De nouvelles analyses ont trouvé les preuves d'un déluge acide sur  la région de Toungouska, au-dessus de laquelle s'est désintégrée une météorite le 30 juin 1908, il y a cent ans.

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    Prélèvement de tourbe dans la Toungouska. © Evgeniy M. Kolesnikov, Lomonosov Moscow State University

    Prélèvement de tourbe dans la Toungouska. © Evgeniy M. Kolesnikov, Lomonosov Moscow State University

    Les résultats d'une analyse isotopique sur la tourbe récupérée dans la région de Toungouska (ou TunguskaTunguska), en Sibérie, montrent un énorme enrichissement en carbone 13 et en azote 15. Si l'on en doutait encore, « les quantités de carbone 13 retrouvées dans les échantillons de tourbe ne peuvent être expliquées par un quelconque processus terrestre », affirme Tatjana Böttger. Spécialiste de l'analyse isotopique, elle travaille à l'UFZ (Helmholtz-Zentrum für Umweltforschung, Centre Helmholtz de recherche sur l'environnement), un centre de recherche allemand, qui a participé à des études en collaboration avec des équipes russes (université d'état Lomonosov, Moscou) et italiennes (université de Bologne).

    Les mesures ont porté sur la sphaigne fauve (Sphagnum fuscum), une moussemousse caractéristique et même consubstantielle des tourbièrestourbières. En se décomposant après sa mort, en effet, elle participe à la formation de la tourbe. Sans racines ni système vasculaire, cette plante se nourrit en absorbant les aérosolsaérosols. La tourbe devient ainsi une chambre d'enregistrement de la composition de l'atmosphèreatmosphère.

    Après la désintégration du corps (astéroïde ou comète) qui a touché la Terre en ce mois de juin 1908, on estime que quelque 200.000 tonnes d'oxyde d'azoteoxyde d'azote se sont déversées sur la région. « Des températures très élevées ont été atteintes lors de l'entrée du corps dans l'atmosphère, explique Natalia Kolesnikova, de l'université Lomonosov, qui a participé aux recherches et publié un article sur le sujet en 2003. L'oxygène a alors réagi avec l'azote. » Par réaction avec l'eau, le dioxyde d'azote (NONO2) devient de l'acideacide nitrique (HNO3). Une longue période de pluies acides a donc dû suivre la terrible explosion qui a secoué la Sibérie.