La découverte de nombreux squelettes portant des incisions volontaires sur les dents révèle que les modifications corporelles étaient une pratique existante chez les Vikings. Des chercheurs suggèrent qu’il pourrait s’agir d’un rituel indiquant l’appartenance à une confrérie de marchands.


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    Au cours de l'histoire, les modifications corporelles volontaires ont été nombreuses dans les sociétés humaines. Rituel de passage ou signe d'appartenance à un groupe ou à une castecaste, elles ont revêtu de nombreuses formes. Les marchands vikings, eux, auraient choisi de se limer les dents.

    C'est tout du moins ce que suggère cette nouvelle étude publiée dans la revue Current Swedish Archaeology. Les chercheurs ont en effet retrouvé de nombreux crânescrânes présentant une altération volontaire de la dentition. Des marques horizontales incisées sur l'ensemble des dents ont été identifiées sur 130 squelettes d'individus mâles retrouvés un peu partout sur le territoire du sud de la Scandinavie.

    Cent-trente squelettes d'individus vikings mâles ont été découverts avec des marques horizontales sur les dents. © SHM, Lisa Hartzell SHM 2007-06-13, CC by 2.5 SE
    Cent-trente squelettes d'individus vikings mâles ont été découverts avec des marques horizontales sur les dents. © SHM, Lisa Hartzell SHM 2007-06-13, CC by 2.5 SE

    Un signe d’appartenance à une communauté fermée

    Si la signification exacte de cette étrange pratique restera certainement toujours inconnue, les chercheurs suggèrent qu'il pourrait s'agir d'un rite d'entrée dans une guilde de marchands. La grande majorité des individus portant ces marques a en effet été découverte sur d'importants sites d'échanges commerciaux de l'île suédoise de Gotland. La plupart ont plus précisément été retrouvés dans le cimetière vikingviking de Kopparsvik, un lieu d’inhumation que l'on pense avoir été réservé aux non-natifs de la région.

    Les marques sur les dents auraient donc pu être un moyen d'identification fort et un signe d'appartenance à un groupe fermé ou à une guilde de marchands, assurant peut-être ainsi l'obtention de certains avantages, ou encore une protection. Une hypothèse soutenue par le fait que deux individus présentant des marques similaires ont été découverts en Russie et un en Angleterre.

    Trois crânes de femmes déformés volontairement durant l’enfance

    Si certains témoignages runiques indiquent que des confréries de marchands ont bien existé à la fin de l'âge Viking, les squelettes retrouvés seraient cependant plus anciens. Le doute subsiste donc sur la signification de ces marques. Certains squelettes ont d'ailleurs été retrouvés dans des positions suggérant qu'ils ont été tués de manière rituelle. Pourrait-il en réalité s'agir d'esclaves ou d'individus destinés au sacrifice ?

    Le mystère ne semble donc pas totalement résolu. D'autant plus que d'autres découvertes réalisées sur l'île de Gotland intriguent les scientifiques. Trois crânes de femmes ont été découverts, présentant une déformation intentionnelle liée à une contention de la tête durant l'enfance.

    Trois crânes de femmes présentent une déformation appliquée durant l'enfance, une pratique qui était alors totalement inconnue jusqu'à présent chez les Vikings. © SHM, Johnny Karlsson 2008-11-05, CC by 2.5 SE
    Trois crânes de femmes présentent une déformation appliquée durant l'enfance, une pratique qui était alors totalement inconnue jusqu'à présent chez les Vikings. © SHM, Johnny Karlsson 2008-11-05, CC by 2.5 SE

    Si une telle pratique était déjà connue dans d’autres communautés, c'est par contre une véritable nouveauté dans le monde viking. Y a-t-il un lien entre ces femmes et les hommes aux dents marquées ? Les hypothèses sont nombreuses. L'étude révèle cependant l'existence de modifications corporelles chez les Vikings, une pratique qui était jusqu'à présent très peu documentée.