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    • Futura-sciences : Quelles sont les grandes innovations de la mission Mars Exploration Rovers envoyée par la NASA cette année ?

    Image du site Futura Sciences
    Olivier de GoursacOlivier de Goursac : Les deux rovers MER (Mars Exploration Rovers) sont des robotsrobots géologuesgéologues montés sur roues. Ils sont ainsi capables de parcourir de plus longues distances que le petit véhicule SojournerSojourner de 1997. Nous pourrons rouler plusieurs centaines de mètres à la surface de Mars (l'objectif étant de parcourir pour chacun d'eux au moins un km de distance), pour aller examiner in situ une grande variété de roches et de terrains. Il s'agit aussi de caractériser des régions où l'on sait que l'eau a jadis coulé et stagné. S'il y a des résidus d'évaporation par exemple, ils seront découverts et analysés. Mais la poussière peut recouvrir les échantillons par endroits. Voici pourquoi, on a placé sur le bras robotiquerobotique du rover un vraie ponceuse, capable d'abraser les roches, même les plus dures comme le granit et le basaltebasalte, sur une épaisseur de près d'un centimètre.

    • Futura-sciences : Existe-t-il un risque important de voir cette mission échouer au vu des nombreux échecs qui ont eu lieu lors des précédentes années d'exploration de Mars ?

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    Olivier de Goursac : Le risque réside surtout dans la phase d'atterrissage elle-même où la sonde peut se voir gênée par de forts ventsvents soufflant latéralement pendant son freinage par parachuteparachute. Il peut y avoir aussi plus de cailloux pointus qu'escomptés à l'arrivée, provoquant une rupture prématurée du coconcocon d'airbagsairbags... Mais Mars n'est pas une planète facile où atterrir. Les risques font donc toujours partie des missions martiennesmissions martiennes !

    © Nasa

    © Nasa

    • Futura-sciences : Les sites du cratère Gusev et de Meridiani Planum où atterriront les rovers ont-ils été choisis pour leur intérêt scientifique ou leur sécurité ? Le compromis choisi vous semble-t-il acceptable ?

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    Olivier de Goursac : Oui, le compromis choisi est acceptable pour le second site, HématiteHématite. La sonde se pose de toutes façons au milieu d'un vaste dépôt de ce minéralminéral (l'hématite) qui est situé sur un terrain ultra-plat dénué de tout relief accidenté. Concernant le cratère Gusev, site où atterrit la première sonde, certains auraient souhaité une dépose plus au sud, près de l'embouchure de Ma'Adim Vallis, là où les flots boueux du grand chenal ont pénétré dans le cratère, y déposant davantage de sédimentssédiments.

    • Futura-sciences : Quelles sont les grandes lignes du programme d'exploration de Mars international pour les prochaines années ?

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    Olivier de Goursac : Il y a surtout les deux prochaines missions américaines budgétées : MRO (Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter) qui prendra dès 2006 des images à très haute résolutionrésolution de Mars (détails de 30 cm de côté) et Phénix, un atterrisseur qui se posera dans les hautes latitudeslatitudes de l'hémisphère nordhémisphère nord, là où existent des terrains gorgés de glace à plus de 50% de leur volume ! L'Europe et la France réfléchissent de leur côté à l'envoi d'une série d'atterrisseurs et de rovers, capables d'analyser in situ des échantillons et d'analyser l'environnement martien...

    • Futura-sciences : Qu'elle est l'origine de votre passion pour la planète rouge et son exploration ?

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    Olivier de Goursac : Ma passion pour Mars est née vers l'âge de 5 ans en regardant des vues de Mars peintes par Chesley Bonnestell, grand illusttrateur américain des années 40 à 60, parus dans les ouvrages Time-Life sur l'univers. On y voyait une fuséefusée pointue et étincelante se poser sur Mars et des astronautesastronautes descendre une fragile échelle pour poser le pied sur la planète. Au loin, comme des étendues de moussesmousses bleuâtres... En bref, de l'aventure et du mystère !

    • Futura-sciences : La planète rouge parait être un monde très hostile, qu'est-ce qui motive votre action ?

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    Olivier de Goursac : Comme le dit Robert Zubrin, ingénieur astronauticien et Président de l'influente association américaine Mars Society (représentée en France par l'association Planète Mars) : « La conquête de Mars sera faite par des hommes de ferfer dans des vaisseaux de boisbois et non l'inverse » ! Mon action est donc motivée par la découverte d'un monde nouveau et l'aventure de son exploration.

    Descente de Beagle2 © Nasa

    Descente de Beagle2 © Nasa

    • Futura-sciences : Plus nous avançons dans l'exploration de Mars, plus les mystères qui l'entourent s'épaississent. Pensez-vous qu'un jour nous découvrirons tous ses mystères ? Qu'adviendra-t-il alors du mythe de la planète rouge entretenu depuis tant de siècles par les hommes ?

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    Olivier de Goursac : Heureusement que la planète rouge n'a pas encore livrée tous ses secrets ! Même sur Terre il reste encore des découvertes à réaliser. Il restera toujours une quête, sur Mars ou ailleurs : celui de la recherche de la vie dans l'univers.

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    Olivier de Goursac : J'avais contacté Adrian pour lui expliquer mon projet de réaliser des vues hyper-réalistes de Mars en 3D, car je connaissais son expertise dans le formatageformatage de données altimétriques. Moi-même, je maîtrise bien certains logicielslogiciels de visualisation. Adrian a ainsi accepté de « mouliner » les données altimétriques brutes récupérées en orbiteorbite martienne par l'instrument MOLA (l'altimètre laserlaser) de la sonde Mars Global Surveyor. Le plus dur pour nous a été ensuite de concevoir un protocoleprotocole de formatage de ses données après retraitements afin qu'elles soient compatibles avec mes logiciels. Après beaucoup d'essais infructueux, j'ai pu enfin produire une première image. C'était une vue prise du fond du grand canyon Valles Marineris qui simulait une fin d'après-midi. Le résultat a été vraiment stupéfiant : pour la première fois au monde je me trouvais comme un astronaute dans le grand canyon, dont les falaises s'estompaient progressivement au loin dans la brumebrume... Je l'ai envoyée à Adrian qui n'en a pas cru ses yeuxyeux non plus. Ensuite, nous avons fait valider entièrement notre protocole par le centre du NASA/GSFCGSFC (le laboratoire qui a conçu l'expérience) et les scientifiques m'ont demandé de leur produire une série de très beaux panoramas qu'ils ont pu montrer dans des conférences de la NASA.

    Express Orbiter © Nasa

    Express Orbiter © Nasa

    • Futura-sciences : Quel votre rêve 'martien' le plus fou ?

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    Olivier de Goursac : D'abord, aller marcher sur ...la LuneLune, car Mars, je m'y suis déjà promené très souvent (par sondes et simulations interposées) !

    J'aimerais bien qu'un monastère bénédictin s'installe sur le bord d'une falaise de Valles Marineris : la vue y serait très impressionnante, car le fond du canyon serait parfois à plus de 7000 m en contrebas ! En outre ce serait un endroit, très serein pour y prier, méditer et y rechercher la paix de l'âme. Le matin, la lumièrelumière est superbe, rehaussant les plus infimes reliefs. Ils sont baignés d'une lumière irisée, car le canyon se remplit souvent d'une mer de brumes et la Terre n'apparaîtrait dans le ciel martien que comme une petite étoileétoile très brillante : c'est « l'Etoile du Berger » de Mars !

    Mon rêve, c'est aussi d'aller explorer une planète de type terrestre autour d'une autre étoile. Une de mes séquences de films préférée, se trouve à la fin du « Choc des Mondes » (« When Worlds Collide », George Pal, 1951), lorque les astronautes ouvrent la porteporte de leur vaisseau et découvrent le paysage nouveau de la planète terrestre sur laquelle ils viennent de se poser et qu'ils vont coloniser...