Combien de temps encore l’Antarctique gardera-t-il ses secrets ? Peut-être plus très longtemps. En effet, des chercheurs viennent de découvrir, caché sous la glace, un immense lac qui pourrait les aider à réécrire l’histoire de ce continent qui n’a pas toujours été blanc.


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    L'Antarctique n'a pas toujours été l'immense continent blanc et glacé que nous connaissons aujourd'hui. Les scientifiques le savent. Mais ils continuent de chercher des indices qui pourraient les aider à comprendre les détails de son histoire. Une équipe de l’université du Texas à Austin (États-Unis) vient de découvrir, sous la plus grande calotte glaciaire au monde, un gigantesque lac qui pourrait bien révéler quelques-uns des secrets les mieux cachés de l'Antarctique.

    Comment y sont-ils parvenus ? Après trois années de relevés systématiques avec un rader capable de pénétrer la glace. Et avec des capteurscapteurs qui mesurent les changements infimes de la gravitégravité et du champ magnétique de notre Terre. Car contrairement à la glace, l'eau reflète le radar comme un miroirmiroir. Les données gravimétriques et magnétiques, elles, ont éclairé la géologie sous-jacente de la région et la profondeur de l'eau et des sédiments.

    C’est l’observation de cette dépression lisse qui a mis la puce à l’oreille des chercheurs qui ont ensuite enquêté pour savoir ce qu’elle cachait : un immense lac sous-glaciaire. © RadarSat, Agence spatiale européenne
    C’est l’observation de cette dépression lisse qui a mis la puce à l’oreille des chercheurs qui ont ensuite enquêté pour savoir ce qu’elle cachait : un immense lac sous-glaciaire. © RadarSat, Agence spatiale européenne

    Le lac -- de près de 50 kilomètres de long, 15 kilomètres de large et 200 mètres de profondeur -- a été baptisé Snow Eagle -- comme l'un des avions qui a servi à sa découverte. Il se trouve quelque part sous plus de trois kilomètres de glace de l'Antarctique oriental dans un canyon de près de deux kilomètres de profondeur, sur celle que l'on appelle la terre de la Princesse-Elisabeth, découverte en 1931, à quelques centaines de kilomètres de la côte.

    Le lac Snow Eagle découvert par une équipe de l’université du Texas (États-Unis) se trouve dans un canyon de l’Antarctique oriental recouvert d’une calotte glaciaire de plusieurs kilomètres d’épaisseur. © Institut de géophysique de l’Université du Texas
    Le lac Snow Eagle découvert par une équipe de l’université du Texas (États-Unis) se trouve dans un canyon de l’Antarctique oriental recouvert d’une calotte glaciaire de plusieurs kilomètres d’épaisseur. © Institut de géophysique de l’Université du Texas

    Des secrets enfouis dans les sédiments

    Et c'est justement cette proximité à la côte qui rend ce lac encore plus intéressant aux yeuxyeux des chercheurs. Ils estiment en effet qu'il pourrait cacher des informations cruciales sur la façon dont la calotte glaciairecalotte glaciaire de l'Antarctique oriental a commencé à se former. Sur le rôle joué par le courant circumpolaire antarctique, cet anneau d'eau froide qui entoure le continent et que les scientifiques estiment responsable du froid qui y règne.

    Les chercheurs rapportent qu'au fond du lac les attendent quelque 300 mètres de sédiments qui pourraient inclure des sédiments fluviaux plus vieux que la calotte glaciaire elle-même. Ainsi, ils espèrent obtenir de précieuses informations sur l'histoire de l'Antarctique en forant la région. Sur son histoire, mais aussi sur son avenir dans le contexte de réchauffement climatique que nous vivons aujourd'hui.

    « Ce lac est susceptible d'avoir gardé un enregistrement de toute l'histoire de l'inlandsis de l'Antarctique oriental. De sa naissance, il y a plus de 34 millions d'années. Ainsi que de sa croissance et de son évolution à travers les cycles glaciaires depuis lors, s'enthousiasme Don Blankenship, chercheur à l'Université du Texas, dans un communiqué Nos observations suggèrent déjà que la calotte glaciaire a changé de manière significative il y a environ 10.000 ans, bien que nous ne sachions pas pourquoi ». Affaire à suivre, donc...