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Les premières collisions de protons dans les détecteurs du LHC ont eu lieu le 23 novembre 2009. Par une remarquable coïncidence, c'est 50 ans après, presque jour pour jour, la production des premiers faisceaux de protons par le Proton Synchroton (PSPS), le 24 novembre 1959. Il s'agissait de la mise en service du premier grand accélérateur de particules du Cern. A l'époque, les 25 GeV atteints par des faisceaux contenant 1010 protons étaient une prouesse remarquable, dépassant même les espoirs des créateurs du PS, faisant de l'instrument le plus puissant accélérateur de particules au monde.
La conception de la machine était tellement brillante qu'elle fonctionne encore aujourd'hui et sert de pré-accélérateur aux faisceaux du LHC, qui deviendront ensuite des milliers fois plus énergétiques et bien plus lumineux. C'est avec elle que les chercheurs du Cern ont découvert les courants neutres et les bosonsbosons intermédiaires de la théorie électrofaiblethéorie électrofaible de Glashow-Salam-Weinberg. Versatile, ce synchrotron, a été utilisé aussi bien pour accélérer des électronsélectrons que des ionsions légers et lourds comme ceux de l'héliumhélium, du soufresoufre, de l'indiumindium et du plombplomb. Sa carrière n'est pas terminée et, en 2013, la machine sera équipée d'un nouveau pré-injecteur de protons, le Linac 4. En revanche, dans les années 2020, le PS cèdera la place à son successeur le PS2.
Pendant ces 50 années de bons et loyaux services, le PS a fait du Cern l'un des centres de la physiquephysique des hautes énergiesénergies les plus importants au monde. Ainsi, plusieurs prix Nobel de physique y sont passés pour des séjours plus ou moins longs, que cela soit pour des travaux expérimentaux, comme Jack Steinberger et Georges Charpak, ou bien dans le domaine de la théorie, comme Gerard 't Hooft et Martinus Veltman.
Au moment où le LHC s'apprête, on l'espère, à ouvrir les portesportes d'une nouvelle physique au-delà du modèle standardmodèle standard, le rassemblement de plusieurs des découvreurs de ce dernier était donc une excellente idée. Dans l'amphithéâtre principal du Cern, pas loin de 500 personnes ont pu assister du 3 au 4 décembre 2009 à plusieurs conférences portant sur la saga de la physique des particules de ces 50 dernières années. Plusieurs des Nobel à l'origine de la découverte des quarksquarks et des leptonsleptons du modèle standard étaient là, ainsi que ceux dont les théories ont permis de comprendre le zoo des particules de matièrematière et de forces révélé par les accélérateurs.
Les hommes à l'origine des accélérateurs utilisés pour faire les découvertes du Cern n'ont pas été oubliés puisque l'on pouvait entendre Günther Plass, Emilio Picasso, Steve Myers et Lyndon Evans, dont les noms sont récurrents lorsque l'on parle des accélérateurs du Cern comme le LEPLEP et le LHC.
Chacun des intervenants a partagé ses souvenirs, ses succès et ses échecs au cours de ces années qui ont vu les machines devenir de plus en plus gigantesques et les théories de plus en plus complexes. Cet échange ressemblait à un passage de flambeau à la génération des expérimentateurs, ingénieurs et théoriciens qui va exploiter les résultats des expériences du LHC pendant les décennies à venir. Tous les Nobel en physique des hautes énergies n'étaient pas là et l'on pouvait noter l'absence curieuse de Georges Charpak. Steven Weinberg, quant à lui, s'est contenté de donner une conférence en direct depuis les Etats-Unis. D'autres, comme Abdus Salam et Henry W. Kendall, sont malheureusement décédés. La liste des Nobel que l'on pouvait croiser sur place était la suivante :