C’est une belle nouvelle pour le Seti Institute qui vient d’annoncer sa collaboration avec le téléscope spatial Tess de la Nasa. L’aboutissement et la reconnaissance de longues années de recherche jugées plus crédibles aujourd’hui, grâce à la découverte depuis 1995 d’exoplanètes et l’étude d’exomophiles. La recherche d'intelligence extraterrestres gagne ses lettres de noblesse.


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    Des astronomesastronomes spécialisés dans la recherche d'intelligenceintelligence extraterrestre ont annoncé mercredi une collaboration nouvelle avec le télescope spatial Tess (Transiting Exoplanet Survey SatelliteTransiting Exoplanet Survey Satellite)) de la Nasa, un accord qui souligne à quel point la chasse à « ET » a gagné ses galons de discipline scientifique.

    L'AFP a interviewé à cette occasion une astronome qui a consacré sa vie à ce sujet -- et que Jodie Foster a interprétée dans le film Contact en 1997 -- : Jill Tarter, pionnière de la recherche de signaux venant de lointaines galaxies et présidente émérite de la recherche au Seti Institute (Search for Extra-Terrestrial IntelligenceSearch for Extra-Terrestrial Intelligence), en Californie, fondé en 1984 et financé par de riches entrepreneurs de la Silicon ValleySilicon Valley, dont feu Paul Allen.

    « Nous avons beaucoup travaillé depuis des années pour nous distinguer des pseudosciences et des ovnis, explique l'astronome, aujourd'hui âgée de 75 ans. Nous avons publié des études, nous sommes passés par les comités de lecture, nous avons construit des instruments intéressants. C'est bien plus crédible aujourd'hui qu'auparavant ».

    Jill Tarter, du <em>Seti Institute</em>, le 23 octobre 2019 au 70<sup>e</sup> Congrès astronautique international à Washington. © Ivan Couronne, AFP Photo
    Jill Tarter, du Seti Institute, le 23 octobre 2019 au 70e Congrès astronautique international à Washington. © Ivan Couronne, AFP Photo

    De la science-fiction à la science

    L'accord annoncé mercredi, au 70e Congrès astronautique international à Washington, concerne les scientifiques qui opèrent le télescope Tess, lancé par la Nasa en 2018, et l'initiative Breakthrough Listen, fondée en 2015 par Yuri Milner, milliardaire russe pionnier d'internetinternet. Deux découvertes ont fait passer leur discipline de la science-fiction à la science : la découverte depuis 1995 d'« exoplanètes » -- récemment récompensée par le prix Nobel --, c'est-à-dire de planètes ailleurs que dans le système solairesystème solaire. Et d'autre part, l'étude des extrêmophiles, ces organismes capables de vivre à des températures ou des niveaux de pressionpression extrêmes.

    « Si vous savez qu'il y a ces terrains potentiellement habitables là-bas, comment ne pouvez-vous pas vous demander s'ils sont effectivement habités ? » demande Jill Tarter. Les instruments incluent des télescopestélescopes (optiques) et des radiotélescopesradiotélescopes, qui cherchent dans le ciel le moindre signal, la moindre anomalieanomalie qui témoignerait d'une intelligence extraterrestre. En fait, dit Jill Tarter, « nous ne savons pas comment trouver de l'intelligence ». À la place, les astronomes cherchent des signes de technologie, tout signal non-naturel.

    Illustration non datée du télescope Tess de la Nasa, lancé en 2018. © Handout, Nasa, AFP, Archives
    Illustration non datée du télescope Tess de la Nasa, lancé en 2018. © Handout, Nasa, AFP, Archives

    L'espoir de détecter la moindre anomalie

    « Nous cherchons des preuves de l'existence d'une technologie fabriquée par quelqu'un d'autre ». Cela pourrait être un signal TV ou radio qui aurait voyagé jusqu'à nous, comme la Terre en émet en continu. Ou bien les astronomes imaginent distinguer, dans la trace lumineuse d'une planète, des variations qui indiqueraient la présence de grandes structures comme des stations spatialesstations spatiales.

    À l'avenir, l'idée serait aussi d'analyser, d'après une image suffisamment précise, la composition chimique de l'atmosphèreatmosphère d'une planète... et d'y trouver des traces de phénomènes biologiques. Comme sur Terre, les humains, les « pets de vachesvaches » et la photosynthèsephotosynthèse des plantes ont changé notre atmosphère.

    « Peut-être qu'on verrait un déséquilibre chimique qui n'aurait pas d'autre explication, dit Jill Tarter. Mais il faudrait de gros télescopes ». L'humanité a-t-elle plus de chance de trouver des microbesmicrobes sur Mars ou bien de la vie dans une autre galaxie ? « Chacun pourrait être la main gagnante », répond la chercheuse.

    Jill Tarter lors de la présentation de la nouvelle planète découverte Kepler-22b, au centre Ames de la Nasa, le 5 décembre 2011, à Moffett Field, en Californie. © Justin Sullivan, Getty, AFP, Archives
    Jill Tarter lors de la présentation de la nouvelle planète découverte Kepler-22b, au centre Ames de la Nasa, le 5 décembre 2011, à Moffett Field, en Californie. © Justin Sullivan, Getty, AFP, Archives

    La quête de vie ailleurs est une entreprise multigénérationnelle

    Est-elle jamais découragée de n'avoir toujours rien trouvé ? « Les gens qui font ce travail ne se lèvent pas le matin en se disant : "je vais trouver un signal aujourd'hui !". Car c'est la meilleure façon d'être déçu en se couchant le soir. Non, ils se lèvent en se disant qu'ils vont améliorer les outils de recherche ».

    Si elle avait une baguette magique, Jill Tarter voudrait « financer une armée de post-doctorants [pour assurer la relève, ndlr]. Il faut des financements stables à très, très long terme, car c'est une entreprise sans doute multigénérationnelle ».

    Quand bien même on recevrait un signal d'une civilisation à 100.000 années-lumièresannées-lumières, à quoi bon puisqu'on ne pourrait pas leur rendre visite ou même communiquer avec elle, puisqu'une réponse mettrait 100.000 ans à arriver ? « Vous lisez Shakespeare, ou les Grecs ? Nous avons appris énormément d'eux, même si on ne pouvait pas leur poser de questions. C'est de l'information propagée en avant dans le temps, répond Jill Tarter. Voilà à quoi ressemblerait sans doute la communication avec une technologie distante ».

    Tour du monde des plus grands télescopes terrestres

    Le télescope géant MagellanLe grand télescope d’Afrique australeL’observatoire W. M. KeckLe grand télescope des îles CanariesLe télescope géant européen ou ELTLe télescope de trente mètres ou TMTLe grand télescope binoculaireLe Very Large Telescope ou VLTLes télescopes de MagellanLe ciel du Paranal au-dessus de l’un des télescopes auxiliaires du VLTAlma, le grand réseau d’antennes millimétrique-submillimétrique de l’AtacamaLe Allen Telescope ArrayLe Very Large Array ou VLALe géant AreciboL’observatoire du mont PalomarLe télescope VistaLe New Technology TelescopeLe télescope de 3,6 mètres de l’ESOL’observatoire Canada-France-HawaïL’observatoire Gemini
    Le télescope géant Magellan

    Le Giant Magellan Telescope (GMTGMT) -- en français, télescope géanttélescope géant Magellan -- sera installé à l'observatoire de Las Campanas, au Chili. Sa mise en service est prévue pour 2029. Il se composera de sept miroirsmiroirs de 8,4 mètres de diamètre chacun. Sa surface optique totale sera de 24,5 mètres de diamètre et sa surface collectrice atteindra 368 m2. Sa résolutionrésolution sera 10 fois supérieure à celle du télescope spatial Hubbletélescope spatial Hubble. © Giant Magellan Telescope, GMTO Corporation, CC by-sa 3.0