Si Arthur Clarke a échoué à prédire le futur de la conquête spatiale pour le début du XXIe siècle il y a 50 ans, on ne peut qu'être impressionné par sa clairvoyance en ce qui concerne le monde des télécommunications qui est le nôtre. Une bonne occasion de s'en souvenir alors que l'on fête sur la toile, ce 12 mars 2019, les 30 ans de la naissance du Web au Cern.


au sommaire


    Il y a longtemps déjà Arthur Clarke avait avancé la thèse que tout comme les États-Unis avaient été unifiés grâce au télégraphe et au train, l'Humanité et la Terre le seraient grâce aux satellites de télécommunications et aux avions de ligne. Dès les années 1960, on le voyait préciser cette thèse avec des prédictions visionnaires lors d'une émissionémission de la BBC et encore au début des années 1970 comme le montre la vidéo ci-dessous. Lui faisait écho, dès 1962, la fameuse expression de « village global » que l'on doit au philosophe et sociologue des médias canadien Marshall McLuhan. Les deux hommes pensaient que les progrès des télécommunications et de l'informatique allaient aider l'Humanité à développer une conscience et une culture planétaires.


    Une spectaculaire interview d'Arthur Clarke, en 1976, où il prévoyait clairement le futur du Web et du téléphone portable pour les années 2000. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © AT&T Tech Channel

    On peut constater dans cette vidéo datant de 1976 qu'Arthur Clarke anticipait clairement non seulement le World Wide Web et les utilisations que l'on en fait, d'arXiv à SkypeSkype en passant par AmazonAmazon et GoogleGoogle, mais aussi les téléphones portables connectés au World Wide Web qui nous permettent, par exemple, d'écouter des documentaires d'Haroun Tazieff au sommet du VulcanoVulcano dans les îles éolienneséoliennes. Nous pouvons également assister en direct aux 30 ans du World Wide Web ce 12 mars 2019, avec une manifestation au CernCern qui sera notamment retransmise en direct sur les chaînes FacebookFacebook et YouTubeYouTube du célèbre centre de recherche européen où l'on a fait la découverte du boson de Brout-Englert-Higgs.

    Internet est né aux États-Unis mais le World Wide Web au Cern

    Rappelons en effet que c'est au Cern, en mars 1989, que le Britannique Tim Berners-LeeTim Berners-Lee (anobli depuis) a commencé à rédiger le contenu de sa proposition d'« un système hypertexte basé sur Internet permettant de relier différents ordinateurs et d'accéder ainsi à des informations », comme l'explique le communiqué du Cern pour les 30 ans de la toile. Si Internet, c'est-à-dire des protocoles de communication entre ordinateurs, remonte en fait aux années 1960 et est essentiellement une création anglo-saxonne principalement portée aux États-unis par l'Armée avec la Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa) qui va donner naissance à Arpanet (Advanced Research Projects Agency Network), le jeune informaticien, qui était venu au Cern quelques années auparavant pour travailler sur le fameux Proton Synchrotron, va le conduire à une métamorphosemétamorphose qui, aujourd'hui, impacte plusieurs milliards de personnes sur Terre.


    Une vidéo du Cern pour les 30 ans du Web. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Cern

    Mais à la base, il s'agissait de rendre disponible une même information centralisée à toute la communauté mondiale en physiquephysique des hautes énergiesénergies, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou encore au Japon. Pour cela, Tim Berners-Lee va être amené à introduire des éléments qui nous sont désormais familiers comme le langage html, le protocole http avec URL et bien sûr les premiers serveur, navigateur et éditeur web. Il fut aidé à ses débuts par l'ingénieur et informaticien belge Robert CailliauRobert Cailliau qui cosigna notamment avec Tim Berners-Lee, en novembre 1990, un document désormais entré dans l'Histoire et intitulé « WorldWideWeb : Proposition pour un projet hypertexte ».

    L'Histoire se mettra vraiment en marche le 30 avril 1993 lorsque le Cern mettra gratuitement dans le domaine public la dernière version du logiciellogiciel derrière le World Wide Web. Et cela, conformément au statut même du Cern depuis sa fondation qui a pour principe de diffuser librement, in fine, les découvertes scientifiques et les avancées technologiques, et pas seulement entre les nations qui sont membres du laboratoire.

    En France, le Web s'installe au début des années 1990 grâce à deux ingénieurs du CNRS travaillant à Lyon au Centre de calcul de l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (plus connu sous le sigle de l'IN2P3) : Wojciech Wojcik et Daniel Charnay.