Il y a quelques jours, nous vous signalions la découverte de 2002 NT7, un astéroïde connu seulement depuis le 5 juillet dernier et dont la trajectoire croisera la proche banlieue terrestre le 1er février 2019.

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    Le Meteor Crater, en Arizona, a été provoqué voici 45.000 ans par la chute d'une météorite estimée à 10 millions de tonnes. Il mesure 1300 mètres de diamètre pour 179 mètres de profondeur. Crédit Office du Tourisme américain.

    Le Meteor Crater, en Arizona, a été provoqué voici 45.000 ans par la chute d'une météorite estimée à 10 millions de tonnes. Il mesure 1300 mètres de diamètre pour 179 mètres de profondeur. Crédit Office du Tourisme américain.

    Cette information a, depuis, été largement commentée dans la presse mondiale. L'effet d'annonce passé, qu'en est-il exactement ?

    Lorsqu'on examine le communiqué officiel en provenance de l'équipe d'astronomesastronomes auteurs de la découverte au Nouveau-Mexique, ou celui émis par le programme Near Earth Object (NEO) de la Nasa, et qu'on les compare aux articles répandus dans le grand public, on a droit à quelques surprises.

    Les communiqués originaux faisaient état de l'imprécision de la trajectoire, insistant sur la courte période d'observation (2 semaines) dont les chercheurs disposent aujourd'hui. Et de conclure que, selon eux, les possibilités d'une collision de ce petit corps avec notre planète était de 1 pour 10+6, soit 10 exposant 6 ou 1 chance sur un million (le chiffre 1 suivi de six zéros). Bien entendu, nombre de journalistes, bien plus habitués à retranscrire les exploits des coureurs du Tour de France ou les dernières tribulations des têtes couronnées, y sont allés de leurs diverses interprétations...

    C'est ainsi que ce nombre a été plus souvent traduit par 100.000 (six chiffres) ou même par 60.000 (eh oui...). Notons tout de même que dans le langage scientifique, "une chance sur un million" signifie par convention "une très grande improbabilité". Et que dans l'état actuel des choses, la position de l'astéroïde au 1er février 2019 n'est connue qu'avec une approximation de plusieurs... millions de kilomètres (la distance moyenne Terre - Lune n'est que de 385.000 km).

    Autre surprise, la description de l'intrus. De 2 à 4 km de diamètre, suivant les premières annonces officielles des scientifiques. Ce qui, somme toute, n'est pas bien affolant si l'on considère les dimensions de ses nombreux grands frères, tels CérèsCérès (930 km), PallasPallas (520 km), VestaVesta (500 km)... En fait, 200 astéroïdes environ ont un diamètre supérieur à 100 km, et plus de 1000 atteignent les 30 km. Dans cette classification, 2002 NT7, astéroïde-vedette du jour, fait plutôt figure de nain.

    Or, que lit-on, qu'entend-on ? Ce 25 juillet, le présentateur d'une chaîne de télévision francophone, après avoir cité une "chance" de collision de une sur un million (bien visé !), affirmait très sérieusement qu'il s'agissait "du plus gros astéroïde jamais détecté par les astronomes" (sic), et surenchérissait immédiatement en invoquant de façon très théâtrale le cataclysme que l'évènement pourrait entraîner, que "la Terre pourrait retourner à la préhistoire car la période de domination des dinosauresdinosaures a été provoquée par la chute d'un astéroïde". Monsieur le journaliste, ce ne serait pas plutôt l'inverse ? :-)

    Nul doute que devant de telles interprétations fantaisistes, les scientifiques y regarderont dorénavant à deux fois avant de communiquer leurs découvertes. Et cela est dommage, car nous serons informés avec un retard sans cesse croissant, mais on ne peut leur en vouloir : ils ne sont nullement responsables de ces déformations, qu'elles soient volontaires ou provoquées par l'incompétence de certains.

    Une chose demeure certaine : aujourd'hui, l'information n'est plus destinée à instruire le public, mais à être vendue. Et tant pispis si on tombe dans le sensationnalisme, ça se vend d'autant mieux !

    Conclusion : si vous recherchez une information de qualité, authentique, faites plutôt confiance à des sites comme Futura-Sciences, qui n'ont rien à vendre, mais tout à offrir !

    Par Rama, Futura-Sciences Belgique