Le Covid-19 peut autant provoquer des symptômes légers qu’une détresse respiratoire potentiellement mortelle. Cette variabilité entre les signes cliniques est encore mystérieuse. Des scientifiques s’interrogent sur les facteurs génétiques favorisant ou défavorisant l’infection au coronavirus.


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    Le Covid-19 est une maladie protéiforme qui peut passer totalement inaperçue - près d'un tiers des cas serait asymptomatique - mais qui peut aussi dégénérer en une détresse respiratoire potentiellement mortelle. Si la majorité des patients admis en réanimation sont soit âgés, soit souffrant d'une maladie chronique sous-jacente comme le diabète ou l'hypertensionhypertension, on compte aussi des victimes jeunes sans facteur de comorbidité.

    Les scientifiques ne s'expliquent pas encore cette « sélectivité » du coronavirus, mais la part des facteurs génétiques dans l'apparition et l'évolution des symptômessymptômes du Covid-19 est une voie encore inexplorée.

    « Nous observons de grandes différences dans les signes cliniques mais aussi à travers les pays. À quel point on peut expliquer cela par une prédispositionprédisposition génétique est une question très ouverte », explique Andrea Ganna, généticienne à l'Institut de médecine moléculaire d'Helsinki, à Science.

    Des variations possibles dans le gène ACE2

    Pour élucider ce mystère, les scientifiques souhaitent comparer l'ADNADN de ceux qui ont contracté une forme bénigne du Covid-19 avec ceux qui ont contracté une forme sévère et qui n'avaient aucun facteur de comorbidité. Ces analyses pourraient permettre d'identifier les personnes les plus fragiles face à l'épidémieépidémie.

    Un gènegène intéresse particulièrement les chercheurs, celui qui code pour le récepteur cellulaire : ACE2. Le virusvirus l'utilise comme porteporte d'entrée pour infecter sa cellule hôte. D'éventuelles mutations génétiques dans ce gène pourraient empêcher ou favoriser l'infection du coronavirus. Ce genre de phénomène est déjà connu, notamment dans le cas du VIHVIH. Certaines personnes sont naturellement réfractaires à l'infection grâce à une mutation du gène codant pour CCR5, le récepteur présent à la surface des globules blancsglobules blancs qui sert de porte d'entrée au rétrovirusrétrovirus.

    Sur cette illustration en 3D, la protéine S (en rouge) du coronavirus reconnaît le récepteur ACE2 (en bleu) de la cellule. © Juan Gaertner, Shutterstock
    Sur cette illustration en 3D, la protéine S (en rouge) du coronavirus reconnaît le récepteur ACE2 (en bleu) de la cellule. © Juan Gaertner, Shutterstock

    Des projets pour collecter des données

    Pour récolter suffisamment de données génétiques, les projets se multiplient. Par exemple, deux scientifiques ont lancé le projet COVID-19 Host Genetics Initative et espèrent centraliser les données recueillies dans des études qui étudient le lien entre l'ADN et la santé. Plusieurs biobanques ont manifesté leur intérêt, essentiellement en Europe.

    Une autre initiative va chercher les données directement auprès des patients hospitalisés à cause du Covid-19. En Italie, onze hôpitaux ont donné leur accord pour effectuer des prélèvements d'ADN sur des patients, avec leur autorisation. Avec le nombre d'infectés qui ne fait que, malheureusement, croître, le nombre de données devrait rapidement augmenter et permettre d'identifier des gènes potentiels dans quelques mois. Difficile de prédire les résultats de cette chasse génétique mais les scientifiques espèrent identifier des gènes qui favorisent ou protègent de la maladie et donc les personnes les plus à risque.