En diminuant la force des vents qui soufflent sur l'Antarctique, un puissant El Niño provoquerait une fonte catastrophique de la barrière de glace et de la calotte glaciaire, selon l'agence scientifique australienne. Or, le climat de l'année 2023 a de grandes chances d'être marqué par le retour du phénomène El Niño.


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    Après trois années marquées par La Niña, le retour d'El Niño se confirme de plus en plus pour la fin du printemps 2023. Ce phénomène, qui se produit par phase selon les années, a toujours des conséquences importantes sur la météométéo d'une partie du monde : sécheresse accentuée sur certains pays, fortes pluies sur d'autres, et surtout une hausse globale de la température mondiale. Celle-ci, combinée à l'effet du réchauffement climatique, pourrait donner lieu à une année 2023 plus chaude encore que 2022.

    Le changement climatique a lui-aussi un impact sur cette oscillation, en décuplant l'intensité des phénomènes El NiñoEl Niño et La NiñaLa Niña. À la suite d'un triple La Niña comme celui que nous venons de connaître, certains scientifiques pensent qu'il est même possible d'assister à un « super El Niño ».

    El Niño se caractérise par une anomalie chaude d'une partie des eaux du Pacifique et cela a des conséquences sur le climat mondial des mois suivants. © Nasa
    El Niño se caractérise par une anomalie chaude d'une partie des eaux du Pacifique et cela a des conséquences sur le climat mondial des mois suivants. © Nasa

    El Niño perturbe le mécanisme d'upwelling

    Voilà pourquoi l'Agence nationale de science en Australie (CSIRO) a décidé d'étudier le lien entre l'intensité du phénomène El Niño et la vitessevitesse de fontefonte des glaces en Antarctique. L'étude, publiée dans Nature Climate Change, montre que cette anomalieanomalie chaude d'une partie des eaux du Pacifique, lorsqu'elle est particulièrement intense, conduit à un réchauffement atténuéatténué des eaux de surface du pôle Sud, mais à un plus fort réchauffement des eaux en profondeur. Plus l'intensité d'El Niño est forte, plus cela perturbe l'upwelling, c'est-à-dire la remontée d'eau qui se produit lorsque les vents marins poussent l'eau de surface des océans, permettant aux eaux du fond de remonter.

    El Niño a pour conséquence une fonte plus importante des glaces présentes en profondeur. © the_lightwriter, Adobe Stock
    El Niño a pour conséquence une fonte plus importante des glaces présentes en profondeur. © the_lightwriter, Adobe Stock

    Une fonte accélérée des glaces en profondeur

    Il faut savoir qu'au sud de l'Antarctique, les eaux de l'océan sont plus chaudes à 200 mètres de profondeur qu'à la surface, en raison des vents qui repoussent les eaux vers le fond. El Niño a un impact sur l'atmosphèreatmosphère, et donc sur l'orientation et la force des vents, ainsi que sur les courants marins. Dans le cas d'un El Niño intense, ce que les climatologuesclimatologues craignent pour 2023, c'est que les vents d'ouest qui circulent autour du plateau antarctique soufflent moins forts : les eaux chaudes des profondeurs remontent donc moins facilement vers la surface. Ce mécanisme a des conséquences variées : il accélère la fonte de la barrière de glacebarrière de glace et de la calotte glaciairecalotte glaciaire, mais ralentit la fonte de la banquisebanquise en surface.

    Les glaces les plus importantes, qui s'étendent jusqu'aux profondeurs de l'océan, fondent donc plus rapidement, tandis que les glaces présentes uniquement en surface résistent davantage.