Dans le centre de la Chine, des archéologues ont découvert une tombe impériale datant du VIe siècle. Loin d'être anodine, elle offre de nombreux indices aux historiens concernant les relations stratégiques et politiques des dirigeants de l'empire Zhou du Nord. 


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    Une cavité d'environ dix mètres de profondeur dissimulée dans une ville-préfecture du centre de la Chine cachait une tombe impériale depuis des siècles. Après plusieurs mois de fouilles au nord de la municipalité de Xianyang, des archéologues de l'Académie d'archéologie de Shaanxi ont exhumé une vaste chambre funéraire, longue de 56 mètres. Dans le tombeau, une épitaphe éclaire les universitaires sur la nature de la sépulturesépulture. Elle abrite les restes d'un individu nommé empereur à titre posthume, enterré au VIe siècle de notre ère. Outre le trésor historique que représente cette découverte, les historienshistoriens en apprennent plus sur les jeux de force politiques prenant place en Chine centrale il y a 1 400 ans.

    La tombe, longue de 56 mètres, abritait de nombreux artefacts ainsi qu'une inscription détaillant le titre de l'empereur Xiaomin au moment de son décès. © Xinhua News, Académie d’archéologie de Shaanxi
    La tombe, longue de 56 mètres, abritait de nombreux artefacts ainsi qu'une inscription détaillant le titre de l'empereur Xiaomin au moment de son décès. © Xinhua News, Académie d’archéologie de Shaanxi

    Un duc, sacré empereur après sa mort

    Le Ve et le VIe siècle sont des périodes politiques complexes en Chine ancienne, propices aux luttes de pouvoir et aux guerres civiles. Le pays était alors scindé en différents royaumes, en proie à de récurrents changements de dirigeant. Les archéologues ont identifié le tombeau exhumé à Xianyang comme étant celui de l’empereur Xiaomin, ou Yuwen Jue, de la dynastie Zhou du Nord, né en 542 et mort en 557.

    Un détail surprend néanmoins les chercheurs lors de l'exploration de la tombe. Une épitaphe gravée avec du cinabre, un minéralminéral rouge, désigne Yuwen Jue comme le « Duc de Lueyang ». Dans un entretien accordé à Live Science, l'historien Albert Dien, professeur à l'université de Stanford, explique que cette surprenante particularité trouve sa source dans les relations conflictuelles entre les personnalités influentes de la dynastie Zhou.

    Parmi les artefacts déterrés, des poteries représentant des figures humaines et animales. © Académie d’archéologie de Shaanxi
    Parmi les artefacts déterrés, des poteries représentant des figures humaines et animales. © Académie d’archéologie de Shaanxi

    Petits meurtres entre cousins

    Yuwen Tai, général respecté et influent père de Yuwen Jue, meurt en 556. Le cousin de Jue, Yuwen Hu, important seigneur de guerre, place Jue à la tête de l'empire Zhou du Nord l'année suivante, en 557. Le règne de l'empereur Xiaomin est bref. Après quelques mois au pouvoir, il se rebiffe contre les velléités de contrôle de son cousin. Ce dernier décide de faire empoisonner Jue, devenu finalement trop encombrant et peu docile. Selon l'historien, Wu continue de contrôler la région durant les années suivant la mort de Jue, se faisant lui-même assassiner en 572 par un autre membre de la dynastie.

    Les conflits de cette période sont documentés par les spécialistes, et la découverte du tombeau de Xianyang offre de nouvelles perspectives pour comprendre les luttes intestines et fratricidesfratricides entre les dirigeants chinois aux Ve et VIe siècles. Les archéologues ont sécurisé 146 artefacts ornementant la cavité, malgré des traces de pillages constatées lors des fouilles. Des sculptures en terracotta et des poteries sont désormais conservées par l'Académie d'archéologie de Shaanxi.

    La ville de Xianyang semble avoir été le centre névralgique du pouvoir de la dynastie Zhou du Nord. Avant la découverte de la tombe de Yuwen Jue, les archéologues avaient notamment mis au jour le tombeau de l'empereur Wu, à quelques cinq kilomètres à l'est de la métropole.