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Cerveau d’un patient souffrant d’Alzheimer observé par TEP (tomographie par émission de positons) © US National Institute on Aging, Alzheimer's Disease Education and Referral Center, administration américaine, DP
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative. C'est la plus fréquente des démences (70 %). En France, le nombre de personnes souffrant de cette pathologie et d'autres démences est estimé entre 750.000 et un million, et devrait atteindre 1,29 à 1,40 million de patients en 2030. La maladie d'Alzheimer est due à une perte de neurones. C'est l'accumulation de certaines protéinesprotéines cérébrales qui est à l'origine des lésions. La pathologie commence par des troubles de la mémoire. Puis viennent des difficultés à s'orienter dans l'espace et le temps, des troubles du comportement et une perte d'autonomieautonomie. Mais ces symptômessymptômes ne sont pas spécifiques de la maladie d'Alzheimer. Et tout l'enjeu est de savoir distinguer cette pathologie d'autres démences, de poser le diagnosticdiagnostic le plus fiable et le plus précoce possible.
En 2005, un groupe international de neurologues, coordonné par Bruno Dubois à l'Inserm, s'est réuni pour redéfinir les critères diagnostiques établis en 1984. Jusqu'alors, il fallait attendre la mort d'un patient pour pouvoir établir avec certitude le diagnostic de maladie d’Alzheimer, après l'examen des lésions dans son cerveaucerveau. Et de son vivant, on ne pouvait évoquer qu'une probabilité de pathologie et seulement à un stade tardif, à partir d'un certain seuil de sévérité de démence.
En 2007, l'équipe internationale a fait voler en éclats ces concepts. Les chercheurs ont introduit de nouveaux critères diagnostiques, en particulier des biomarqueurs. Il s'agit de véritables signatures de la pathologie, présentes dès les premiers symptômes (stade prodromal).
Il faut de nouveaux critères pour les maladies neurodégénératives
La publication de ces résultats a constitué une révolution. Des chercheurs ont compris qu'avec ces nouveaux critères, « 36 % de leurs patients inclus dans un essai thérapeutiqueessai thérapeutique sur la base d'anciens critères cliniques n'avaient pas la maladie d'Alzheimer », rapporte Bruno Dubois. Et même si cette analyse n'a porté que sur un sous-groupe de patients, l'enjeu est important. Des patients n'ont pas reçu le bon traitement ou la bonne prise en charge. Et la mauvaise sélection des patients a peut-être eu un impact sur l'absence d'efficacité du nouveau traitement qui a été observée.
Alois Alzheimer a donné son nom à la maladie. Son travail se poursuit aujourd'hui avec la recherche de critères de diagnostic fiables. © Wikimedia Commons, DP
Depuis 2007, beaucoup d'études ont été publiées. Et le groupe international a décidé d'analyser cette littérature pour rendre plus simple et plus fiable l'algorithme de diagnostic de la maladie d'Alzheimer. « On est au bout du chemin, on arrive à l'essentiel, à quelque chose d'épuré, émanant d'un consensus international », indique le professeur Dubois. Le diagnostic de la maladie d'Alzheimer repose désormais sur « un seul couple de critère clinico-biologique pour tous les stades de la pathologie » (voir au bas de cet article). Dans la revue The Lancet Neurology de juin, les chercheurs sont ainsi parvenus à un diagnostic simplifié avec les critères les plus spécifiques de la maladie.
Cet algorithme plus simple et plus fiable est important, tout d'abord pour la recherche (essais thérapeutiques, caractérisation de la pathologie, suivi de cohortescohortes de patients...). En dehors de la recherche, l'utilisation des biomarqueurs, qui est onéreuse ou invasive, reste pour l'instant limitée aux patients jeunes ou aux cas difficiles ou complexes dans des centres experts.
Le diagnostic de la maladie d'Alzheimer repose la plupart du temps d'abord sur un profil clinique évocateur. Il est ensuite confirmé ou infirmé par un biomarqueur.
Le diagnostic clinique et biologique de la maladie d'Alzheimer
Pour le profil clinique, trois situations existent :
- cas typiques (80 à 85 % de tous les cas): troubles de la mémoire épisodique à long terme (appelés syndromesyndrome amnésique de type hippocampique et correspondant par exemple à la difficulté de se rappeler d'une liste de mots même avec des indices),
- cas atypiques (15 à 20 % des cas): atrophieatrophie de la partie arrière du cortexcortex cérébral ou aphasie logopénique (trouble de la mémoire verbale où le patient répète un mot en inversant les syllabes par exemple) ou atteinte de la partie avant du cerveau (qui donne des troubles du comportement),
- états précliniques: asymptomatiques à risque (patients sans symptôme mais pour lesquels on découvre fortuitement dans le cadre d'études scientifiques qu'ils ont des biomarqueurs positifs) et présymptomatiques (ayant une mutation génétiquegénétique).
L'un des deux biomarqueurs suivants est nécessaire :
- dans le liquide céphalorachidienliquide céphalorachidien (issu d'une ponctionponction lombaire) : teneurs anormales de protéines cérébrales (en baisse pour la protéine bêtabêta amyloïde et en hausse pour la protéine tauprotéine tau)
- dans le cerveau par neuro-imagerie TEP (tomographie par émission de positonstomographie par émission de positons) : rétention élevée du traceur amyloïde.
Un sujet à suivre sur le site de l'Inserm.