Depuis des dizaines d’années, les chercheurs essaient de voir comment se débrouille la vie en apesanteur. C’est plus connu dans la Station spatiale internationale mais on peut parfois tomber sur des projets de serre orbitales. Mise en orbite lundi, PlantSat est la plus petite d’entre elles.


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    PlantSat est un projet universitaire chilien du Laboratoire d'exploration spatiale et planétaire (Spel) de l'université du Chili. Il s'agit d'un nanosatellitenanosatellite de près de trois kilos et de la taille d'une bouteille d'eau. Il s'agit d'un cubesat, c'est-à-dire que les unités de volume - 1U - sont des cubes de 10 cm de côté. PlantSat est un cubesat 3U : 10 x 10 x 30 cm, dont un tiers dédié à la serre.

    PlantSat est un des trois cubesats de l'université du Chili à avoir été mis en orbite. En réalité, ils ont atteint l'espace à bord d'une fuséefusée Falcon 9 de SpaceXSpaceX le 1er avril. Comme les deux autres cubesats, PlantSat était retenu à bord d'un déployeur orbital piloté par la société italienne de service en orbite D-Orbit. Une fois largué hors de la Falcon 9, le déployeur orbital s'est déplacé par ses propres moyens avant d'éjecter PlantSat sur son orbite définitive dix jours plus tard, à 550 km d'altitude. Les deux autres cubesats seront déployés plus tard.

     

    Si seulement un tiers du volume de PlantSat est dédié à la serre, le reste héberge tous les sous-systèmes qui assurent le bon fonctionnement du cubesat, dont ses batteries pour son alimentation électrique, ces dernières se rechargeant à l'aide de petits panneaux solaires posés sur les flancs de la structure.

    Simuler les conditions de vie sur Mars

    L'Université du Chili a de la suite dans les idées. Le but de toute cette expérience est de voir comment se débrouillerait une plante à la surface de notre voisine rouge. Pour cela, il faut un milieu avec une faible pesanteur (sur Mars, cela correspond à 40 % de la pesanteur terrestre) et soumis à des radiations car le très faible champ magnétique martien n'apporte quasiment aucune protection et la faible teneur de l'atmosphèreatmosphère agit peu par rapport à celle sur Terre.

    Les chercheurs ont trouvé une parfaite plante candidate : Tillandsia. C'est une petite plante qui peut survivre dans des conditions difficiles et avec peu de ressources dans les cimes des Andes ou dans le désertdésert de l'Atacama. De plus, cette plante n'a pas besoin d'être mise en terre pour vivre. Elle a surtout besoin d'un minimum d'oxygène, lequel sera diffusé dans la serre à l'aide d'un système électronique. Selon l'Université du Chili, il y aura également dans le petit habitacle quelques micro-organismesmicro-organismes qui pourraient se dégrader et ainsi apporter des ressources à la Tillandsia.

    Visuel (en espagnol) des différentes fonctionnalités de PlantSat. © Université du Chili
    Visuel (en espagnol) des différentes fonctionnalités de PlantSat. © Université du Chili

    Projets complexes mais indispensables

    Rares sont les expériences de serres spatiales indépendantes en raison de leur complexité et de leur besoin d'approvisionnement comme on peut le faire dans l'ISS. Parmi les dernières expériences de ce genre, on peut compter la serre spatiale allemande Eu:Cropis, un projet beaucoup plus gros (250 kgkg) issu de l'agence spatiale allemandeagence spatiale allemande, et mis en orbite fin 2018 par une Falcon 9 de SpaceX. Le satellite pouvait réguler sa rotation sur lui-même pour générer de gravitésgravités correspondant à différents corps du Système solaireSystème solaire (la LuneLune ou Mars). Malheureusement, à la suite d'un dysfonctionnement informatique, l'expérience n'a pas pu se faire.

    On se rappelle aussi l'expérience de l'agence spatiale chinoise sur la face cachée de la Lune avec la mission Chang'e 4mission Chang'e 4. Ils étaient parvenus à faire pousser un peu de coton à bord de l’atterrisseur.

    Le satellite Eu:Cropis de l'agence spatiale allemande. © DLR
    Le satellite Eu:Cropis de l'agence spatiale allemande. © DLR

    Bien que particulièrement complexes, toutes ces expériences restent néanmoins très importantes pour l'avenir de l'exploration planétaire habitée. Elles aident les agences à étudier comment faire pousser des aliments au cours d'une mission spatiale pour soutenir la logistique d'une mission pour Mars par exemple. Faute de place pour emporter de la nourriture pour 18 mois de mission (temps minimum pour un aller-retour pour Mars), il faut que les astronautesastronautes puissent cultiver une partie de leur nourriture.

    PlantSat et son équipe du SPEL. © Université du Chili, Spel
    PlantSat et son équipe du SPEL. © Université du Chili, Spel