Le 30 juin 1908, un évènement violent survenait dans la région de Tunguska, en Sibérie, équivalent selon les estimations ultérieures à l'explosion de 10 à 20 mégatonnes de TNT, dont l'onde de choc était ressentie jusqu'aux Etats-Unis. Mais l'isolement des lieux rendait l'endroit difficile d'accès, et lorsque la première équipe y parvint en 1927, les scientifiques furent stupéfaits de n'apercevoir ni cratère d'impact, ni débris, mais seulement une forêt de pins dont la plupart des troncs gisaient au sol, couchés.

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    Le lac Cheko. Crédit : University of Bologna.

    Le lac Cheko. Crédit : University of Bologna.

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    Premières photos réalisées en 1927 de l'"accident" de la Tunguska.

    Aujourd'hui, et malgré une profusion d'hypothèses quelquefois scientifiques, souvent fantaisistes, aucune solution définitive ne semble s'être dégagée pour expliquer cette énigme. Mais cela pourrait changer avec la récente visite sur les lieux d'une équipe de chercheurs italiens, conduite par Giuseppe Longo, de l'université de Bologne.

    Pourtant, le but des scientifiques n'était pas de rechercher des traces d'impact, mais d'analyser les sédimentssédiments reposant au fond du lac Cheko, situé à 6 kilomètres de l'épicentreépicentre, et susceptibles de contenir des traces de l'objet - météorite, petit astéroïde ou comète - à l'origine de l'évènement et d'aider à son identification. Ce lac avait par ailleurs déjà été visité à plusieurs reprises dans les années 1960, les chercheurs ayant alors conclu qu'il ne présentait pas les caractéristiques d'un cratère d'impact. Cependant, déclare aujourd'hui Longo, leurs moyens technologiques étaient limités, et l'évolution des sonars et de l'informatique mobilemobile permet aujourd'hui des conclusions très différentes.

    "Lorsque nous avons sondé le fond du lac jusqu'à une profondeur de 50 mètres, nous avons découvert des traces d'ondes sismiquesondes sismiques ou ce qui y ressemble", déclare le chercheur. "Personne n'avait pu s'en apercevoir jusqu'ici, et nous interprétons cette configuration comme résultant d'un impact à vitesse réduite", poursuit-il.

    Image du site Futura Sciences

    Image de synthèse du lac Cheko dans son environnement. Crédit : University of Bologna.

    Plongeant au fond du lac, des membres de l'équipe ont réussi à prélever environ 0,170 m3 de sédiments, mais n'ont pu démontrer une origine météoritique. "Pour réellement déterminer s'il s'agit d'un cratère d'impact, nous devons prélever un échantillon à dix mètres de profondeur sous le fond du lac", annonce Longo, et cela afin d'examiner la nature d'une anomalieanomalie détectée par les instruments de l'équipe, qui fonctionnent par réflexion d'ondes sismiques. Les scientifiques pensent qu'il pourrait s'agit d'une région où la terre a été rendue compacte suite au choc, ou même de la météorite elle-même. Dans ce cas, celle-ci pourrait, selon les analyses des indices enregistrés, mesurer dix mètres de diamètre pour une massemasse de 1700 tonnes.

    Image du site Futura Sciences

    Image sonar du lac Cheko. Crédit : University of Bologna.

    L'équipe de Longo projette de retourner sur les lieux l'an prochain, à l'occasion du 100ème anniversaire de l'évènement, et peut-être ainsi résoudre une énigme centenaire. Si l'hypothèse se confirme, l'atypicité de cette chute de météorite ou d'un corps similaire, compte tenu de l'apparente faible vitesse de sa chute, pourrait faire envisager une nouvelle catégorie d'accidentsaccidents cosmiques et faire progresser les méthodes de détection dans la perspective d'une meilleure protection de notre planète.