Les premiers agriculteurs européens ont-ils payé la mise en place d'une culture agricole par quelques centimètres de hauteur ? Une étude a évalué l'évolution de la taille humaine en Europe depuis le Paléolithique jusqu'à l'âge du fer.


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    Il y a environ 12.000 ans, les chasseurs-cueilleurs ont commencé à adopter un mode de vie sédentaire et à pratiquer l'agricultureagriculture dans le Croissant fertileCroissant fertile. Cette transition a eu des conséquences sur la culture humaine, sur sa biologie ainsi que sur sa santé. Le début de l'agriculture est par exemple supposé avoir augmenté la valeur sélectivevaleur sélective des individus, qui dépend de leur survie et de leur fertilité. Les restes humains indiquent que le début de l'agriculture a de plus engendré une croissance démographique importante mais également une diminution de l'état de santé des personnes.

    Le début de l'agriculture a engendré une croissance démographique importante et une diminution de l'état de santé des personnes

    Celles-ci auraient en effet souffert de carences nutritionnelles et le développement d'organismes pathogènespathogènes aurait été favorisé par les densités de population plus importantes, le mode de vie sédentaire et la proximité avec le bétail. Les problèmes de santé des premiers agriculteurs sont difficiles à évaluer à partir des restes humains mais certains indices squelettiques tels que la stature fournissent des indices quant à la santé des personnes. Une équipe de recherche s'est donc intéressée à la taille des premiers fermiers et agriculteurs européens afin de déterminer si leur état de santé a été modifié suite à l'adoption de leurs nouvelles habitudes de vie. Les résultats de cette étude ont été publiés dans le journal PNAS.

    De petits agriculteurs ?

    Les auteurs ont analysé des données ostéologiques ainsi que les séquences ADNADN de 167 Européens ayant vécu entre le Paléolithique supérieur (il y a environ 38.000 ans) et l'âge du fer (il y a 2.400 ans).

    Les individus dont les os longs ont été mesurés viennent d'une large zone en Europe et couvrent une période de plus de 35.000 ans. © Marciniak et al, 2022
    Les individus dont les os longs ont été mesurés viennent d'une large zone en Europe et couvrent une période de plus de 35.000 ans. © Marciniak et al, 2022

    Certaines lésions osseuses et dentaires attestent en effet d'infections ou de périodes de malnutrition ayant eu lieu au cours de l'enfance des individus. L'estimation de la stature des individus permet de déterminer quel fut l'état de santé d'un individu au cours de son développement et de sa croissance. Celle-ci a été réalisée grâce à la mesure des os longs tels que le radius, l'humérus, le fémur et le tibia. Par ailleurs, les auteurs rappellent que la taille des êtres humains est un caractère héritable à environ 80 %. La prise en compte de facteurs génétiquesgénétiques est donc indispensable afin de compléter les estimations de taille obtenues avec des données ostéologiques.

    Certaines pathologies osseuses attestent de carences nutritionnelles ou d'infections au cours de l'enfance. © Marciniak et al, 2022
    Certaines pathologies osseuses attestent de carences nutritionnelles ou d'infections au cours de l'enfance. © Marciniak et al, 2022

    Les auteurs ont ainsi déterminé que les humains de la période pré-Néolithique étaient environ 4 centimètres plus grands que les premiers agriculteurs du Néolithique (femmes = 155,06 ± 5,7 cm ; hommes = 166,16 ± 5,82 cm). Ces derniers étaient par ailleurs 2 à 5 centimètres plus petits que les humains ayant vécu après le Néolithique. Ceux de l'âge du cuivre mesuraient en moyenne 2 centimètres de plus que les agriculteurs du Néolithique, ceux de l'âge du bronze 2,70 centimètres de plus et ceux de l'âge du fer 3,3 centimètres de plus. L'augmentation de la taille moyenne des Hommes après le Néolithique pourrait être expliquée par l'introduction d'allèlesallèles provenant de peuples d'Europe de l'Ouest, tels que celui des Yamnaya qui étaient des éleveurs nomades des steppessteppes.