La schizophrénie est une maladie mentale malheureusement assez fréquente, touchant environ 1% de la population. Un groupe de chercheurs du MIT vient de préciser le rôle de l’un des gènes qui semble parfois lié à cette affection chez certains individus. De quoi imaginer de nouveaux traitements.

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    La schizophrénie est une maladie mentale qui se manifeste sous de multiples formes. Elle se caractérise essentiellement par une modification plus ou moins profonde de la personnalité et une perte de contact avec la réalité. Contrairement aux idées reçues, les schizophrènes ne sont pas spécialement violents mais en revanche plutôt plus fragiles. De nos jours, il existe des traitements qui, à défaut de guérir, permettent à la plupart des patients de mener une vie quasiment normale.

    On ne connaît pas très bien les causes exactes de la schizophrénie mais il semble clair que des prédispositions génétiques peuvent jouer un rôle ainsi que des infections de la mère durant la grossesse par un virus, comme celui de la grippegrippe.

    Certains pensent aussi qu'un lien existe peut-être avec la créativité et l'intelligenceintelligence et l'on connaît bien le cas du grand mathématicienmathématicien John Nash, prix Nobel d'économie. Moins connu est le cas du fils du prix Nobel de biologie James Watson. Son fils Rufus est en effet atteint de cette maladie et Watson, le co-découvreur de l'ADNADN, s'est donc lui-même beaucoup investi pour que l'on étudie les causes génétiques éventuelles de la schizophrénie, par exemple en soutenant le projet de séquençage du génome humain.

    La confirmation de soupçons anciens

    Des chercheurs du Picower Institute for Learning and Memory au MIT viennent de publier dans la revue Cell un article portant sur un gènegène nommé DISC1, l'acronyme anglais de disrupted in schizophrenia 1. Li-Huei Tsai, professeur de neurosciences au département des sciences cognitivessciences cognitives et du cerveaucerveau du MIT, et ses collègues, y expliquent avoir découvert un lien entre ce gène et une enzymeenzyme du nom de GSK3B (en français glycogèneglycogène synthétase kinasekinase 3 bêtabêta). Ces chercheurs ont démontré pour la première fois que Disc1 inhibe directement l'activité de cette enzyme du cerveau. Or, le chlorure de lithiumlithium, qui est prescrit pour la schizophrénie et les troubles bipolairestroubles bipolaires, agit également sur le GSK3B. On savait depuis le début des années 1990 que le gène Disc1 était probablement impliqué dans certains cas de schizophrénie car il était présent dans une famille écossaise où cette affection est fréquente.

    On sait que ce gène influence la croissance des neuronesneurones dans le cerveau en développement et favorise un placement correct des neurones dans le système nerveux. Mais en travaillant avec des souris, les neurobiologistes viennent de montrer que Disc1 régule la croissance des cellules souches neurales, leur division, le moment où elles doivent devenir de nouveaux neurones et comment ils doivent se connecter.

    Tsai et ses collègues ont montré qu'empêcher l'expression du gène Disc1 arrête la division des cellules souchescellules souches neurales ainsi que leur transformation en neurones. Mieux, l'élimination de ce gène dans les cellules souches neurales de souris adultes déclenche des symptômessymptômes similaires à la schizophrénie, comme l'hyperactivité. Or, en donnant à ces souris un inhibiteur de l'enzyme GSK3B, les troubles disparaissent.

    Il semble donc clair que Disc1, en contrôlant l'activité de GSK3B, régule bien l'équilibre entre le renouvellement des cellules souches neurales et leur transformation en neurones, ce qui à son tour influe sur les circuits nerveux à l'origine de la schizophrénie, au moins dans certains cas.

    C'est une piste de plus pour comprendre la part de l'environnement et de la génétique dans l'apparition de cette maladie, qui touche aussi bien les hommes que les femmes, et pour la mise au point de traitements plus efficaces.