Les couples de baudroies abyssales sont hors du commun. Le mâle, très petit à côté de la femelle, fusionne avec sa partenaire pour pouvoir se reproduire. Une stratégie unique dans le monde animal qui a longtemps laissé perplexes les scientifiques. Pourquoi le système immunitaire de la femelle ne rejette pas ce corps étranger ? Une étude récente détient la solution. 


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    La reproduction est une étape essentielle dans la vie des êtres vivants. Plantes, animaux ou encore bactériesbactéries, chacun a sa propre technique pour transmettre son patrimoine génétiquegénétique. Celle des baudroies abyssales a longtemps questionné les scientifiques. En effet, chez ces poissons des profondeurs, le mâle est minuscule comparé à la femelle. Pour se reproduire, il fusionne avec son effrayante dulcinée et ne la quittera plus jamais. Ils partageront une circulation sanguine commune puisque le mâle n'est plus capable de se nourrir seul. C'est ce qu'on appelle du parasitisme sexuel. 

    Mais les scientifiques ne comprenaient pas pourquoi le corps de la femelle ne rejetait pas ce corps étranger, comme l'organisme peut rejeter une greffegreffe. Une équipe germano-américaine met en lumièrelumière le mécanisme immunitaire qui permet cette fusionfusion unique dans une publication de Science.

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    La femelle est beaucoup plus grosse (et effrayante) que le petit mâle qui est accroché à son ventre. © Edith A. Widder
    La femelle est beaucoup plus grosse (et effrayante) que le petit mâle qui est accroché à son ventre. © Edith A. Widder

    Un système immunitaire unique

    Les scientifiques se sont intéressés au CMHCMH de plusieurs espèces de baudroies abyssales (ou Melanocetidae). Le CMH divisé en deux moléculesmolécules, le CMH de classe I et le CMH de classe II, est le système qui permet à l'immunitéimmunité de reconnaître le soi du non soi. Il est unique à chaque individu, mis à part pour les vrais jumeaux. L'être humain possède six gènesgènes qui codent pour le CMH I et huit gènes qui codent pour le CMH II.

    Chez les baudroies abyssales, qui pratiquent le parasitisme sexuel, les gènes qui codent le CMH ne sont pas aussi nombreux. « À part cette combinaison inhabituelle des gènes du CMH, nous avons aussi découvert que la fonction des lymphocyteslymphocytes T cytotoxiquescytotoxiques, qui normalement éliminent les cellules infectées ou attaquent les tissus étrangers durant le processus de rejet de grefferejet de greffe, était aussi sévèrement diminuée, si ce n'est pas complètement perdue », explique Jeremy Swann dans un communiqué de presse de l'Institut Max-PlanckPlanck pour l'immunologie et l'épigénétique. Les anticorpsanticorps, aussi susceptibles de s'attaquer au mâle en fusion, sont tout bonnement absents chez certaines espèces de baudroies étudiées.

    Les fonctions immunitaires, qui empêcheraient la baudroie abyssale mâle de fusionner avec la femelle, sont donc largement diminuées pour permettre cet accouplement hors du commun.

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