Les traitements actuels contre le paludisme, à base d’artémisinine, sont plutôt efficaces mais coûteux et contraignants. Voilà que des chimistes ont découvert de nouveaux composés dérivés qui, en une seule dose, s’avèrent deux fois plus efficaces. Les tests ont été réalisés sur des souris, il faudra maintenant s’assurer qu’il en va de même chez l’Homme.

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    Le Plasmodium, le protozoaire parasite à l'origine du paludisme et ici à l'image, se transmet par les piqûres de moustiques. Il infeste d'abord l'insecte qui lui est nécessaire pour sa reproduction et ses premières phases de développement, avant de poursuivre son cycle dans les hôtes humains. © Hilary Hurd, Wellcome images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le Plasmodium, le protozoaire parasite à l'origine du paludisme et ici à l'image, se transmet par les piqûres de moustiques. Il infeste d'abord l'insecte qui lui est nécessaire pour sa reproduction et ses premières phases de développement, avant de poursuivre son cycle dans les hôtes humains. © Hilary Hurd, Wellcome images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    La lutte contre le paludisme porteporte peu à peu ses fruits mais le combat est encore bien loin d'être terminé. En 2010, un rapport de l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) signale que la parasitose a touché 216 millions de personnes, faisant 655.000 victimes selon les estimations. L'Afrique subsaharienne est la plus touchée.

    Il existe des traitements contre la maladie, appelés ACT (artemisinin-based combination treatment). Comme leur nom l'indique, ils reposent sur une moléculemolécule, l'artémisinine, retrouvée dans l'armoise annuelleannuelle (Artemisia annua), une plante chinoise. Ces ACT font reculer le paludisme, mais ils ne sont efficaces que si les posologies sont strictement suivies. Or, ils nécessitent la prise de cachets plusieurs fois par jour sur une longue période, les patients oublient ou négligent parfois de prendre leurs médicaments.

    Ainsi, ces malades ne guérissent pas ou bien plus tardivement. Et cela laisse le temps au Plasmodium, parasiteparasite responsable du paludisme, de développer une résistance aux artémisinines, sujet d'inquiétude grandissant au sein de la communauté scientifique. De plus, ces traitements sont onéreux et les patients, habitant des pays pauvres, ne peuvent pas toujours les payer. La situation est donc loin d'être idyllique.

    L'armoise annuelle est originaire de Chine mais a été apportée en Europe. La médecine traditionnelle chinoise l'utilisait depuis longtemps contre diverses maladies, mais c'est surtout parce qu'elle synthétise l'artémisinine, principal antipaludéen, qu'elle s'est fait un nom. © Kristian Peters, Wikipédia, cc by sa 3.0

    L'armoise annuelle est originaire de Chine mais a été apportée en Europe. La médecine traditionnelle chinoise l'utilisait depuis longtemps contre diverses maladies, mais c'est surtout parce qu'elle synthétise l'artémisinine, principal antipaludéen, qu'elle s'est fait un nom. © Kristian Peters, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Des dérivés de l’artémisinine plus efficaces contre le paludisme

    Alors les chercheurs cherchent. Et ils trouvent. Ainsi, des chimistes de la John Hopkins University de Baltimore (États-Unis) ont fait subir à l'artémisinine des transformations de manière à obtenir des dérivés. En tout, 21 composés nouveaux ont vu le jour.

    Ces molécules ont été testées en combinaison avec la méfloquine, un antipaludéen utilisé également dans les ACT. Un trioxane monomérique, administré à hauteur de 6 mg/kgkg avec 18 mg/kg de méfloquine, s'est montré le plus efficace, selon l'article paru dans le Journal of Medicinal Chemistry.

    Une seule dose orale a suffi pour éliminer tous les parasites trente jours après l'infection chez deux des quatre souris traitées, qui semblaient en plus se comporter tout à fait normalement. Une autre présentait toujours des Plasmodium berghei dans son sang tandis que la dernière est morte au 29e jour. Les cobayes témoins, soumis aux ACT classiques, sont morts en moyenne 16,5 jours après la contaminationcontamination. Ce nouveau composé s'avère donc deux fois plus efficace mais aussi moins contraignant à l'usage.

    Une bien bonne nouvelle qui incite à poursuivre les efforts de recherche dans la lutte contre le paludisme. Indispensables, ils ont permis ces dernières années, dans certains pays, de faire reculer la maladie. Il ne faut donc pas relâcher la pressionpression sur le Plasmodium pour ne pas lui laisser le temps de se refaire une santé.