Sur Mars, les opérations s’accélèrent. Plus d’une semaine après son atterrissage sur la Planète rouge, le rover Curiosity est entré en phase de test qui consiste à s’assurer que les charges utiles et scientifiques sont en bon état de fonctionnement. Ses premiers objectifs scientifiques, les cailloux alentour, sont en cours de sélection.


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    « Avec CuriosityCuriosity, nous avons atterri dans un endroit qui ressemble beaucoup à Mars, mais aussi à la Terre avec ces montagnes à l'arrière-plan, ces chaînes de montagnes pyramidales très découpées, et cela ressemble beaucoup à ce que vous voyez dans le désertdésert de Mojave, c'est vraiment cool, ça vous fait vous sentir comme à la maison. » C'est en ces termes que s'est exprimé un géologuegéologue de la Nasa après les premières images du cratère Gale envoyées par Curiosity.

    Pour Francis RocardFrancis Rocard, spécialiste de Mars et responsable des programmes d'exploration du Système solaire au Cnes, avec le succès de l'atterrissage de Curiosity et les signaux positifs que nous envoie le rover, il s'agit d'un « remarquable exploit technologique, d'un sans faute » et d'ajouter, un « échec aurait été catastrophique pour la communauté des martiens, tout le monde jouait gros ». Car la mission Mars Science Laboratory est de « type flagship, qu'on ne met sur pied que tous les 10 ans » et il aurait été très difficile de la remplacer avant bien longtemps.

    Le mont Sharp (le dôme blanc) est un des quelque 200 spots  identifiés sur Mars où l’on trouve des argiles, un type de roches  sédimentaires façonnées à une période où la planète était chaude et  humide. © Nasa/JPL-Caltech/MSSS

    Le mont Sharp (le dôme blanc) est un des quelque 200 spots identifiés sur Mars où l’on trouve des argiles, un type de roches sédimentaires façonnées à une période où la planète était chaude et humide. © Nasa/JPL-Caltech/MSSS

    Après l'envoi des premières images du site d'atterrissage en haute résolutionrésolution, les dix instruments embarqués sur le rover sont progressivement mis sous tension et testés. Tous les voyants sont au vert, comme celui de l'instrument français ChemCam qui vient d'effectuer son premier test fonctionnel. Un début qui rassure Francis Rocard, quant à la capacité du rover d'« aller au terme de sa mission, au pied du mont Sharp », la montagne centrale du cratère Gale (154 km de diamètre) qui culmine à environ 5.000 m et dont la forme en dôme devrait permettre à Curiosity d'en gravir au moins la moitié.

    Amener Curiosity au pied du mont Sharp

    Les observations réalisées depuis l'orbite martienne indiquent que cette montagne est constituée d'un empilement de couches argileuses et de sulfates. Ce qui intéresse les chercheurs, ce sont les argilesargiles, de type phyllosilicatesphyllosilicates, car elles se forment sous une couche d'eau de surface, ou dans un sous-sol gorgé d'eau et pas forcément très acideacide, au contraire des sulfates qui témoignent d'alternance de présence passée d'eau acide et de longues périodes sèches. Autant d'indices d'un passé aqueuxaqueux du site et de « conditions environnementales favorables à la vie microbienne » pour déterminer si les critères nécessaires à l'apparition de la vie ont un jour été réunis sur cette planète. Point important, Curiosity recherchera moins des traces d'eau, ce qui a été fait lors des missions précédentes, que des traces des autres constituants de la vie.

    Lors de l’atterrissage de Curiosity, les couples de rétrofusées du Sky Crane ont très vraisemblablement soufflé le sol au niveau des deux traits rouges. Ces zones ont été débarrassées de leur poussière et seuls subsistent des graviers. Elles sont une cible de choix pour le rover et sa panoplie de dix instruments. © Nasa/JPL-Caltech/MSSS

    Lors de l’atterrissage de Curiosity, les couples de rétrofusées du Sky Crane ont très vraisemblablement soufflé le sol au niveau des deux traits rouges. Ces zones ont été débarrassées de leur poussière et seuls subsistent des graviers. Elles sont une cible de choix pour le rover et sa panoplie de dix instruments. © Nasa/JPL-Caltech/MSSS

    Sans surprise, le site d’atterrissage de Curiosity ressemble à ceux des missions précédentes. Morne et plat, il s'agit vraisemblablement d'un « terrain d'origine volcanique où se trouve également l'ancien deltadelta d'un fleuve ». Malgré l'absence apparente d'obstacles, l'endroit cache de « petites failles qui pourraient contraindre Curiosity à les contourner et des dunes de sablesable présentant un risque certain d'enlisement, comme ce fut le cas pour Opportunity qui en 2005 s'est trouvé bloqué pendant plus d'un mois avant que la Nasa ne réussisse à le libérer ».

    
Curiosity, qui a atterri à 6 km du mont Sharp, ne va pas y aller tout de suite. Son départ est prévu vers la fin de l'automneautomne, voire au début de l'hiverhiver. D'ici là, il s'attardera sur les roches et le terrain qui l'entourent. Les premières cibles sont en cours d'identification et l'équipe de la mission planifie le calendrier des premières opérations.