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    « C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas », écrivait Victor HugoVictor Hugo en 1870. Un peu moins d'un siècle plus tard, en 1960, naissait une discipline nommée la « bionique », marquant officiellement l'intérêt des scientifiques pour les innombrables astuces découvertes par les systèmes vivants au cours de leur évolution.

    L’Homme exerce un ascendant de plus en plus pesant sur notre Planète. © Kentoh, Fotolia
    L’Homme exerce un ascendant de plus en plus pesant sur notre Planète. © Kentoh, Fotolia

    Définition et origine du mot bionique

    Le terme vient de la contraction de « biologie et technique » ou « biologie et électronique ». Elle recouvrait des réalisations très diverses, allant de l'imitation d'une texturetexture, d'un mécanisme ou du comportement d'un système vivant jusqu'à l'intégration d'artificiel dans du vivant ou de vivant dans de l'artificiel. De nos jours, la définition de ce terme ne renvoie plus qu'à ces derniers systèmes, les hybrideshybrides vivant-artificiel. Il fait place au terme « bioinspiration », qui englobe toutes les réalisations décrites précédemment. Le mot « bioinspiration » est également préféré à « biomimétisme », car on ne peut prétendre - pour l'instant et certainement pour longtemps - qu'être inspirés de loin par les systèmes naturels, et non les imiter parfaitement. À notre décharge, précisons que la nature a 3,8 milliards d'années d'avance sur les roboticiens...

    La nature inspire les chercheurs. © ISIR

    La nature inspire les chercheurs. © ISIR

    La bioinspiration : passé et présent

    Rappelons que cette démarche « bio-inspirée » n'est pas récente, puisqu'on en découvre des traces dès l'Antiquité (voir à ce propos l'encyclopédie en trois volumes Dei ex Machinis de Jean-Arcady Meyer aux Éditions du Net). Cependant l'essor de technologies nouvelles, comme les nanotechnologies et l'informatique, a permis d'étendre ces investigations dans ce que la nature a de plus complexe, sa structure intime au-delà du milliardième de mètre et ses méthodes d'autoconstruction et d'autorégulation.

    Depuis les années 1990 on constate un regain des recherches scientifiques en la matière. En ces temps, en effet, où l'Homme exerce un ascendant de plus en plus pesant sur notre Planète et que les ressources, notamment en énergie fossileénergie fossile, se font de plus en plus rares, il découvre que les systèmes vivants qui s'y épanouissent peuvent lui fournir de précieuses solutions pour utiliser et économiser de l'énergie, pour s'adapter à un monde toujours changeant et parfois menaçant, ou pour pallier certains handicaps.

    Dans les années 1990, des chercheurs commencent à concevoir des robotsrobots bio-inspirés qu'ils nomment animatsanimats (contraction d'animal artificiel, cf. La robotique de A à Z), soit pour améliorer des réalisations humaines (recherche appliquée), soit pour accroître les connaissances sur les animaux (recherche fondamentale).