« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Dans ce nouvel épisode, nous allons découvrir les capacités étonnantes d’un petit animal de nos jardins : l’abeille.


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    Saviez-vous qu'il existe, dans le monde, au moins 20.000 espèces d’abeilles ? Près de 1.000 rien qu'en France. Certaines sont domestiques. D'autres sont sauvages. Elles sont parfois sociales. D'autres fois, plus solitaires. Et puis, il y a celles qui produisent du miel à partir du nectar des fleurs. Elles le stockent d'abord dans leur jabot pour l'emmener à la ruche. Là, des ouvrières le chargent en enzymesenzymes, l'avalent et le régurgitent plusieurs fois. Enfin, elles l'étalent dans les alvéoles pour le laisser sécher. Nous ? Nous n'avons plus qu'à nous régaler de cet or liquideliquide, bourré de qualités.

    Notez tout de même que, pour produire un kilo de miel, ce ne sont pas moins de six mille abeilles qu'il faut mobiliser pendant quelque deux semaines. Une éternité pour l'ouvrière dont l'espérance de vieespérance de vie en pleine saison n'est pas de plus de cinq à six semaines. Le temps de butiner, avec ses petites copines, plus de douze millions de fleurs. Et de parcourir l'équivalent de... dix fois le tour de la Terre !

    Le saviez-vous ?

    Le service rendu par la pollinisation dans le monde est estimé à plus de 220 milliards d’euros. Rien qu’en France, il est question de 2 à 5 milliards d’euros. C’est l’équivalent de 5 à 12 % de la valeur totale des productions destinées à l’alimentation humaine.

    Malheureusement, les abeilles -- comme les autres espèces de pollinisateurs -- sont aujourd'hui menacées de disparition. Nous en sommes les premiers responsables. Parce que nous utilisons trop de pesticides. Parce que nous avons adopté le principe de la monoculture et que nous pratiquons l'agricultureagriculture intensive. Parce que nous détruisons leurs habitats. Ou encore parce que nos activités sont à l'origine d'un réchauffement climatiqueréchauffement climatique sans précédent. Or un monde sans pollinisateur, c'est un monde qui se meurt. Car les trois quarts de la production mondiale de nourriture dépendent des insectesinsectes pollinisateurs et l'écrasante majorité des plantes sauvages ont besoin d'eux pour se reproduire. Alors, peut-être devrions-nous penser à adopter quelques actions pour sauver les abeilles...

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    Comme vous le voyez, les raisons de s'intéresser aux abeilles ne manquent pas. Il y en a même une de plus : leur intelligenceintelligence. De nombreuses études scientifiques s'y sont déjà intéressées. Et elles ont montré que les abeilles sont loin d'être idiotes. Mais elles s'étaient généralement limitées à des activités similaires aux comportements naturels de ces petits insectes. Les abeilles sont capables de tirer une ficelle pour atteindre une solution sucrée ? Pas très surprenant, finalement. Dans la nature, elles doivent parfois dégager le passage pour pouvoir se délecter d'un bon nectar de fleur.

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    Mais que se passerait-il si on poussait les abeilles à sortir de leur zone de confort ? Bon alors, pour être tout à fait précis, ce sont sur des Bombus terrestris que les chercheurs ont travaillé. Des bourdons terrestres, en d'autres mots. De la famille des abeilles tout de même ! Les chercheurs ont voulu explorer les limites de leurs capacités cognitives. Voir si ces petites bêtes parviendraient à utiliser un objet « non naturel » pour accomplir une tâche qu'elles n'ont probablement jamais eu à accomplir par le passé. Elles ou même leurs ancêtres abeilles.

    Une abeille déplaçant une balle. © Olli J. Loukola, Université Queen Mary de Londres
    Une abeille déplaçant une balle. © Olli J. Loukola, Université Queen Mary de Londres

    Ainsi, les chercheurs ont entraîné des abeilles à déplacer une minuscule balle jusqu'à un endroit précis. Sachant qu'elles obtiendraient alors une délicieuse récompense. Ils les ont entraînées ? Oui, oui. Vous avez bien lu. En les laissant regarder comment font des abeilles déjà entraînées. Ou en utilisant des abeilles factices pour leur montrer la marche à suivre. Et ça a plutôt bien fonctionné. Même mieux que ce que les chercheurs espéraient. Parce que figurez-vous que les abeilles sont allées jusqu'à améliorer la technique qui leur a été montrée. Une preuve irréfutable de flexibilité intellectuelle. Sur la table, un seul trou et trois balles dans des positions différentes. Les chercheurs s'assuraient que les abeilles « démonstratrices » choisissaient toujours la balle la plus éloignée pour l'apporter vers le trou. Et surprise ! Ils ont découvert des abeilles « apprenantes » qui économisaient leurs efforts en déplaçant la balle... la plus proche du trou.

    De quoi laisser entendre que les abeilles -- et possiblement de nombreux autres animaux -- cachent des capacités cognitives étonnantes dans leur tout petit cerveaucerveau. Des capacités cognitives auxquelles elles ne font appel que si des pressionspressions environnementales les y poussent. Pas si bêtes, les abeilles !