Des recherches financées par le Royaume-Uni ont révélé comment le Kremlin utilise des fermes de trolls pour répandre des mensonges sur les réseaux sociaux et dans les sections de commentaires des sites Web populaires.


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    On appelle cela la guerre hybridehybride menée par la Russie de Poutine, et parmi ses armes il y a les armées de trolls qui œuvrent sur les réseaux sociauxréseaux sociaux. La mission de ces faux comptes sur TwitterTwitter, FacebookFacebook, TelegramTelegram, Tik Tok, InstagramInstagram ou YouTubeYouTube : asséner des éléments narratifs allant dans le sens voulu par le Kremlin. Peu importe la crédibilité des publications, l'idée consiste à générer un bruit de fond qui va permettre d'instiller le doute.

    Avec la guerre en Ukraine, ce que l'on appelle « les fermes à trolls » tourne à plein régime. Les bâtiments de ces « fermes » appartenant à l'Internet Research Agency, Futura les avait déjà vus à Saint-Pétersbourg en Russie fin 2019. Elles œuvraient déjà depuis 2014 pour accompagner la guerre dans le Donbass et l'annexion de la Crimée par la Russie. On a également retrouvé ces trolls aux manettes dans à peu près toutes les élections majeures, que ce soit aux États-Unis en 2016, en France pour les présidentielles de 2017, ou dans les autres pays de l'Union européenne. Privées des plateformes comme RT ou Sputnik qui leur permettaient d'alimenter sournoisement leurs publications, elles sont désormais obligées d'attaquer plus frontalement leurs cibles. Plus précisément, les trolls ne créent plus vraiment de contenus, mais répondent à des publications dans les sections « commentaires ». Une technique qui leur permet de passer sous le radar de la détection des fake news par les réseaux sociaux. Aujourd'hui, leur sujet de prédilection est évidemment la guerre en Ukraine, appelée opération militaire spéciale en Russie. Selon les informations collectées par le gouvernement britannique, ils bénéficieraient d'une nouvelle infrastructure située dans une ancienne usine, toujours à Saint-Pétersbourg.

    Les fermes à trolls ne sont pas une nouveauté. En 2013, les salariés de la première ferme à trolls identifiée à Saint-Pétersbourg œuvraient dans ce bâtiment qui est désormais inutilisé. © Wikipedia
    Les fermes à trolls ne sont pas une nouveauté. En 2013, les salariés de la première ferme à trolls identifiée à Saint-Pétersbourg œuvraient dans ce bâtiment qui est désormais inutilisé. © Wikipedia

    Le groupe de Métal Rammstein ciblé par les trolls russes

    Les trolls seraient très actifs sur Telegram. Sur ce terrain de jeu, ils viendraient recruter des personnes acquises à leur discours pour mettre en place des offensives sur les comptes des réseaux sociaux les plus critiques envers le Kremlin. Les comptes des dirigeants occidentaux seraient très impactés par leur propagande en faveur de la guerre en Ukraine. Comme cibles de choix, on trouve ainsi Josep Borell, le représentant de la diplomatie de l'Union européenne, le Premier ministre du Royaume-Uni Boris Johnson, ou encore Olaf Scholz, le chancelier allemand. Ces trolls cherchent également à influencer le plus grand nombre de personnes là où on ne les attend pas. C'est notamment le cas sur les comptes des réseaux sociaux de musiciens et de groupes comme Rammstein, David Guetta, ou encore Daft Punk.

    Avec l'expérience, les fermes à trolls fonctionnent de façon plus discrète. Pour masquer leurs origines, les comptes emploient par exemple des VPN. Cela n'empêche pas de pouvoir les identifier par la propagation de leurs tentatives d'influence, mais il faut aller les chercher dans les commentaires. Le Royaume-Uni a d'ailleurs créé une cellule d'information gouvernementale (GIC) pour contrer cette désinformation russe. En coordination avec les réseaux sociaux, ces experts cherchent désormais à rendre plus efficace et rapide la suppression de la désinformation russe de ces comptes de trolls pour réduire à néant leur bruit de fond.

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