Le sexe peut-il être une alternative naturelle aux pulvérisations pour soulager la congestion nasale ? Voilà l’une des questions posées par des chercheurs récompensés par un prix IgNobel cette année. Ce prix, parodie du prix Nobel, récompense chaque année les études scientifiques les plus insolites. La cérémonie de remise des prix, qui se veut, elle aussi, très humoristique, s’est déroulée virtuellement ce jeudi 9 septembre. Voici les principaux lauréats.
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Créés en 1991, les IgNobel sont une parodie bon enfant des prix Nobel, et honorent les études scientifiques « qui font d'abord rire les gens, puis les font réfléchir ». Lors de la remise de leur prix, les lauréats doivent expliquer leur travail deux fois : une fois toutes les 24 secondes et la seconde, en seulement sept mots. La cérémonie comprend également des mini-opéras, qui portaient cette année sur l'ingénierie, le thème de la soirée. Voici les principaux gagnants du cru 2021.
IgNobel de biologie
- Citation : Susanne Schötz (Suède) pour avoir analysé les variations de ronronnement, gazouillis, bavardage, roulement, pépiement, murmure, miaulement, gémissement, grincement, sifflement, hurlement, grognement et autres modes de communication entre le chat et l'humain.
Le chat est une source inépuisable d'inspiration scientifique. Preuve en est encore avec cet ensemble de cinq études sur les vocalises émises par les chats qui semblent être la passion de cette chercheuse suédoise. Celle-ci a, par exemple, constaté qu'un murmure et un miaulement combinés sont l'énoncé le plus courant du chaton, tandis que regarder les oiseaux à travers une fenêtrefenêtre suscitera des bavardages ou des gazouillis prolongés.
IgNobel de médecine
- Citation : Olcay Cem Bulut, Dare Oladokun, Burkard Lippert et RalphRalph Hohenberger, pour avoir démontré que les orgasmesorgasmes sexuels peuvent être aussi efficaces que les médicaments décongestionnants pour améliorer le fameux « neznez bouché ».
En 1897, un oto-rhino-laryngologiste allemand nommé Wilhelm Fliess, ami proche et confident de Freud, a énoncé qu'il existait un lien physiologique entre le nez et les parties génitales. Partant de ce postulat, qui n'a jamais pu être vérifié scientifiquement, des chercheurs allemands, turcs et britanniques se sont demandé si le sexe pouvait favoriser la décongestion nasale. Ils ont sans problème trouvé 18 couples volontaires et mesuré leur débitdébit respiratoire avant et après l’orgasme. L'effet est nettement positif, mais dure moins longtemps que celui du spray nasal, rapportent les auteurs de l'étude.
IgNobel d’écologie
- Citation : Leila Satari, Alba Guillén, Àngela Vidal-Verdú et Manuel Porcar, pour avoir utilisé l'analyse génétiquegénétique afin d'identifier les différentes espècesespèces de bactériesbactéries qui résident dans des restes de chewing-gums collés sur les trottoirs de divers pays.
Les gens ont malheureusement la mauvaise habitude de jeter les chewing-gums usagés un peu partout, en particulier sur les trottoirs. Mais, si cette pratique est un fléau pour les services de nettoyage, elle a permis à une équipe de scientifiques espagnols et iraniens d'étudier les bactéries présentes dans les chewing-gums de cinq pays différents, et de surveiller leur évolution au fil du temps. Les chercheurs ont ainsi constaté que les bactéries buccales initialement présentes dans la gomme cèdent peu à peu la place aux bactéries présentes dans l’environnement, qui permettent la dégradation du chewing-gum.
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Combien de bactéries dans un vieux chewing-gum ? © chewingscum, Instagram
IgNobel de chimie
- Citation : Jörg Wicker, Nicolas Krauter, Bettina Derstroff, Christof Stönner, Efstratios Bourtsoukidis, Achim Edtbauer, Jochen Wulf, Thomas Klüpfel, Stefan Kramer et Jonathan Williams, pour avoir analysé chimiquement l'air à l'intérieur des salles de cinéma.
Jörg Wicker et ses collègues ont publié en 2015 une étude intrigante sur les composés organiques volatilscomposés organiques volatils (COV) émis par les spectateurs en réponse à des scènes spécifiques d'un film donné. Les chercheurs ont notamment constaté que, lorsque le rythme cardiaque des spectateurs augmente, on détecte une hausse des émissions de CO2 et d'autres COV, dont certaines correspondent à un type de scène spécifique. Cet effet est particulièrement vrai pour les scènes de suspens et de comédie.
IgNobel d’économie
- Citation : Pavlo Blavatskyy, pour avoir découvert que l'obésitéobésité des politiciens d'un pays peut être un bon indicateur de la corruption de ce pays.
Cocorico ! L'igNobel d'économie est allé cette année à un chercheur de la Business School de Montpellier, pour ses travaux sur la corruption. Ce dernier s'est demandé si l'indice de masse corporelleindice de masse corporelle (IMC) d'un dirigeant pouvait être lié à la corruption dans un pays donné. Il a ainsi sélectionné 299 visages de dirigeants politiques de 15 États post-soviétiques, « où la corruption est perçue comme très importante ». Résultat : on observe en effet une forte corrélation entre les deux indices. Par exemple, les pays baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) et la Géorgie sont jugés les moins corrompus, et leurs dirigeants politiques ont l'IMC médian le plus faible.
IgNobel des transports
- Citation : Robin Radcliffe, Mark Jago, Peter Morkel, Estelle Morkel, Pierre du Preez, Piet Beytell, Birgit Kotting, Bakker Manuel, Jan Hendrik du Preez, Michele Miller, Julia Felippe, Stephen Parry et Robin Gleed, pour avoir déterminé par expérience s'il est plus sûr de transporter un rhinocérosrhinocéros aéroporté à l'envers.
Un rhinocéros est-il moins stressé transporté la tête à en bas ou à l'horizontale lors d'un transport par hélicoptère. Cette question cruciale a été analysée par Robin Radcliffe et ses coauteurs dans une étude de 2021, qui a notamment analysé les effets de la posture et des sédatifs administrés à douze rhinocéros noirs lors de leur transfert. Les chercheurs avaient émis l'hypothèse que la posture à l'envers des animaux entraînerait des effets plus nocifs que la position horizontale (latérale), mais leurs résultats n'ont pas réussi à le confirmer.
Transport de rhinocéros noir par les pattes. © truly, YouTube
IgNobel de la paix
- Citation : Ethan Beseris, Steven Naleway et David Carrier, pour avoir testé l'hypothèse selon laquelle les humains ont développé la barbe pour se protéger des coups de poing au visage.
Une barbe bien épaisse a été perçue comme un signe de virilité au cours des âges. Mais Ethan Beseris et ses collègues se sont demandé si la barbe pouvait aussi remplir d'autres fonctions. Ils ont décidé des tester si les poils de barbe épais pouvaient offrir une bonne protection contre les traumatismes résultant de frappes lors d'une bagarre. Ils ont pu constater que des échantillons de peau avec des poilus amortissaient en effet les coups de 30 %. Cela expliquerait, selon les chercheurs, pourquoi les hommes « avec une masculinité et une agressivité élevées » arborent un barbe épaisse.
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