Créateur du World Wide Web, le Cern en fête les 20 ans ce 30 avril en annonçant la reconstruction du tout premier site Web. Sa page d’accueil est en ligne, et explique ce qu’est l’hypertexte et à quoi cela peut servir.

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    http://info.cern.ch/hypertext/WWW/TheProject.html : c'est la toute première adresse Web, et elle vient de ressusciter. On peut y voir ce qu'elle était en 1993, quand elle donnait accès à un serveur installé au CernCern de Genève, là où des physiciensphysiciens travaillaient déjà sur un accélérateur de particules. Parce qu'ils échangeaient sans cesse des informations avec des collègues du monde entier, en université ou dans des instituts divers et variés, les chercheurs se servaient du « réseau des réseaux », alias Internet, puisque ce terme avait remplacé celui de l'ancêtre, Arpanet.

    La première page Web du monde. Elle n'est pas vraiment multimédia, mais les moyens techniques qu'elle décrit autorisent d'incorporer des documents de différentes natures. Le protocole est rendu public : Internet est né libre. © Cern

    La première page Web du monde. Elle n'est pas vraiment multimédia, mais les moyens techniques qu'elle décrit autorisent d'incorporer des documents de différentes natures. Le protocole est rendu public : Internet est né libre. © Cern

    Le Web d'aujourd'hui est né un jour, au Cern, près de Genève...

    Le grand public l'ignorait encore, mais cette connexion à l’échelle planétaire existait depuis de nombreuses années déjà. On s'y échangeait des fichiers (par le protocole FTP, File Transfer ProtocolFile Transfer Protocol, toujours présent) et des courriers électroniques, un système de messageriemessagerie entre ordinateurs qui a préexisté à Internet.

    En 1989, au Cern, Tim Berners-Lee, un informaticien britannique, cherche avec son collègue Robert CailliauRobert Cailliau à intégrer aux documents échangés la possibilité nouvelle de « l'hypertexte », ce principe des liens cliquables que connaissent aujourd'hui les enfants de cinq ans. « Je n'ai pas inventé l'hypertexte », précise-t-il depuis à la moindre occasion. Car l'homme, anobli depuis par la reine d'Angleterre, n'a jamais eu la vocation du vedettariat.

    L'écran du premier navigateur Web sur une station de travail Next en 1993. © Cern

    L'écran du premier navigateur Web sur une station de travail Next en 1993. © Cern

    Les deux collègues décrivent ce que devrait être un serveur avec fonction hypertexte, dans un document sobrement intitulé Information management : a proposal, soit, en français, Gestion de l'information : une proposition. Plus tard viendra l'habitude de parler de la « toile », web en anglais, et l'ensemble est appelé World Wide Web, soit « toile mondiale », qui donnera l'indicatif « www ». Un nouveau protocole est créé, baptisé HTTP, pour Hypertext Transfer ProtocolHypertext Transfer Protocol.

    Le document, écrit en 1989, qui décrit le circuit des informations pour afficher un document (<em>this document</em>, au centre). C'est le principe du Web, donc celui de la page que vous êtes en train de lire. © Cern

    Le document, écrit en 1989, qui décrit le circuit des informations pour afficher un document (this document, au centre). C'est le principe du Web, donc celui de la page que vous êtes en train de lire. © Cern

    On va retrouver le premier site

    Le 30 avril 1993, le Cern rend ces spécifications publiques pour créer un serveur de ce type. Le Web est donc né ce jour-là. À la fin de l'année, il existait environ 500 serveurs Web dans le monde. Au Cern, les machines sont des Next, de gros cubes noirs abritant une informatique puissante. Cette « station de travail », le terme que l'on utilisait plutôt pour désigner un tel engin dédié au calcul, venait d'être imaginée par un informaticien débarqué d'AppleApple et qui s'appelait Steve JobsSteve Jobs.

    Aujourd'hui, le Cern veut recréer l'intégralité de ce premier serveur, et veut montrer combien les fonctions qui s'y trouvaient déjà sont sophistiquées. Derrière cette page d'accueil (bien loin de ce qu'est aujourd'hui un site Web) figuraient en effet les fonctionnalités d'organisation des pages, de mise en forme et d'affichage multimédia que nous utilisons actuellement depuis les ordinateurs, les smartphones ou les tablettes.