Selon le nouveau rapport annuel de l'Organisation mondiale de la santé concernant la préparation internationale aux urgences sanitaires, le monde n'est pas prêt à faire face à une pandémie planétaire, telle que la grippe meurtrière de 1918, alors que ce risque augmente. Et, comme le démontre le document, les pays les plus pauvres seraient les plus sévèrement touchés par ce type de catastrophe.


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    Augmentation des échanges, voyages incessants, manipulations de souches virales en laboratoire... Un ensemble de facteurs considérés par l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) augmenterait, selon elle, les risques d'une pandémie mondiale et meurtrière semblable à la grippe espagnole de 1918 et ses 50 millions de morts. Une telle situation peut-elle arriver aujourd'hui ? Le monde est-il prêt à y faire face ? Qui serait le plus touché ou le plus vulnérable en cas de pandémie ? Quelles seraient les conséquences sanitaires et économiques d'une telle catastrophe ? 

    Un peu d'histoire 

    Pour comprendre le présent, il faut analyser le passé. Que peut donc nous apprendre l'épidémie de 1918 ? Elle nous révèle que tout les éléments nécessaires à l'apparition d'une pandémie mondiale étaient réunis : 

    • une souche virale extrêmement contagieuse, variable et virulente ;
    • des déplacements de massemasse dans le monde entier suite à la première guerre mondiale ;
    • un contexte hygiénique, nutritionnel et médical médiocre favorisant la mort par complications induites par l'infection.

    Le saviez-vous ?

    L'écrivain, poète, dramaturge et essayiste Edmond Rostand, originaire de Marseille, a succombé le 2 décembre 1918 à Paris de la grippe espagnole.

    C'est d'ailleurs après cette pandémie que fut créée l'OMS (qui ne sera officiellement créée sous ce nom qu'en 1948) car elle démontrait qu'une maladie qui émergeait en Chine pouvait, avec les conditions nécessaires réunies, impacter des régions du monde très éloignées telles que l'Europe. D'après l'OMS, l'espacement des épidémies grippales dangereuses s'espacent d'environ 39 ans avec les données dont nous disposons. Si une souche semblable à celle de 1918 venait à faire son apparition, avec nos modes de vies actuels (déplacements et échanges à l'autre bout du monde), le virus pourrait se propager à une vitessevitesse folle. Avec les virus grippaux, il y a aussi les épidémies telles que Ebola, et les coronavirus responsables des syndromes respiratoires aigus sévères (SRAS) qui inquiètent les autorités sanitaires. Évidemment, le contexte hygiénique, nutritionnel et médical est maintenant meilleur dans les pays riches. Malheureusement, les habitants des pays pauvres se retrouveraient une fois de plus en grand danger. 

    Carte des pathogènes découverts ou ayant émergé à nouveau au cours de 50 dernières années. © <em>United States National Institutes of Health</em>, <em>National Institute for Allergies and Infectious Diseases</em>
    Carte des pathogènes découverts ou ayant émergé à nouveau au cours de 50 dernières années. © United States National Institutes of Health, National Institute for Allergies and Infectious Diseases

    Ce que dit le rapport de l'OMS

    Dans son rapport, l'OMS prévient que le risque de pandémie est élevé en se basant sur les récurrences statistiques de l'apparition de souche virale virulente, les autres affections virales et bactériennes nouvelles (ou qui ressurgissent fréquemment), nos modes de vies modernes -- où, à cause de nos déplacements et de nos échanges internationaux, un virus peut faire le tour du monde en seulement 36 heures -- les manipulations de plus en plus fréquentes des agents pathogènespathogènes au sein de laboratoires multipliant le risque d'accidentaccident.

    L'OMS résume donc en 7 points fondamentaux les actions à entreprendre car le monde n'est, selon elle, clairement pas préparé pour lutter contre une pandémie de grande ampleur : 

    • l'engagement et l'investissement total et sans faille des gouvernements de tous les pays ;
    • les pays les plus développés doivent montrer l'exemple ;
    • chaque pays doit construire des systèmes de santé plus effectifs, à même d'envisager et de prévenir la majorité des risques de contaminationscontaminations ;
    • tous les acteurs doivent être préparés au pire et développer des stratégies efficaces (vaccinsvaccins, thérapeutiques, etc.) en cas de pandémie ;
    • le monde de la finance doit préparer des plans de crises en guise de préventionprévention d'une telle catastrophe ;
    • créer des incitations à agir et obtenir des financements pour soutenir les actions ;
    • un renforcement des mécanismes de coordination des différentes pays par les Nations unies.

    Si ces mesures ne sont pas prises au sérieux, les pays pauvres seraient les premiers à subir de lourdes pertes de vies humaines (50 à 80 millions de morts, selon le rapport) et de lourdes conséquences économiques, le tout occasionnant un chaos social. 

    Sur le plan économique, les plus impactés seront les pays pauvres comme le montre cette carte prédictive. © <em>International Bank for Reconstruction and Development, Resolve to Save Lives</em>
    Sur le plan économique, les plus impactés seront les pays pauvres comme le montre cette carte prédictive. © International Bank for Reconstruction and Development, Resolve to Save Lives

    Faut-il s'inquiéter ? 

    Le risque croissant ne peut être ignoré et il faut prendre toutes les mesures nécessaires afin d'empêcher au maximum la survenue d'une pandémie mais également se préparer au pire si cela venait à arriver. Même si nos pays sont, dans l'ensemble, mieux à même de répondre à ce type de catastrophe grâce à nos institutions sanitaires, les personnes âgées et les jeunes enfants peuvent se retrouver en danger vital si une telle pandémie survient. Les adultes aussi pourraient se retrouver en situation d'urgence vitale à cause des chocs cytokiniques comme cela a été le cas pendant les épidémies de la grippe espagnolegrippe espagnole. Enfin, les aides au développement des institutions sanitaires dans les pays défavorisés doivent se faire rapidement si l'on veut espérer réduire le nombre de mort en cas de pandémie.