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Le vecteur du paludisme, Plasmodium falciparum, passe d'une personne infectée à une autre par l'intermédiaire de l'anophèle (un moustique) à l'occasion d'une piqûre, le parasite se cachant dans un globule rouge modifié pour rester plus longtemps dans le sang. Il y a là, peut-être, un maillon faible qui pourrait être brisé. © Ute Frevert, Wikipédia, cc by 2.5
Depuis des décennies, le parasiteparasite Plasmodium falciparum, un protozoaire responsable de la plupart des cas de paludisme (ou malaria), se joue des traitements en devenant, au fil des années, résistant à chacun d'entre eux, de la chloroquine à la quinine. L'ACT (artemisinin-based combination treatment)), basée sur l'artémisinineartémisinine, retrouvée dans l'armoisearmoise annuelleannuelle (Artemisia annua, une plante chinoise), est actuellement efficace mais ce traitement est coûteux et combien de temps faudra-t-il pour que le protozoaire devienne résistant ? Pendant ce temps, selon l'OMS, le « palu » a touché entre 124 et 283 millions de personnes et causé entre 367.000 et 755.000 décès (chiffres de l'année 2013).
Ces traitements ciblent les formes asexuées du protozoaire, celles qui vivent chez l'Homme et qui provoquent les symptômessymptômes. Un groupe de chercheurs, dont Catherine Lavazec, de l'institut Cochin (Inserm), Gordon Langsley (université Descartes-La Sorbonne) et David Baker (London School of Tropical Medicine and Hygiene), entre autres, ont cherché une autre voie : s'en prendre aux formes sexuées qui s'échappent de la personne infectée en embarquant dans un moustiquemoustique, du genre anophèle, à l'occasion d'une piqûre. Leur idée est d'éliminer les globules rougesglobules rouges dans lesquels ils se cachent en aidant... la raterate.
Le moustique transmet le parasite par sa salive ou le récupère dans le sang de la piqûre. Le protozoaire passant chez l'insecte se trouve sous sa forme sexuée. Si l'on entrave cette transmission, une épidémie pourra être enrayée. © CDC, Jim Gathany, domaine public
Le sildénafil est une piste prometteuse
Le parasite s'installe dans la moelle osseusemoelle osseuse et se glisse dans les globules rouges, qu'il rend très déformables. Or, la rate est justement chargée d'éliminer du sang les globules rouges qui ont fait leur temps et les capture d'autant mieux qu'ils sont rigides. Les globules infestés, très souples, traversent facilement la rate et restent bien plus longtemps dans le sang, augmentant la probabilité d'être récupérés par un moustique. Les scientifiques ont donc étudié de près ce mécanisme par lequel le parasite rend les globules rouges déformables et découvert qu'il passe par une série de réactions impliquant une petite moléculemolécule, l'AMP cyclique, connue notamment pour transmettre les messages de nombreuses hormoneshormones.
Leur étude, publiée dans la revue Plos One et résumée dans un communiqué de l'institut Cochin, montre que l'accumulation d'AMP cyclique dans le globule le rend moins déformable. Or, une famille d'enzymesenzymes, les phosphodiestérases, réduisent la quantité d'AMP cyclique, en dégradant cette molécule. Il faut donc les activer. À l'aide d'un modèle in vitroin vitro (un ensemble de microsphères métalliques) reproduisant la filtrationfiltration des globules rouges par la rate, les chercheurs ont testé l'efficacité de plusieurs molécules et l'une d'elles est sortie du lot : le citratecitrate de sildénafil, dont l'action d'activation des phosphodiestérase était connue. Il se trouve que cette molécule est le principe actifprincipe actif du Viagra, d'où l'écho médiatique donné à la nouvelle.
La piste semble donc bonne mais il faudra aux chercheurs tester d'autres molécules, sans effet érectile par exemple, et mener des essais chez l'Homme. Pas question, donc, d'utiliser telle quelle cette pilule bleue en espérant lutter contre les épidémies de paludisme...