Il peut être un atout comme un handicap lors d’un entretien d’embauche : le langage corporel, la plupart du temps de façon inconsciente, parle pour nous. Cette communication non verbale représenterait aux yeux des spécialistes jusqu’à 60 % du sens de la communication entre deux personnes, en l'occurence vous et le recruteur, un professionnel de la question. Lors des quelques minutes passées en entretien, notre corps exprime ce que parfois l’on veut cacher…


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    Le corps trahit notre esprit. Chacun d'entre nous a son langage corporel propre. Selon les situations, nous pouvons également modifier inconsciemment notre communication non verbale. Mais ce n'est pas parce que l'on ne dit pas les choses que notre interlocuteur ne reçoit pas des messages de notre part, il les ressent, les comprend, les interprète... Et ceci est encore plus vrai dans le cadre d'un entretien d'embauche avec un recruteur, un spécialiste de la communication, du langage verbal et non verbal. Il sait de quelle façon s'exprime votre corps, votre posture, et pourquoi. Certains signes peuvent aller jusqu'à montrer que l’on ment à l’autre.

    D'après les travaux du psychologue et professeur de psychologie de l'université de Californie, Albert Mehrabian, spécialiste des messages verbaux et non-verbaux, le langage verbal ne représente que 7 % du message, 55 % de notre communication est due au langage non-verbal, et 38 % aux intonations de notre voix. Alors, pour réussir au mieux son entretien, il faut connaître les bases du langage corporel et apprendre à « jouer » avec. Car il peut devenir l'un de nos atouts majeurs...

    Cela se joue d’abord par la poignée de main et le regard

    On ne le rappelle jamais assez. Elle est pourtant la règle n°1, puisque c'est le premier contact que l'on a avec le recruteur. Et les spécialistes affirment que tout (ou presque !) se joue dans les trente premières secondes. Ne pas avoir une main molle, fuyante, hésitante, timide, c'est une façon de s'affirmer face au recruteur et de montrer assurance et dynamisme... De la même manière, regarder droit dans les yeux nous pose en tant que candidat sûr de ce qu'il entreprend. Un regard franc indique aussi la franchise et le respect de l'autre. Attention cependant à ne pas trop fixer et trop longtemps votre interlocuteur, cela peut être gênant. Il faut savoir trouver un équilibre « naturel ».

    Tout (ou presque !) se joue dans les trente premières secondes

    D'après les études réalisées sur le regard, chaque zone de regard peut être décryptée : un regard vers le bas à gauche montre que l'on est dans ses pensées, vers le bas à droite, que l'on se souvient d'émotions, en haut à gauche, d'images, en haut à droite, de sons... De même, lorsque l'on regarde son interlocuteur, la zone de regard bienveillant se situe au milieu du neznez, et si vous voulez prendre le contrôle de la situation, regardez du côté de son 3ème œilœil ! Quelqu'un qui se frotte les yeux signifie simplement qu'il a une mauvaise vue, mais aussi qu'il ne veut pas voir quelque chose, ou pire qu'il vous ment.

    Souriez, vous êtes repérés !

    Le sourire affiché est aussi nécessaire, mais point trop n'en faut, sinon vous serez suspecté de cacher quelque chose. C'est d'ailleurs un neurologue français du XIXe siècle, fondateur de la neurologieneurologie, Guillaume Duchenne de Boulogne qui avait étudié le rôle de l'expression faciale dans le langage non verbal et mis en évidence si un sourire est forcé ou non. Ses expérimentations électriques lui ont permis de montrer qu'un vrai sourire de bonheur est formé non seulement par les muscles buccaux mais aussi par les muscles oculaires. Ces sourires « authentiques » ont depuis été nommés « sourires de Duchenne » en son honneur. Donc, en cachant le bas du visage, il est aisé de voir si les yeux sont « rieurs », signes d'un vrai sourire !

    Être un caméléon

    C'est également quelque chose qui revient très régulièrement. Réussir un entretien d'embauche, c'est savoir créer un lien invisible et informel avec l'autre. Cela passe par notre capacité à s'adapter à l'autre. Comme déjà mentionné dans les conseils sur la préparation aux entretiens d'embauche et les erreurs à éviter, quelques secondes nous suffisent pour réaliser un premier « diagnosticdiagnostic » de notre interlocuteur : s'il est froid, très droit et distant, il ne faut surtout pas chercher à « détendre » l'atmosphèreatmosphère mais plutôt rester dans ses codes posturaux ; s'il est plus convivial, nous pouvons nous sentir plus « cool » face à lui et adopter quelques traits de son comportement. Cela renvoie à l'autre de façon totalement inconsciente une sorte de signal de reconnaissance mutuelle : « Nous faisons partie de la même "famille" d'individus, nous avons les mêmes codes ». Si vous effectuez un geste, que vous riez ou que vous lancez la même idée en même temps, cela veut dire que vous êtes sur la même « longueur d'ondes » !

    La distance à mettre entre votre interlocuteur et vous est aussi un élément à prendre en compte. Trop loin ou trop près, nous n'entrons pas dans son champ de communication, et la communication passe mal. Nous avons tous une « zone de confort » de distance que nous mettons avec l'autre, et particulièrement, avec des inconnus. Un conseil donc, laissez au recruteur le soin d'imposer sa propre distance... Y compris s'il y a une table entre vous !

     

    Un « vrai » sourire envoie des signes de confiance à son interlocuteur. © Antonioguillem, Fotolia
    Un « vrai » sourire envoie des signes de confiance à son interlocuteur. © Antonioguillem, Fotolia

    Les mains ont leur langage

    Tout a été dit sur le langage propre des mains. Elles symbolisent notre état intérieur réel de stressstress. Alors, il est évident qu'il est essentiel de les « surveiller » et de les « dompter » en évitant de trop en faire avec les mains, de « brasser de l'air » comme il est dit dans le langage courant. Certains d'entre nous parlent plus « avec les mains » que d'autres, c'est un signe de votre personnalité. Tout est donc dans la modération. Éviter les tics nerveux avec les mains, comme se frotter les genoux, se gratter l'oreille ou le nez, remettre ses cheveux en place sans cesse, ajuster ses lunettes sans cesse... Les spécialistes du langage disent que les mains peuvent même révéler le mensonge, si elles bougent trop, ou s'il y a trop de gestes « parasitesparasites ». Dans le cas de l'entretien d'embauche, ce type de mensonge est difficile à déceler, car la sur-utilisation de ses mains est avant tout, et dans la plupart des cas, un signe de stress.

    Adoptez la posture d’ouverture

    C'est aussi un grand classique du langage non verbal. Un corps « qui se ferme » devant l'autre est absolument à proscrire car il montre que vous vous recentrez sur vous, que vous manquez d'assurance, que vous avez peur, que vous « refusez » d'entrer en contact avec l'autre, donc que vous refusez la conversation... Idéalement, il faut garder les bras ouverts et éviter de croiser les jambes (une posture peu pratique lorsque l'on est en jupe bien sûr !). Positionner son corps plutôt vers l'avant est reçu comme un signe d'ouverture, de volonté de communication, d'intérêt...

    Un nez qui en dit long !

    C'est en tout cas l'avis de certains mentalistes. Le nez serait la partie de notre corps la plus susceptible de nous trahir. En effet, d'amusantes démonstrations montrent que lorsqu'on demande à quelqu'un de mettre une pièce dans la main de son choix à l'abri des regards, puis de les tendre, inconsciemment, le visage va légèrement se tourner vers la main dans laquelle se trouve la pièce. Ainsi, lorsque l'on veut cacher un objet à l'autre, notre inconscient nous fait pousser le nez et orienter la tête là où est caché l'objet... C'est l'effet Pinocchio !