au sommaire


    Vaste terme que celui du cyberespace ! Si dans l'imaginaire collectif, le cyberespace est vaguement défini comme étant l'équivalent d'Internet, c'est un monde pourtant bien plus complexe à appréhender. Alors, comment caractériser clairement cet universunivers ? Quelles sont ses limites, ses menaces et ses lois ?

    Le cyberespace est, comme son nom l'indique, un espace en rapport avec le Web, Internet, le multimédia. C'est une étendue immatérielle, impalpable et sans frontière où s'échangent une quantité incommensurable de données numériques. Depuis la démocratisation de la toile dans les années 1990, ces dernières sont devenues colossales si bien qu'elles ont été nommées les mégadonnéesmégadonnées. On parle également de bigdata. Mais le cyberespace ne se limite pas à un échange de données, c'est un domaine vaste et complexe.

    Définir le cyberespace

    Ce lieu immatériel et sans frontière est pourtant pleinement ancré dans le monde physiquephysique. Un paradoxe qui fait que le cyberespace n'est pas toujours facile à définir ni à maîtriser. Cela implique qu'il n'existe pas une définition unique, mais une multitude, mettant en avant les diverses dimensions qui le composent. Cependant, à la question « qu'est-ce que le cyberespace ? », il serait possible de le désigner simplement. Ainsi, il s'agit à la fois de la totalité des éléments qui composent Internet, en partant des câbles, serveurs, routeurs jusqu'aux satellites et appareils connectés présents sur le territoire physique et politique.

    Mais le cyberespace est aussi une zone où gravitent les informations, idées, programmes et services interconnectés et où communiquent les acteurs, situés de part et d'autre du monde. Ces interconnexions donnent naissance à une étendue massive de données stockées et partagées. De plus, le cyberespace n'est pas restreint, il continue de s'étendre au fur et à mesure que croissent les activités qui s'y développent quotidiennement. On parle de lieu virtuel, il repose néanmoins sur d'importantes entités coûteuses dont personne n'a vraiment conscience. En effet, les données gravitent dans cet espace à une vitessevitesse fulgurante qui réduit fortement les distances entre les différents acteurs, offrant un accès rapide à une multitude de données.

    Quelles sont les origines du cyberespace ?

    Le mot cyberespace est évoqué pour la première fois dans le roman de sciences-fiction de William GibsonWilliam Gibson, Neuromancer, publié en 1984. Il le décrit en ces termes, estimant qu'il s'agit d'« une hallucinationhallucination consensuelle vécue quotidiennement en toute légalité par des dizaines de millions d'opérateurs, dans tous les pays, par des gosses auxquels on enseigne les concepts des mathématiques... Une représentation graphique de données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain. Une complexité impensable. Des traits de lumièreslumières disposés dans le non-espace de l'esprit, des amas et des constellationsconstellations de données. Comme les lumières de villes, dans le lointain... » Il faut dire que cette définition précoce du cyberespace fait fortement écho à celle véhiculée aujourd'hui, plus formelle et moins littéraire.

    Des traits de lumières disposés dans le non-espace de l’esprit, des amas et des constellations de données. Comme les lumières de villes, dans le lointain…

    Plus tard, en 1996, John Perry Barlow, fondateur de l'EFFEFF (Electronic Frontière Fondation, ONG internationale de protection des libertés) et considéré comme l'un des pionniers d'Internet, écrit la Déclaration d'indépendance du cyberespace. À travers cette publication, il explique que cet univers possède son propre fonctionnement et que les lois qui régissent les États du monde physique ne peuvent s'appliquer au monde virtuel qu'est le cyberespace. Certains utilisateurs d'Internet, les hacktivistes, se sont emparés de cette définition et luttent contre les tentatives visant à freiner la libre circulation des données sur le web.

    Le cybersespace, c'est un accès au monde à portée d'un clic. © Metamorworks, Adobe Stock
    Le cybersespace, c'est un accès au monde à portée d'un clic. © Metamorworks, Adobe Stock

    Le cyberespace et les lois

    Il est extrêmement complexe d'administrer une gouvernance au sein du cyberespace ; néanmoins, ce n'est pas un lieu dépourvu de lois et donc pas non plus une zone de non-droit. Mais alors, comment régir ce vaste espace ? Finalement, les nations sont contraintes de repenser leurs lois pour qu'elles puissent s'étendre au cyberespace. Il est soumis à un imbroglio de juridictions.

    Par exemple, la France peut faire appliquer ses lois relatives au cyberespace sur son territoire national. Mais c'est là que le sujet se complexifie. Si une personne physique, une entreprise ou une infrastructure française est attaquée --  on parle alors de cyberattaque  --, les preuves peuvent se trouver hors du territoire. En effet, les malfaiteurs du web ont le loisir d'œuvrer à distance. Ils utilisent des plateformes comme GoogleGoogle, FacebookFacebook, TwitterTwitter, TikTokTikTok dont les sièges sociaux se trouvent à l'étranger et sur lesquelles l'État français n'a pas autorité. Les procédures de coopération internationales sur un sujet aussi complexe que le cyberespace tardent souvent à être instaurées au détriment des victimes. Se pose alors la question de la cybersécurité.

    Le cyberespace, un lieu sécurisé ?

    La sécurité au sein du cyberespace est un sujet encore trop récent pour que les cadres juridiques soient parfaitement établis et il n'existe encore aucun organe international permettant de réguler, de sécuriser, d'agir et de protéger ses usagers. La perpétuelle évolution du cyberespace rend cette tâche ardue. Néanmoins, face à la montée de cyberattaques, de la cybercriminalité, du cyberespionnage, de cybermenaces et la vulnérabilité de certaines infrastructures, des nations tentent de faire face.

    C'est le cas de la France avec la proposition d'un texte du président Macron établi pendant l'Appel de Paris pour la confiance et la cybersecurité dans le cyberespace et signé par 67 pays, des géants mondiaux de l'industrie numérique, un grand nombre d'entreprises et d'ONG en novembre 2018. Il propose un code de bonne conduite entre ces entités, ce qui, de toute évidence, n'est et ne sera pas respecté par les pays non signataires. Il devient donc opportun pour un grand nombre d'acteurs de s'inscrire à une formation en cybersécurité pour mieux en maîtriser, sinon en appréhender les contours.

    Le cyberespace n'est plus uniquement un vaste territoire ouvert, il devient un endroit au sein duquel il faut faire respecter ses lois, ses frontières, sa souveraineté. Il devient nécessaire de le conquérir pour mieux le contrôler et le surveiller.