Plus d’une dizaine d'espèces de palétuvier, soit une sur six, sont menacées par les activités humaines, comme le révèle la première étude mondiale sur le statut de conservation des mangroves. Or ces milieux singuliers sont parmi les plus productifs de la planète et fournissent de très nombreux services aux populations locales. Leur perte aurait donc des conséquences dévastatrices.

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    Mangrove de Madagascar. Sous l’eau, on peut voir les pneumatophores des palétuviers, ces organes qui permettent aux racines de respirer malgré l’absence d’oxygène dans les vases où elles s’enfoncent. © UICN, GMSA

    Mangrove de Madagascar. Sous l’eau, on peut voir les pneumatophores des palétuviers, ces organes qui permettent aux racines de respirer malgré l’absence d’oxygène dans les vases où elles s’enfoncent. © UICN, GMSA

    Avec les récifs coralliens, les mangroves sont les écosystèmes littoraux les plus riches et les plus menacés des régions intertropicales. Hélas, tout comme ces récifs, les mangroves subissent une forte pressionpression de la part des hommes qui les défrichent pour le bois de feufeu et de constructionconstruction, l'aquaculture et l'urbanisation littorale.

    Selon la première étude à grande échelle sur les mangroves, 16% des 70 espèces de palétuvier (ensemble des arbresarbres constitutifs des mangroves) sont menacées et doivent être intégrées aux listes rouges des espècesespèces en danger. Cette étude réalisée par l'UICNUICN et Global Marine Species Assessment Unit (GMSA) a notamment distingué deux espèces en danger critique d'extinction d'ici dix ans si rien n'est fait : Sonneratia griffithii et Bruguiera hainesii.

    La biodiversitébiodiversité des mangroves est donc menacée, mais l'ensemble des mangroves lui-même est en régression. La zone la plus touchée est celle des côtes atlantiques et pacifiques de l'Amérique centrale, où 40% des mangroves sont menacées. « Peu de choses sont connues sur les effets de la régression des zones de mangroves sur les espèces de palétuvierspalétuviers et sur les populations locales ou régionales » s'inquiètent les chercheurs.

    La disparition de ces mangroves serait très dommageable puisqu'elles assurent de nombreuses fonctions écologiques dont la valeur est estimée à 1,6 milliard de dollars (1,2 milliard d'euros) par an. En effet, cette forêt tropicaleforêt tropicale qui pousse à la frontière de la terreterre, de l'eau douceeau douce et de l'eau salée est l'un des écosystèmes les plus productifs. De plus, les adaptations particulières des palétuviers aux conditions très variables du milieu (salinitésalinité, inondationsinondations, vase anoxiqueanoxique) en font un véritable récif de bois.

    Les mangroves, remparts contre les éléments et la misère

    Ainsi, les mangroves absorbent de grandes quantités de CO2 et produisent les nutrimentsnutriments qui alimentent ensuite herbiers et récifs coralliens. Leurs racines-échasses et leurs pneumatophorespneumatophores (organes respiratoires des racines) luttent contre l'érosion et accueillent des nurseries pour les poissonspoissons et les crustacéscrustacés, tandis que leurs branchages abritent oiseaux d'eau locaux ou en migration. L'ensemble de la mangrove, enfin, constitue un rempart contre les tempêtestempêtes ou les tsunamistsunamis.

    « La disparition des mangroves aurait des conséquences dévastatrices sur l'économie et l'environnement », résume Greg Stone de Conservation International. Selon Beth Polidoro du GMSA, « la perte potentielle de ces espèces est un symptômesymptôme de l'extension de la destruction et de l'exploitation des forêts de mangrove. Les mangroves forment l'un des habitats tropicaux les plus importants et supportent un grand nombre d'espèces. Leur perte pourrait affecter la biodiversité marine et terrestre de manière très importante ».

    Ces écosystèmes sont donc importants pour la biodiversité, mais aussi pour les populations les plus vulnérables, leur fournissant nourriture, revenu et abri contre les tempêtes. Leur disparition serait donc très dommageable pour ces populations et les milieux tropicaux.