Le satellite Soho vient de franchir une nouvelle étape avec la découverte de sa 4.000e comète. Cet événement est d'autant plus important que l'observatoire ne se destinait pas à l'observation de tels objets au moment de sa mise en orbite il y a 25 ans déjà.


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    Le 15 juin 2020, les scientifiques citoyens du projet de sciences participatives Sungrazer ont découvert une comète inédite dans les données de SohoSoho (Solar and Heliospheric Observatory). Bien qu'elle ne soit pas particulièrement remarquable, celle-ci marque une grande étape, car il s'agit de la 4.000e comète débusquée par l'observatoire en 25 ans de bons et loyaux services. Cet événement est d'autant plus notable que Soho n'avait pour mission première ni l'observation ni la détection de nouvelles comètes, mais bien plutôt l'étude de la structure interne du Soleil, et des processus à l'origine des ventsvents et de la couronne solaire.

    « Cette étape est un hommage rendu aux scientifiques et ingénieurs de la Nasa et de l'ESA qui ont permis à Soho de si bien fonctionner durant toutes ces années, commente Karl Battams, ingénieur en informatique scientifique responsable du projet Sungrazer. Et bien sûr, plus que tout, c'est un hommage à l'armée de scientifiques citoyens qui ont consacré tant de temps à l'exploration des images de Soho et nous ont aidés à sublimer l'incroyable quantité d'information que nous avions collectée jusqu'à présent ».

    Deux minuscules comètes frôlant le Soleil : SOHO-3999 et SOHO-4000. Le Soleil est masqué par un des coronographes de kla sonde Soho. © Nasa, ESA, SOHO, Karl Battams

    SOHO-4000

    La comète détectée par l'observatoire fait partie du groupe de Kreutz de comètes rasantes (sungrazer comet), c'est-à-dire une famille de comètes suivant la même trajectoire, et flirtant avec la surface du Soleil. Avec un diamètre situé entre 4,5 et 9 mètres, SOHO-4000 émet une lumière particulièrement faible du fait de sa proximité avec le SoleilSoleil, dont les radiations vaporisent le corps de la comète. Cela la rendrait théoriquement indétectable depuis la Terre. Mais grâce à la position privilégiée de la sonde spatiale, les chercheurs ont été en mesure de capturer cette précieuse occurrence cosmique, marquant en beauté un quart de siècle de découvertes réalisées grâce à l'observatoire solaire.

    « J'ai beaucoup de chance d'avoir découvert la 4.000e comète de Soho. Même si je savais que Soho approchait de sa 4.000e découverte, je ne pensais pas que cette rasante serait déterminante, s'enthousiasme Trygve Prestgard, premier découvreur de la comète. Ce n'est qu'après avoir discuté avec d'autres chasseurs de comètes de Soho, et après avoir compté les récentes découvertes de rasantes, que j'ai réalisé la situation. Je me sens honoré de contribuer à cet incroyable travail collaboratif ».


    2.000 comètes pour Soho !

    Article publié par Jean-Baptise Feldmann, le 1er janvier 2011

    L'inépuisable satellite solaire Soho vient de débusquer sa 2.000e comète après 15 ans de bons et loyaux services.

    • Admirez toutes nos images de comètes  

    Soho (pour SOlar and Heliospheric Observatory) est comme son nom l'indique un observatoire spatial qui étudie le Soleil et l'héliosphèrehéliosphère qui l'entoure. Cette réalisation conjointe de l'Esa et de la Nasa est opérationnelle depuis le mois de décembre 1995. Il y a cinq ans nous célébrions 10 ans d'observation du Soleil et de résultats scientifiques sans imaginer que nous nous retrouverions encore aujourd'hui pour parler de cet observatoire. Comme le prouvent Soho et son petit frère Cluster qui a fêté dernièrement une décennie à traquer notre étoileétoile, il semble que les observatoires solaires jouissent d'une longévité assez extraordinaire.

    Positionné au point de Lagrange L1, là ou l'attraction de la Terre et celle du Soleil sont en équilibre, Soho fournit chaque jour un bulletin de santé du Soleil dans différentes longueurs d'ondelongueurs d'onde à l'aide de ses 12 instruments d'observation. L'un d'entre eux, Lasco (pour Large Angle and Spectrometric Coronagraph) est constitué d'un triple coronographecoronographe qui permet d'imager la couronne solaire en continu et donc de pouvoir étudier son évolution temporelle, avec un champ de vue allant de deux à 30 rayons solaires. Même s'il n'a pas été conçu pour détecter les comètes qui sont piégées par le champ gravitationnel, il a découvert le 26 décembre dernier son 2.000e astre chevelu.

    Pourquoi tant de comètes ?

    À dire vrai ces 2.000 découvertes doivent beaucoup aux 70 bénévoles répartis dans 18 pays et qui scrutent minutieusement les images prises par Lasco. La dernière découverte est à mettre à l'actif de Michal Kusiak, un étudiant polonais en astronomie qui a déjà déniché plus d'une centaine de comètes grâce à Soho.

    Ce qui surprend les astronomesastronomes, c'est le nombre croissant de comètes détectées par le satellite solaire. Une décennie pour le premier millier, deux fois moins de temps pour les 1.000 suivantes. En ce seul mois de décembre, 37 comètes ont été découvertes, un record absolu. Bien que la participation de chasseurs de comètes venus dépouiller les images de Lasco se soit accrue, elle ne suffit pas à expliquer cette recrudescence.

    85 % des astresastres chevelus trouvés grâce à Soho font partie du groupe de Kreutz, une famille de comètes circulant à proximité du Soleil et devant son nom à l'astronome allemand Heinrich Kreutz qui en confirma l'existence en 1901. Brian Marsden, qui fut longtemps directeur du Minor Planet Center, a été le premier à suggérer que la majorité des membres de la famille de Kreutz (des comètes également regroupées sous le terme de Sungrazers) puissent avoir une origine commune. Selon Marsden ces comètes proviendraient de la dislocation d'un astre d'environ 120 kilomètres de diamètre qui se serait fragmenté dans le passé en s'approchant trop près du Soleil.