Le Cnes et la Nasa ont profité du Salon de Bourget pour signer deux accords de coopération concernant les missions planétaires Curiosity et Juno. Le Cnes apporte son expertise en planétologie extraterrestre. 

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    Yannick d'Escatha, président du Cnes et le général Charles Bolden, administrateur de la Nasa, ont signé hier deux nouveaux accords de coopération qui portent sur les missions d'exploration du Système solaire, CuriosityCuriosity (Mars) et JunoJuno (JupiterJupiter), en présence de Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche.

    Concernant la mission martienne Curiosity, qui sera lancée le 25 novembre 2011, le rôle du Cnes consiste à « financer et apporter des moyens techniques comme des instruments ChemCam et Sam », explique Francis RocardFrancis Rocard, spécialiste de Mars et responsable des programmes d'exploration du Système solaire au Cnes. Dans ce cadre, le laboratoire Irap, à Toulouse, contribue pour les deux tiers à l'instrument ChemCam tandis que le Latmos fournit l'un des trois instruments de la suite Sam.

    Une politique de niche

    Cette coopération réussie avec la Nasa dure depuis plus de quarante-cinq ans et porteporte sur des missions d'observation de la Terreobservation de la Terre et d'exploration de l'univers. Le Cnes est ainsi devenu une agence spatiale reconnue pour ses compétences et son savoir-faire. Une notoriété récemment mesurée par le site américain ScienceWatch qui a publié des analyses de publications scientifiques sur dix ans en planétologie et montre que « les Français sont très bien classés au niveau mondial, juste derrière les Américains ». « C'est une excellente surprise » qui montre que le retour scientifique des missions auxquelles le Cnes a participé (Mars ExpressMars Express, Cassini-Huygens) « est tout sauf symbolique ».

    Le Cnes apporte son savoir-faire dans des domaines très pointus qui concernent « de nombreux aspects d'une mission spatiale ». À l'avenir, les projets perdureront « dans ce schéma et [...] la perspective d'avoir des missions 100 % françaises est proche de zéro », compte tenu de la nécessité d'avoir une communauté scientifique importante. Cette stratégie de niche du Cnes qui consiste à s'ouvrir à d'autres agences spatiales et à participer à des missions communes, donne des résultats à la hauteur des attentes du gouvernement français qui finance le Cnes.

    Les prochaines étapes de l’exploration robotique de Mars

    Cette année, outre le lancement de Curiosity, est prévu celui de la mission russe Phobos Grunt qui embarque un petit module chinois, avec un risque qu'il soit reporté à 2013, année qui verra le lancement de Maven. Cette mission est spécifiquement pensée pour étudier l'atmosphèreatmosphère martienne et ses interactions avec le vent solaire. Mission à laquelle participe le Cnes en finançant au Centre d'études spatiales des rayonnements la fourniture d'un spectromètrespectromètre d'électronsélectrons SWEA (Solar Wind Electron Analyser). Cet instrument est une contribution à un instrument américain plus complet constitué de différents spectromètres, qui va s'intéresser à l'environnement ionisé de la planète.

    Suivra ExoMarsExoMars, une mission en deux étapes (2016 et 2018) que développent conjointement l'Esa et la Nasa. La mission de 2016, réalisée sous maîtrise d'œuvre de l'Esa, comprend l'orbiteur Trace Gas et un atterrisseur de 600 kilos qui doit permettre à l'Europe d'apprendre à se poser sur Mars. Quant à la mission de 2018, elle a été profondément remaniée avec l'abandon d'un des deux roversrovers prévus, en raison de fortes restrictions budgétaires. La Nasa est confrontée à une forte baisse de son budget scientifique. La projection à cinq ans du budget pour l'exploration planétaire prévoit une « décroissance de 1,5 milliard en 2012 à 1,2 milliard en 2016 » alors qu'elle a travaillé avec l'hypothèse d'un budget en croissance atteignant 1,9 milliard en 2016. La Nasa a été contrainte d'annuler une mission et de redéfinir sa participation dans la mission ExoMars.

    Dans ce nouveau contexte, Max-C qui devait être le second robotrobot d'ExoMars est abandonné mais... reste une priorité pour les Américains. L'idée est d'étudier le développement d'un engin Nasa-Esa qui s'appellerait ExoMars-C, « C » pour catching, dont la procédure consisterait à collecter les échantillons, les mettre dans un conteneur, le fermer et d'attendre qu'un engin vienne le récupérer pour l'expédier sur Terre. Des études sont en cours pour évaluer le fonctionnement de travail entre les deux agences et déterminer la répartition des tâches pour la constructionconstruction des éléments du rover. Dans l'idée, l'Europe fournirait la foreuse italienne et un lot d'instruments scientifiques qui incluent des instruments fournis par la France.