au sommaire
Selon l'étude, chez les filles, la retenue serait associée à une moindre diversité des bactéries intestinales. © Raul Villalon, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Les bactéries de la flore intestinale jouent des rôles importants dans la santé de l'individu et ont été liées à différentes maladies chroniques telles que l'obésité, l'asthme ou l'allergie. Le microbiote intestinal compte environ 1014 micro-organismesmicro-organismes et 400 à 500 espècesespèces bactériennes. Au départ, la mise en place de la flore intestinaleflore intestinale du nouveau-né est influencée par le type d'accouchement, puis par l'alimentation. Les enfants nés par césariennecésarienne n'ont pas les mêmes bactéries que ceux nés par voie vaginale. Il en est de même des enfants allaités ou non.
Pour comprendre comment démarrent certaines maladies chroniques liées à la flore intestinale, des chercheurs de l'université d'État de l'Ohio ont étudié les micro-organismes de 77 enfants âgés de 18 à 27 mois. Les mères des enfants ont répondu à des questionnaires sur le comportement de leur bambin. Les résultats paraissent dans la revue Brain, Behavior and Immunity.
Chez les garçons comme chez les filles, les enfants qui avaient la plus grande diversité génétiquegénétique bactérienne montraient plus souvent des comportements extravertis tels que : humeur positive, curiosité, sociabilité, impulsivité. Dans l'ensemble, les associations du tempérament avec le microbiome intestinal étaient moins fortes chez les filles que chez les garçons. La corrélation existait même après avoir ajusté les résultats en fonction de l'allaitement, l'alimentation et le type d'accouchementaccouchement, des facteurs connus pour influencer la flore intestinale du jeune enfant.
L’allaitement influence le développement de la flore intestinale du bébé. © Daniel Peinado, Flickr, CC by 2.0
Plus de diversité bactérienne chez les extravertis
Chez les garçons seulement, les traits de personnalité extravertis étaient associés avec l'abondance de micro-organismes des familles des Rikenellaceae et Ruminococcaceae et des genres Dialister et Parabacteroides. Chez les filles, des comportements comme de la retenue, une demande de câlin ou d'attention étaient associés à une moindre diversité des bactéries intestinales. Les filles qui avaient une abondance de Rikenellaceae semblaient ressentir plus de crainte que celles qui avaient une composition de la flore plus équilibrée.
Cette étude ne permet pas d'établir un lien de cause à effet mais suggère, comme d'autres travaux, un lien entre la flore intestinale et le psychisme. D'après LisaLisa Christian, principale auteur de l'article, il existe des preuves indiquant que les bactéries intestinales interagissent avec des hormones du stress. Or ces hormoneshormones sont impliquées dans des maladies chroniques comme l'obésité et l'asthme. Pour Michael Bailey, un autre auteur de l'article, « il y a certainement une communication entre les bactéries de l'intestin et le cerveau, mais nous ne savons pas lequel commence la conversation ». Il formule ainsi plusieurs hypothèses : « Peut-être que les enfants plus sociables ont moins d'hormones du stressstress impactant leur intestin que les enfants timides. Ou peut-être que les bactéries aident à atténuer la production d'hormones du stress quand l'enfant rencontre quelque chose de nouveau. Cela pourrait être une combinaison des deux ».
Si ces relations bidirectionnelles entre l'intestin et le cerveaucerveau existent effectivement dans les premières années de la vie, cela pourrait permettre d'envisager des moyens de prévenir des désordres physiquesphysiques et mentaux. Cependant, les chercheurs déconseillent aux parents d'essayer de changer le microbiomemicrobiome intestinal de leur enfant car ils ignorent à quoi ressemblerait une flore intestinale idéale : « Le microbiome parfait varie probablement d'une personne à une autre », explique Michael Bailey.