Le président des Etats-Unis a publiquement présenté le programme spatial qu'il souhaite voir mis en œuvre. Il n'y a pas de surprise par rapport à ce que nous annoncions en février. On retient surtout la confirmation de l'arrêt prochain du vol des navettes, le recours au privé et un vague – très vague – projet de missions habitées vers Mars à l'horizon 2035, une promesse à peu de frais.

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    Obama en visite au Centre spatial Kennedy de la Nasa (ici devant le lanceur de SpaceX) garde à l’esprit que, quelle que soit la direction que prendra le programme spatial des Etats-Unis, il sera utilisé comme un instrument important dans la compétition avec la Chine et dans une moindre mesure la Russie et le reste du monde pour s’assurer la suprématie mondiale dans ce domaine. © White House / Chuck Kennedy

    Obama en visite au Centre spatial Kennedy de la Nasa (ici devant le lanceur de SpaceX) garde à l’esprit que, quelle que soit la direction que prendra le programme spatial des Etats-Unis, il sera utilisé comme un instrument important dans la compétition avec la Chine et dans une moindre mesure la Russie et le reste du monde pour s’assurer la suprématie mondiale dans ce domaine. © White House / Chuck Kennedy

    Le président Barack Obama a défendu son projet d'abandon du programme Constellation au Centre spatial Kennedy devant des employés de la Nasa qui attendaient plutôt qu'il relance le rêve américain d'exploration et de conquête de l'espace. Il a réaffirmé des décisions déjà annoncées : la fin des navettes spatiales, l'abandon d'un retour rapide sur la Lune, la privatisation de l'accès à l'espace grâce à des partenariats public-privé et le prolongement de la durée de vie de la Station spatialeStation spatiale. Il fait également le pari d'une coopération internationale élargie à tous les aspects de l'exploration un axe fort de son programme.

    Le président américain qui souhaite s'affranchir des technologies actuelles qui ont fait des Etats-Unis le leadership dans le domaine des vols habitésvols habités et de l'exploration veut faire « un bond dans le futur et ne plus poursuivre sur le même chemin qu'avant ». Il n'a pas détaillé ses plans ni formulé la moindre feuille de route, mais notre article du 2 février, Obama abandonne la Lune, abordait cette question. On suppose qu'en s'appuyant sur le monde universitaire des Etats-Unis, le développement de nouvelles technologies et l'absence de feuille de route qui n'impose ni objectifs ni délais, Obama fait le pari que de nouveaux objectifs se matérialiseront d'eux-mêmes à mesure que les Etats-Unis se doteront de nouvelles capacités technologiques capables de rendre le voyage spatial plus sûr et plus simple.

    Mars en 2035 ?

    De tous les grands projets liés au retour sur la Lune et le système de transport pour s'y rendre, Barack Obama garde simplement le véhicule de transport spatial Orion, qui sera utilisé comme véhicule de secours des équipages de l'ISSISS, et le projet de lanceur lourd, élément central de toute stratégie d'exploration humaine et robotiquerobotique du Système solaireSystème solaire.

    Obama a confirmé sa volonté de financer le développement d'une telle fuséefusée destinée à de futures missions vers un astéroïdeastéroïde, la Lune, Phobos et d'autres lieux éloignés de la Terre, comme les points de Lagrangepoints de Lagrange. Ces différents objectifs serviraient de tremplin à une mission ultérieure vers Mars. Sur cette question, et comme chaque président américain l'avait fait avant lui, Barack Obama y est allé de son couplet en annonçant une première mission habitée vers Mars en 2035, une date qui laisse songeur quant à la réelle volonté d'Obama de relever ce défi.

    Armstrong désapprouve la stratégie d'Obama

    Ce discours intervient à la suite de vives critiques formulées par de nombreux parlementaires et d'anciens astronautesastronautes, comme Neil Armstrong, qui n'acceptent pas l'idée que les Etats-Unis renoncent aux vols habités. Tous sont conscients qu'aujourd'hui se joue le leadership dans l'espace des deux ou trois prochaines décennies qui seront l'ère des activités spatiales routinières où la question sera de vivre et de travailler dans l'espace.

    Alors, recul des ambitions américaines ou pose dans la marche en avant de l'Homme vers de nouveaux horizons ? Aujourd'hui, sans plus d'informations sur les plans réels de l'administration Obama, il est difficile de répondre. Face à l'intention de s'appuyer sur le secteur privé pour assurer le futur de l'exploration humaine du Système solaire, on peut se demander s'il ne s'agit pas d'un moyen déguisé de repousser aux calendes grecques le retour des Etats-Unis dans l'exploration. La question de l'utilité des vols habités et des programmes spatiaux, dont la durée dépasse de loin l'horizon politique de leurs décideurs, refait surface et d'aucuns se demandent à quoi cela sert, d'autant que cela coûte très cher...

    Aujourd'hui, il est raisonnable de penser que si Mars est le prochain monde à conquérir, le Système solaire ne sera pas réellement colonisable tant que le coût de lancement n'aura pas été divisé par un facteur 10 voire 100. D'ici là, on continuera de faire ce qu'on fait aujourd'hui, c'est-à-dire offrir à des astronautes des tours en orbiteorbite basse qui n'apportent quasiment rien. Il est à craindre que pendant plusieurs décennies on ne soit pas capable de pousser plus loin les explorations, de sorte que l'on peut se demander si Mars n'est pas une fin en soi.