En attendant l’arrivée de la sonde Europa Clipper, les scientifiques continuent à s’intéresser de près à cette petite lune gelée de Jupiter. Une nouvelle étude révèle notamment que les marées internes que subit Europe pourraient être une importante source de chaleur.


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    Étrange Europe. Cette lune de JupiterJupiter, à peine plus petite que notre Lune, présente une surface entièrement gelée, scarifiée par de longues fissures. Contrairement aux autres lunes du Système solaire, Europe ne possède de plus quasiment aucun cratère d'impact. Des spécificités qui suggèrent que sa surface est continuellement remaniée, un peu à l'image d'une tectonique des plaquestectonique des plaques, mais très exotiqueexotique.

    Outre les larges stries, la surface d'Europe apparaît relativement lisse et sans cratère. © Nasa, JPL-Clatech, SwRI MSSS, image travaillée par Kevin M. Gill, CC by 3.0
    Outre les larges stries, la surface d'Europe apparaît relativement lisse et sans cratère. © Nasa, JPL-Clatech, SwRI MSSS, image travaillée par Kevin M. Gill, CC by 3.0

    Un océan sous-glaciaire animé de puissants courants

    Cette dynamique de surface révèle toutefois que d'importants courants doivent animer l'intérieur d'Europe, qui serait constitué d'un profond océan sous-glaciaire. Cet océan d'eau salée serait en contact direct avec les roches du manteaumanteau. Une configuration permettant d’intenses échanges chimiques et thermiques entre les roches et l’eau. De fait, il est envisagé qu'Europe puisse présenter les conditions nécessaires à l’apparition de la vie.

    Des chercheurs se sont penchés sur l'origine de cette circulation océanique sous-glaciaire et sur l'impact qu'elle peut avoir sur l'épaisseur de la croûtecroûte de glace. Les résultats ont été publiés dans la revue AGU Advances.

    Les marées, source de chaleur

    Si la chaleur transmise par le manteau semble l'un des moteurs principaux de cette circulation, il apparaît que deux sources distinctes peuvent être invoquées. La première, bien connue sur Terre, est la décroissance des éléments radioactifs qui composent les roches du manteau. Mais ce processus pourrait ne pas être dominant. Car Europe possède une autre source d'énergie, en lien avec sa proximité immédiate avec Jupiter. Il s'agit des marées.

    Parmi les 95 lunes connues de la géante gazeusegéante gazeuse, Europe est une de celles qui orbitent au plus proche de la planète. L'attraction gravitationnelle qui s'applique sur Europe est donc énorme et produit d'importantes marées internesmarées internes. Or, cette déformation des roches du manteau est source de chaleur. Une chaleur qui est ensuite transférée à l'océan sous-glaciaire. Des modélisationsmodélisations ont permis d'établir que la chaleur associée aux marées était ainsi dominante dans le manteau d'Europe. Cette chaleur ne serait toutefois pas également distribuée. Elle serait notamment plus importante aux pôles, suggérant que la glace en surface serait plus fine dans ces régions.

    Les échanges chimiques et thermiques seraient très intenses à l'interface entre l'océan et le manteau. Les échanges de chaleur permettraient d'ailleurs de soutenir une circulation océanique impactant la surface gelée de la lune. © Nasa, JPL-Caltech, Wikimedia Commons, domaine public
    Les échanges chimiques et thermiques seraient très intenses à l'interface entre l'océan et le manteau. Les échanges de chaleur permettraient d'ailleurs de soutenir une circulation océanique impactant la surface gelée de la lune. © Nasa, JPL-Caltech, Wikimedia Commons, domaine public

    En attendant l’arrivée de la sonde Europa Clipper

    Des résultats que la sonde Europa Clipper devrait aider à confirmer. Cette sonde, dont le lancement est prévu en octobre 2024, devrait atteindre Europe en 2030. L'objectif est de confirmer la présence d'un océan d'eau liquideliquide et de déterminer si cette lune de Jupiter possède bien les conditions requises à la présence d'une vie extraterrestre.