Au premier jour de son « opération militaire spéciale » en Ukraine, Vladimir Poutine ordonnait la prise de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Près de deux semaines plus tard, la sûreté du site pourrait être remise en question. L'alimentation électrique de la centrale a été coupée. Et le personnel en poste est épuisé.


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    Il y a près de deux semaines, et dans le cadre de l'« opération militaire spéciale » lancée le jour même par Vladimir Poutine, les forces russes s'emparaient de la tristement célèbre centrale nucléaire de Tchernobyl. Les autorités nous rassuraient alors : la sûreté des installations n'avait pas été remise en question. Même si le taux de radiation enregistré sur la zone avait légèrement augmenté.

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    Mais ce matin, l'opérateur ukrainien Ukrenergo livrait une information préoccupante. Il indiquait que la centrale nucléairecentrale nucléaire de Tchernobyl a été déconnectée du réseau électriqueréseau électrique et qu'elle n'est, de fait, elle-même, plus alimentée, laissant craindre que les systèmes de refroidissement des combustibles nucléaires usés ne puissent plus tenir leur rôle. Et que des substances radioactives puissent alors être libérées dans l'air puis emportées par les ventsvents.

    Les générateursgénérateurs d'urgence qui ont pris le relais semblent avoir une autonomieautonomie de 48 heures. Une autonomie suffisante en temps normal. Mais peut-être pas cette fois. Les combats en cours dans la région empêchent en effet pour l'heure toute possibilité d'intervention sur la ligne électrique à haute tension de la centrale.

    Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), toutefois, le système en place à Tchernobyl n'a pas besoin d'une alimentation électrique pour garder son efficacité. La chaleur restant à dissiper après plus de 20 ans étant minime. La coupure de l'électricité sur le site de la centrale, en revanche, vient une fois de plus se heurter aux principes qui régissent la sûreté nucléaire.

    La situation est d'autant plus préoccupante que l'Aiea précisait, hier déjà, que les systèmes qui lui permettent habituellement de suivre à distance le comportement des matériaux nucléaires et des moyens mis en œuvre pour éviter toute fuite radioactive dans le périmètre de la centrale de Tchernobyl ont arrêté de transmettre des données.

    Une situation difficile et stressante

    Dans le même communiqué, l'Aiea soulignait que le personnel de la centrale -- plus de 200 techniciens -- est désormais en poste depuis pas moins de quatorze jours. Sans relève. Le tout avec un accès limité à la nourriture et à l'eau. Alors même que Rafael Mariano Grossi, le directeur général de l'Aiea, rappelait, il y a quelques jours, que la capacité, pour le personnel exploitant les installations, à prendre des décisions pesées et sans pression est l'un des sept piliers de la sécurité et de la sûreté nucléaire.

    « Je suis profondément préoccupé par la situation difficile et stressante à laquelle est confronté le personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl », a-t-il déclaré hier. Appelant « les forces qui contrôlent effectivement le site à faciliter de toute urgence la rotation du personnel ». L'autorité de régulation ukrainienne précisait alors que les seuls contacts qu'elle pouvait avoir avec le personnel sur site se faisaient par e-mail.

    Les autres centrales nucléaires du pays semblent fonctionner normalement, les équipes continuant le roulement habituel. Y compris du côté de la centrale de Zaporojie, elle aussi aux mains des forces russes. Les niveaux de rayonnements apparaissent normaux. L'Aiea a toutefois décidé d'engager une opération d'examen de l'état des systèmes de surveillance à distance des garanties.

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