Le rover Yutu-2 de la mission Chang’e 4 qui s’est posée sur la face cachée de la Lune le 3 janvier dernier a découvert des minéraux interprétés par les chercheurs comme étant issus du manteau lunaire. Une première en 60 ans d’exploration de notre satellite naturel.


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    Le 3 janvier 2019, l'atterrisseur Chang’e 4 et l'astromobile Yutu-2 qui l'accompagne sont devenus les premiers engins fabriqués sur Terre à s'être posés sur la face cachée de la Lune. Le site choisi par les équipes de la mission chinoise est Von Kármán (180 kilomètres de diamètre), l'un des nombreux cratères d'impact qui tapissent le plancherplancher de l'immense bassin du Pôle Sud-Aitken.

    Ce dernier, avec un diamètre approximatif de 2.500 kilomètres et une profondeur de 13 kilomètres, a été créé par un impact géant dans la jeunesse de notre satellite, il y a quelque 3,9 milliards d'années. Et lors de ce choc, comme le suggèrent des simulations et aussi les observations de la surface par l'orbiteur Grail, des roches du manteau lunaire ont probablement été éjectées. Mais comme l'activité volcanique au cours de cette période a tout recouvert, les matériaux excavés n'affleurent plus vraiment en surface..., sauf si, plus tard, des météorites creusent de nouveau le sol. Ce qui s'est produit des millions de fois un peu partout sur la Lune après la formation des Mers (Mer des Pluies, Mer de la Tranquillité, Océan des TempêtesTempêtes, etc. sont de grands bassins d'impact emplis de lavelave).

    La station Chang’e 4 photographiée par le rover Yutu-2 avec laquelle il s’est posé sur la Lune. Ses traces de roue sont bien visibles. © CNSA via Andre Jones (@AJ_FI) 
    La station Chang’e 4 photographiée par le rover Yutu-2 avec laquelle il s’est posé sur la Lune. Ses traces de roue sont bien visibles. © CNSA via Andre Jones (@AJ_FI) 

    Un aperçu du manteau lunaire

    Dans la région du bassin du Pôle Sud-Aitken, ces morceaux présumés du manteau lunaire ont pu refaire surface après la formation - plus récente - du cratère Finsen (environ 72 kilomètres de diamètre), un voisin de Von Kármán. Et par chance, certains gisent sur le chemin du rover Yutu-2, lequel n'a pas manqué d'analyser la lumière qu'ils réfléchissent via son instrument VNIS (Visible and Near Infrared Spectrometer). Verdict, leur composition est différente de tout ce que son prédécesseur Yutu-1 avait étudié de l'autre côté de la Lune, dans la Mer des Pluies. Cette fois, les minérauxminéraux contiennent de l'olivineolivine et du pyroxènepyroxène à faible teneur en calcium. Dans l'article qui vient de paraître dans la revue Nature, les chercheurs avancent qu'ils pourraient donc provenir du manteaumanteau lunaire.

    Une bonne et grande nouvelle car si ces premiers résultats, « très excitants », sont confirmés, cela va offrir aux chercheurs un aperçu inédit sur le manteau de notre satellite naturel et donc sur son histoire. « Cette reconnaissance initiale sera approfondie et validée par l'exploration en cours à la surface de Chang'e-4, a indiqué James W. Head, professeur de géosciences à la Brown University, et nous attendons avec impatience ces résultats supplémentaires. » Nous aussi.

    Sur cette carte, la croix marque l’emplacement de l’atterrisseur Chang’e 4 dans le cratère Von Kármán sur la face cachée de la Lune. Non loin de là, le cratère Finsen. © Li Chunlai et al.
    Sur cette carte, la croix marque l’emplacement de l’atterrisseur Chang’e 4 dans le cratère Von Kármán sur la face cachée de la Lune. Non loin de là, le cratère Finsen. © Li Chunlai et al.

    Ce n'est bien sûr pas un hasard si Chang'e 4Chang'e 4 s'est posée là. D'une part, le terrain relativement plat convient au rover et à l'atterrisseur, et d'autre part, des traces du manteau sont suspectées de s'y trouver. Sans parler que c'est une première historique d'explorer la face cachée de la Lune. La cueillette commence bien donc et ouvre la voie à une prochaine mission de retour d'échantillons sur Terre.

    Voir aussi

    En vidéo : revivez l'atterrissage historique de Chang'e 4 sur la face cachée de la Lune