Un passionné a exhumé un enregistrement audio d’une conférence du jeune cofondateur d’Apple, Steve Jobs, parlant des visions à long terme de son entreprise. Alors que le Lisa, ancêtre du Macintosh (et donc des Mac), vient de sortir, Jobs parle d’ordinateurs miniatures communiquant par radio.

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    Quelques jours avant l'anniversaire de la mort de Steve Jobs (le 5 octobre 2011), un vieil enregistrement datant de 1983 confirme le statut de visionnaire du fondateur d'AppleApple. C'est le blogueur spécialisé, Marcel Brown, qui a déniché l'enregistrement de l'intervention de Steve JobsSteve Jobs (en anglais bien sûr) à l'International Design Conference in Aspen (Colorado). La foire aux questions qui a suivi l'intervention fait des références précoces à des réseaux sans fil et des boutiques d'applicationsapplications.

    Comment ne pas voir une ébauche de la tablette iPad dans ses propos : « La stratégie d'Apple est vraiment simple. Tout ce que nous voulons faire c'est de mettre un superordinateursuperordinateur dans un livre qu'on peut transporter et apprendre à utiliser en vingt minutes. C'est ça que nous voulons faire pendant cette décennie », explique le jeune patron d'Apple. Il poursuit avec une prophétie qui annonce les réseaux sans fil. Comment ne pas penser à Internet et au Wi-Fi ? « Et nous voulons faire cela avec une connexion radio, ce qui évite d'avoir à brancher l'appareil à quoi que ce soit pour communiquer avec des énormes bases de données sur d'autres ordinateurs ». Steve Jobs évoque également des ordinateurs abordables et si petits qu'ils tiendraient dans la poche.

    Enregistrement d'une intervention de Steve Jobs à l'IDCA (<em>International Design Conference in Aspen</em>), en 1983, et numérisé par Marcel Brown (pour les jeunes générations, ceci est une « cassette », boîtier assez plat contenant une bande magnétique sur laquelle on pouvait stocker de 60 à 120 mn de Beatles ou de Rolling Stones avant l'arrivée des clés USB et des SD Card). © Marcel Brown

    Enregistrement d'une intervention de Steve Jobs à l'IDCA (International Design Conference in Aspen), en 1983, et numérisé par Marcel Brown (pour les jeunes générations, ceci est une « cassette », boîtier assez plat contenant une bande magnétique sur laquelle on pouvait stocker de 60 à 120 mn de Beatles ou de Rolling Stones avant l'arrivée des clés USB et des SD Card). © Marcel Brown

    Jobs dans le vent de l'histoire

    Pour apprécier le côté visionnaire de Steve Jobs, il faut se replacer dans le contexte de l'époque. En 1983, Apple n'avait pas encore lancé son ordinateur Macintosh, qui ne sortira que l'année suivante. Les constructeurs de micro-ordinateurs ne pensent qu'à proposer des « compatibles IBM PC ». MicrosoftMicrosoft étaient à 2 ans de lancer le système d'exploitationsystème d'exploitation Windows. Les téléphones mobiles fêtaient leurs 5 ans et pouvaient facilement tenir dans un - gros - sac à main. Les ordinateurs à poignées, souvent qualifiés de « portatifs », pesaient plus de 10 kgkg (13 pour le remarquable Compaq 286 sorti l'année précédente). Et un certain Tim Berners-LeeTim Berners-Lee ne savait pas encore que 7 ans plus tard, le protocoleprotocole TCP/IPTCP/IP à peine né et Arpanet laissant définitivement la place à Internet, allait bluffer les témoins lors de la première démonstration de l'hypertexte, ces liens tissant la toile du World Wide Web.

    Apple, à l'époque, venait de présenter le LisaLisa, premier ordinateur du commerce utilisant une souris et une interface graphique basée sur la métaphore du bureau, avec dossiers et corbeille. Ce principe était sorti tout droit du Parc, Palo Alto Research Center, de Xerox. Au Japon et aux États-Unis, plusieurs entreprises sortaient des calculatrices programmables de plus en plus sophistiquées, commençant à ressembler à de vrais petits ordinateurs. Toutes ces idées étaient donc dans l'airair et les prophéties de Steve Jobs montrent qu'il avait bien saisi le sens du ventvent. À l'époque, il expliquait également que l'interface prendrait une place croissante : « Actuellement, les ordinateurs utilisent 80 % de leur puissance pour calculer et 20 % pour l'interface utilisateurinterface utilisateur. À l'avenir, ce sera l'inverse ».