Il y a des records fous que l’on peut qualifier de « gratuits ». Et il y a ceux destinés à servir une cause. C’est le cas de celui établi il y a quelques jours par Bárbara Hernández. Mais pourquoi a-t-elle passé plus de 45 minutes à nager sans protection dans les eaux glacées de l’Antarctique ?


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    Celui de la plus grande collection de crottes préhistoriques. Près de 1 300 spécimens. Celui du lama qui saute le plus haut. Plus de 1,10 mètre. Celui du chat le plus long. Pas moins de 118 centimètres. Ou encore celui du corps le plus recouvert de tatouages. À presque 92 %. Des records fous, il n'en manque pas. Et celui que vient tout juste d'établir Bárbara Hernández est de ceux-là. Elle vient de nager sur une distance de 2,5 kilomètres dans les eaux glacées de Chile Bay, du côté de l'île de Greenwich, dans la péninsule antarctique. 45 minutes et 50 secondes dans une eau à 2,2 °C. Sans vêtement de protection ni graisse.

    Ce qui fait toute la différence avec les autres records un peu farfelus dont on a plutôt envie de sourire, c'est que la nageuse chilienne avait un réel objectif. Celui d'alerter les décideurs sur « la nécessité d'agir de toute urgence pour protéger les eaux incroyables de l'Antarctique ».

    L’urgence de protéger l’océan

    Rappelons en effet que l'Antarctique, c'est quelque 90 % de la glace présente sur notre Terre. Et 70 % de l'eau douce. Un écosystème fragile sur lequel le changement climatiquechangement climatique fait des ravages. Le changement climatique et... l'explosion de la pêchepêche au krillkrill, ce petit crustacécrustacé qui ressemble à s'y méprendre à une crevette. Le tout menace aujourd'hui la survie des baleines, des pingouins ou encore des phoques qui vivent dans la région.

    Les aires marines protégées pourraient aider à renforcer la résiliencerésilience des habitats océaniques et de la faunefaune et de la flore sauvage en Antarctique. Et justement, trois propositions de création de telles zones à grande échelle - quelque 4 millions de kilomètres carrés, mais seulement 1 % de l'océan mondial - sont sur la table. Elles concernent l'Antarctique oriental, la mer de Weddell et la péninsule antarctique, là même où Bárbara Hernández a entrepris son exploit. Elles font l'objet d'un accord depuis des années. Mais la géopolitique a entravé leur progression. La Chine et la Russie n'ont toujours pas adhéré au projet. Pour sortir de cette impasse, une réunion spéciale est convoquée en juin prochain à Santiago du Chili. Espérons que les participants auront entendu l'appel de la courageuse nageuse.