, un vestige rare du Nouveau Monde Le loup rouge ou loup roux (Canis lupus rufus ou Canis rufus) est un des loups les plus rares et un des canidés les plus menacés au monde. L'UICN le considère comme une espèce en danger critique d'extinction. Il vit dans le sud-est des États-Unis. Sa classification est encore débattue : sous-espèce de loup gris (Canis lupus rufus), espèce distincte (Canis rufus) ou encore espèce hybride entre le loup gris et le coyote.Le loup rouge doit son nom aux teintes de sa fourrure. Il tenait une place importante dans la culture des Cherokees, qui l'appelaient « wa'ya ». © Matthew Zalewski CC by-sa 4.0
El lobo, le loup vénéré puis détesté au Mexique Le loup du Mexique ou loup gris mexicain (Canis lupus baileyi), aussi appelé « lobo » en espagnol, est une sous-espèce de loup gris que l'on trouve au nord du Mexique, en Arizona, au Texas et au Nouveau-Mexique. C'est le plus petit loup d'Amérique du Nord et aussi le plus menacé. Persécuté durant le XXe siècle, il a bien failli disparaître. En 2017, on comptait 143 loups en liberté et 240 en captivité.Le lobo était considéré comme un symbole de la guerre et du Soleil dans les civilisations du Mexique précolombiennes.© Clark, Jim, jarmoluk CCO