Avec des modélisations mathématiques, l'Institut Pasteur tente de prédire le futur de l'épidémie. Leurs derniers résultats concernent le variant Delta et leurs projections sont plutôt pessimistes.


au sommaire


    Avec la propagation du variant Delta, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 repart à la hausse en France et dans le monde. Dans l'unité de modélisationmodélisation mathématique des maladies infectieuses de l'Institut Pasteur, on tente d'anticiper le futur de l'épidémie grâce à des données réelles recueillies sur le terrain, mais aussi des hypothèses. Ce groupe de recherche publie régulièrement le fruit de son travail sur Modélisation Covid-19. Leur dernière parution du 12 juillet 2021 s'intéresse à l'évolution du variant Delta en France métropolitaine (hors Corse).

    Voir aussi

    Covid-19 : le variant Delta représentera 90 % des infections en Europe fin août

    Pour traquer le variant Delta dans les tests de dépistage, les laboratoires recherchent la mutation L452R sur la protéine S. C'est ainsi que l'on peut connaître la proportion de prélèvement Delta par rapport aux prélèvements totaux. Entre le mois de juin et de juillet, le taux de reproduction effectif moyen (Rd) du variant Delta était de 2,0. En d'autres termes, il faut 5-6 jours pour que le nombre de personnes infectées par le variant Delta double.

    À partir de cette donnée, l'Institut Pasteur propose deux scénarios : un modèle simplifié de croissance exponentielle et un modèle plus complexe où les immunités naturelle et vaccinale sont prises en compte. Dans les deux cas, il semble que les hôpitaux seront de nouveau sous une pressionpression intense dès la rentrée.

    Deux scénarios pour un rebond épidémique à la rentrée

    La première modélisation exponentielle suggère que si le Rreste à 2,0, il y aurait 40.000 cas quotidiens de variant Delta au 1er août ; 24.000 si le Rd passe à 1,8 et 11.000 s'il diminue encore à 1,5, à partir de 8 juillet. Ce scénario pessimiste ne considère pas l'augmentation de la couverture vaccinalecouverture vaccinale

    La deuxième modélisation, plus fine, prend en compte la couverture vaccinale et l'immunité naturelle, et les effets de l'âge sur la propagation du virusvirus et les risques de formes graves. Selon celle-ci, si le Rd reste à 2,0, il pourrait y avoir jusqu'à 35.000 cas quotidiens de variant Delta au 1er août ; 20.000 pour un Rd de 1,8 et 10.000 pour un Rd de 1,5, à partir du 8 juillet.

    Comparaison des projections du modèle simplifié (pointillé) et du modèle complexe (ligne) pour les différents R<sub>d</sub>. L'axe des abscisses indique la date, et la ligne verticale celle à laquelle le R<sub>d </sub>change. En ordonnée, le nombre de cas Delta en milliers. © Institut Pasteur
    Comparaison des projections du modèle simplifié (pointillé) et du modèle complexe (ligne) pour les différents Rd. L'axe des abscisses indique la date, et la ligne verticale celle à laquelle le Rd change. En ordonnée, le nombre de cas Delta en milliers. © Institut Pasteur

    Réduire la circulation du variant 

    Le groupe de l'Institut Pasteur n'a pas prédit le futur avec certitude, ces projections sont basées sur des hypothèses incertaines et des données incomplètes. Par exemple, les auteurs expliquent que le modèle mathématique « ne prend pas en compte la réduction d'efficacité 2 observée chez les primo-vaccinés pour Delta. Cela pourrait conduire à des projections trop optimistes lorsqu'une proportion importante de Français est primo-vaccinée et la perte d'efficacité des vaccinsvaccins face au variant Delta n'a pas été prise en compte ». Si le variant Delta s'avère plus sévère que les autres, cela pourrait aussi assombrir les projections, mais il n'y a aucune donnée qui va dans ce sens à ce jour. 

    Réduire la circulation du virus apparaît comme la clé pour contrôler l'épidémie dans les prochains mois. Si le virus continue à circuler au même rythme ou accélère, les hôpitaux pourraient être submergés dès le mois d'août. Le nombre d'admissions quotidiennes et en réanimation dépasserait celui de la première vaguevague de mars 2020mars 2020, et cela dès septembre prochain.

    « Des réductions même relativement faibles du taux de transmission cet été (de l'ordre de 10 à 25 %) permettraient de réduire de façon importante la taille du pic d'hospitalisations et de retarder la survenue de ce pic à un moment où l'hôpital serait en meilleure position pour absorber un afflux de patients », notent les scientifiques de l'Institut Pasteur. Pour parvenir à cet objectif, la vaccinationvaccination, l'isolement des cas positifs et le respect des gestes barrières restent nos meilleures armes.